Grâce aux familles Oppenheimer et Hirschler, nous
avons pu numériser un grand nombre des numéros de Kadimah.
Ces revues traitent de sujet d’ordre général (historique, philosophique, et d’actualité) ainsi que de la vie de la communauté. Même les publicités qu’on y trouve peuvent parfois apporter des informations sur la vie juive de Mulhouse, telle que cette annonce du restaurant Ivria, ayant existé dans les années 30, sous la surveillance du rabbin Hirschler lui-même. Nul doute que vous prendrez intérêt à feuilleter ces numéros inédits. Même si cette revue n’a paru que pendant cinq ans, la richesse de son contenu qui était appréciée bien au-delà de la région, justifie la mise en ligne de ces numéros, et constitue un document historique essentiel pour connaître le judaïsme d’avant-guerre en Alsace. Notre moteur de recherche vous permettra de parcourir chaque numéro intégralement en recherchant sa date, ou de vous concentrer sur un auteur ou un thème particulier. Merci à Georges Weil d’avoir mis ces revues en ligne. |
C'est pourquoi René Hirschler ressent le besoin d'un bulletin de liaison qui rende compte de cette pluralité. Il décide de créér Kadimah ("en avant"), une publication qui s'adresse à tous les milieux et tout spécialement à la jeunesse. Le numéro 1 paraît le 19 septembre 1930. Voici son premier éditorial :
Rabbi Tarphon disait : Tu n'es pas forcé d'achever la tâche
que lu as entreprise, tu n'es pas non plus libre de l'abandonner.
Traité des Principes II. 16 A nos Lecteurs ! Le judaïsme dans le monde entier est en pleine renaissance. De tous côtés, nous parviennent des échos puissants d'un travail, d'un effort toujours plus accentués, preuves d'un judaïsme vivant. Dans la grande famille juive universelle la communauté israélite de Mulhouse est un membre. Serait-elle indifférente à ce mouvement de réveil ? N'y aurait-il pas en elle, des énergies, des forces, des volontés, capables d'accroître encore sa vitalité ? Il suffit de voir ce qui se passe déjà, chez nous, pour être sûr du contraire. Depuis quelques années, entraînée elle-même dans ce mouvement EN AVANT du judaïsme entier, elle s'est mise à l'œuvre. Ses institutions de solidarité se sont développées, sa jeunesse s'est groupée. Chacun, selon sa formule, travaille pour le bien du Judaïsme. Cela suffit-il ? Non ! Il faut, entre ces activités diverses, une cohésion constante ! Il faut que chacun des israélites de notre ville, sache ce qui se fait, chez nous, ce qui peut se faire et ce qui doit se faire ! Il faut, autour des noyaux déjà existants, rallier ceux qui sont encore à l'écart ! Il y a, parmi nous, des hommes de bonne volonté, des juifs conscients de leurs devoirs. Il y a aussi des indifférents qui ne demandent peut-être qu'un signe pour se mettre en mouvement. Il y a des ignorants qui ont soif d'instruction. Pour répondre à toutes ces nécessités - vitales pour nous ! - un organe nous a paru utile : organe d'information locale, organe d'enseignement pratique, organe de solidarité. Le voici! A vous tous, membres de la communauté israélite de Mulhouse, ce bulletin sera adressé tous les quinze jours. Nous ne vous demandons aucun sacrifice matériel. Lisez nous seulement. Aidez-nous de votre cœur et de votre âme ! Vivez avec nous, dans le sein d'un judaïsme vivant, pour aller toujours DE L'AVANT. .KADIMAH ! DE L'AVANT, tel est notre mot d'ordre ! Voici venu le commencement de l'année juive. Que ce soit pour nous tous, le commencement d'un nouvel effort Que Dieu nous inscrive dans le Livre de la Vie ! La Rédaction.
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Par la suite, le bulletin devient une véritable revue de pensée
juive, dans lequel le rabbin écrit des articles non signés mais
très fouillés : des éditoriaux et des rubriques intitulées,
Notre vie religieuse, ou Sagesse d'Israël . Il signe
parfois aussi du nom de Samson. Il adopte alors comme sous-titre :
"Bulletin bimensuel pour les communautés israélites
de Mulhouse et du Haut-Rhin, conçu et dirigé par une équipe
de volontaires avec l'aide généreuse d'écrivains et d'artistes
juifs éminents".
En effet, il fait appel à des collaborateurs de renom tels que Tristan
Bernard, Pierre
Paraf, André
Spire, et Juliette Lévy, ou encore les rabbins comme Joseph
Bloch et Léon Berman, ; ainsi que le docteur
Ernest Meyer, qui anime le mouvement orthodoxe à Mulhouse.
On trouve par exemple, des pages d'histoire sur Le judaïsme de la
destruction du Temple à la révolte de 117 ou Quelques
médecins juifs au moyen âge.
Kadimah donne aussi des nouvelles de Yishouv (l'implantation
juive) de Palestine et des informations sur les communautés juives
en détresse, par exemple celle du Yemen, avec des appels aux dons.
On peut lire dans la plupart des livraisons un Hàkel Pàkel
(Pêle-mêle) : une rubrique humoristique en dialecte
judéo-alsacien, rédigée par Josy Meyer.
L'audience de la publication franchit les limites de l'Alsace, et en juin 1932, son sous-titre devient "Revue pour la Vie et la Défense du Judaïsme". C'est alors que le rabbin Hirschler commence à se faire connaître au-delà de sa communauté.
René Hirschler est assisté dans cette entreprise par une jeune fille, Simone Lévy, qui dirige la rubrique Le coin de nos jeunes, où elle écrit des des contes pour enfants qu'elle signe "Grande Soeur". Ils vont bientôt se fiancer et se marieront en 1933.
Kadimah cesse de paraître en 1935. Sans nul doute Simone,
qui va devenir mère de trois enfants, n'a plus la disponibilité
pour s'occuper de la revue, d'autant plus qu'elle est absorbée également
par ses tâches de rabbine : aide sociale, participation à plusieurs
comités d'entraide ou réunions culturelles...
Quant à son époux, il est de plus en plus engagé dans
les projets communautaires, mais pour autant il ne cesse pas d'écrire.
Il va rédiger une Histoire
des Juifs à Mulhouse. Il et entreprend même une Histoire
des Juifs de France, projet qu'il ne pourra mener à son terme.
Il collabore également à l'Univers israélite,
revue d'audience nationale et même internationale. Il donne de nombreuses
conférences en Alsace, en Lorraine, à Bruxelles, et même
à la radio.
Malgré sa brève existence, Kadimah reste un bulletin très précieux pour nous aujourd'hui parce qu'il nous fournit une image fidèle de la vie communautaire mulhousienne à cette époque,
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