A la mémoire de
Messieurs BLOCH (1),
FISER, morts en déportation
du rabbin O. WALLACH, Professeurs,
de Jean-Jacques SAMUEL, mort pour qu'Israël vive
Les élèves du PSIL en 1943 : 3 ème à gauche, Edgard Weill |
Une classe du PSIL en 1942 : 2ème à droite, Benno Gross coll. © Max Warschawski. |
Bref, c'était une gageure d'enseigner dans de pareilles conditions et le directeur, le rabbin DEUTSCH, tenait au plus fort de ses préoccupations (nous étions au printemps 1943) à ce que certains cours se fassent chez lui. Qui est-ce qui ne se souvient pas de Mademoiselle RIBIERE (2) qui nous donnait des cours de philo entre deux expéditions clandestines ?
Cet aspect déjà saisissant par sa volonté d'embrasser tous les domaines de la culture qui se posent à un Juif conscient n'est pas suffisant pour décrire le PSIL.
Le PSIL était toute vie spirituelle, vie intérieure. C'est ce qui se manifestait dans son internat du 5 de l'impasse Casimir-Panson, L'installation y était de fortune. Les élèves y étaient entassés en dépit du bon-sens.
Tout ce monde vivait. La grande préoccupation était l'organisation de l'office. Et nous assistions à ces déploiements ingénieux de vocalises par les plus jeunes des élèves, et leur organisation administrative ; il y avait un parness de semaine comme dans une grande Choule. Certains de nos coreligionnaires habitant à proximité n’hésitaient pas à s’associer à cet office de jeunes. Les élèves du PSIL exerçaient toutes les fonctions cultuelles. Cette petite maison à la grille branlante était le véritable refuge d'Israël poursuivi par la bête.
Peut-on oublier ces fins de Sabbat, où dans la cour de la villa, quelques jeunes assis en rond autour d'un ancien s'adonnaient en psalmodiant à l'étude des "PIRKE AVOTH". S’il vous arrivait d’y pénétrer à ce moment-là, vous vous sentiez comme revêtus de cette âme supplémentaire dont parlent nos Docteurs. Cette "âme supplémentaire" restait en veilleuse toute la semaine pour s'éveiller le jour du Saint Repos. Il y eut une fois une brouille entre deux séminaristes fortement liés d'amitié et l'un d'eux déroba à l'autre un quignon de pain, chose précieuse en ce temps de misère. La raison de brouille ne fut pas la question matérielle, mais la forme du délit : "Tu aurais pu me le demander, je te l'aurais donné".
Et l'on peut accorder foi aux dires de ce jeune hidalgo.
Cette communauté, cette équipe devait donner naissance à un journal aussi éphémère que le PSIL lui-même, l'Etincelle (Sherir) où les élèves et même leurs maîtres donnèrent libre cours à leur inspiration.
Je ne sais quel sociologue définit d'aristocratie la couche sociale qui prend en charge les responsabilités du groupe dont ils font partie.
Il n'y a pas de définition plus adéquate des anciens élèves du P.S.I.L. et de leurs maîtres, disséminés en France et en Israël.
A la lumière de l'expérience, ces jeunes chefs prennent figure de condottieri de l'entreprise la plus risquée qui soit : la Renaissance d'Israël (3).
Le PSIL a payé sa dîme à la Bête nazie, l'impôt du sang lors de la guerre d'indépendance d'Israël. Ses anciens tant professeurs qu'élèves sont partout sur la brèche, Il serait bon que l’on perpétue sa mémoire et que l’on rende immortelle cette gageure d’être juif pleinement aux temps de la Bête.
Les notes sont de la Rédaction du site