Ensuite, l'organisation grandit aux États-Unis, puis s'étend dans le monde entier.Le B'nai B'rith est
devenu un mouvement international, réunissant des Juifs de toutes origines pour servir leurs
communautésen se conformant à sa devise : "Bienfaisance, Amour fraternel, Harmonie".

Le B'nai B'rith est exclusivement réservé aux Juifs et il est actif dans une cinquantaine de pays.Il s'est
donné pour mission du est de travailler en toute amitié, améliorer l'harmonie des communautés et les
renforcer, combattre l'intolérance raciale et religieuse et apporter de l'aide aux malheureux.

Le B'nai B'rith est calqué sur les ordres des Francs-Maçons, mais il ne s'agit pas d'une obédience
maçonnique, même s'il leur emprunte sa terminologie. Le Dictionnaire de la franc-maçonnerie (1932)
indique : "L'Ordre [du B'nai B'rith] est apolitique et n'a rien d'autre de commun avec la franc-maçonnerie
que des tendances de l'éducation éthique de ses membres et de la bienfaisance, du même type, mais
limitées à un cercle fraternel".

En 1868, le B'nai B'rith mène son premier projet international de soutien aux communautés juives d'Afrique
du nord et du Moyen-Orient en apportant une aide financière à l'Alliance Israélite Universelle. En 1888,
une loge est fondée à Jérusalem ; c'est la première organisation de langue hébraïque en Palestine. Les
premières loges francophones naissent donc dans les pays où l'Alliance est présente : en Turquie, en
Syrie, en Palestine etc.

Curieusement, le B'nai B'rith ne s'implantera en France qu'en 1932. La même année, une loge est fondée à Mulhouse, à l'initiative de Maître Paul Jacob (elle porte aujourd'hui le nom de Loge Paul Jacob). Celle-ci
réunit les notables juifs de la ville et intervient dans la vie communautaire. Par exemple, ce sont ses membres
qui font éditer la brochure du rabbin Hirschler, Les Juifs à Mulhouse. C'est pourquoi, même s'ils ne
s'inscrivent pas dans une pratique religieuse traditionnelle, ils sont bien considérés par les Juifs de la ville.

Le facsimilé que nous présentons retrace la formation de la loge de Mulhouse, de 1932 à 1937.

Il s'agit à l'époque d'une organisation "secrète" : sa fondation, ses activités et le nom de ses membres ne
sont pas publiés dans les journaux de la communauté ; on n'en trouve pas trace dans Kadimah. Et
pourtant les membres du B'nai B'rith se connaissent bien par ailleurs, et se retrouvent dans d'autre
cadres : à la synagogue, dans les organisations de bienfaisance, dans les mouvements de jeunesse…
Il semble que cette discrétion ait avant tout pour but d'éviter de prêter le flanc à l'antisémitisme, qui aurait
beau jeu de répandre des calomnies sur une organisation juive internationale, comme nous le rappelle le
tristement célèbre Protocole des Sages de Sion… Il est possible également que dans la mesure où il s'agit
d'un groupe de notables, ils ne tiennent pas à faire savoir leur appartenance à cet Ordre, pour ne pas
éveiller la jalousie du reste de la population juive de la ville.