 |
Cette cour intérieure, existant depuis que la construction de la nouvelle synagogue séfarade Rambam est achevée, a en effet été baptisée "Square Edgar ROTH", du nom de celui qui fut un prestigieux administrateur de la Communauté de 1946 à 1969.
Edgar ROTH a été un membre actif de la commission de la reconstruction de la Synagogue. Il a en outre participé à la création de la chorale qui deviendra par la suite célèbre sous le nom de "Chorale du Chant Sacré". Enfin, il a largement contribué, par son sens inné de l’organisation, au bon déroulement de nombreuses cérémonies dont les plus marquantes ont été les suivantes :
| 1951 | Inauguration du Mémorial des Déportés au cimetière de Cronenbourg |
| 1954 | Pose de la première pierre à l’occasion du début des travaux de construction de la nouvelle synagogue |
| 1957 | Plantation de l’ "Arbre de la Paix ", à l’emplacement du square actuel, pour symboliser l’état d’esprit dans lequel se construisait le nouvel édifice |
| 1957 | Visite de René Coty, Président de la République |
| 1958 | Consécration de la nouvelle synagogue |
| 1964 | Visite du Général De Gaulle, Président de la République |
Né en 1903 à Wolfisheim et ayant perdu ses parents et son frère à Auschwitz en 1944, il a participé avec une émotion profonde, en 1977, à la la cérémonie organisée au "Mémorial des Déportés" de cette commune où il sera lui-même enterré en 1981.
Monsieur René Gutman, grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, a évoqué chaleureusement ce parcours exemplaire et a remercié Messieurs Jean-Pierre et Bemard Roth pour leur action si efficace entreprise au nom de la mémoire de leur regretté père. De nombreuses personnalités avaient tenu à assister au dévoilement de la plaque commémorative et notamment Monsieur Jean Kahn, président du Consistoire central et du Consistoire Israélite du Bas-Rhin ainsi que Francis Lévy, Président de la Communauté Israélite de Strasbourg.
Messieurs Les Grand Rabbins et Rabbins,
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
J'ai racheté à mon frère le droit d'aînesse, afin d'avoir le droit de vous parler.
Cela m'a coûté un plat de poisson, puisqu'il n'y a pas de lentilles au menu de ce soir. Mais je parlerai bien en notre nom à tous deux.
Et cela m'aurait fait plaisir que mon premier petit-fils.... Edgar, soit présent ce soir, tant il a la langue bien pendue. Mais il est déjà couché.
Que pourrais-je répondre aux personnes qui, comme à Pessah, me poseraient devant cette plaque LA question : " POURQUOI ? "
Pourquoi ICI ? Pourquoi CETTE plaque si proche de cette imposante Synagogue ? OUI, pourquoi ?
- à l' enfant qui joue ici , et qui me demanderait : "qui était ce Monsieur ?"
je répondrai : "c'est un Monsieur qui a beaucoup aidé à construire cette grande Maison". - à l'adolescent qui passe : "qui fut Monsieur ROTH ?"
je répondrai : "ce fut un Monsieur qui tint à honorer ainsi la mémoire de ses parents et de son frère , déportés à Auschwitz". - aux passants qui demandent : "qui était cet inconnu ?"
je répondrai que cet homme consacra presque un quart de siècle de sa vie à reconstruire la Synagogue et la Communauté Israélite (indépendamment de la Société familiale de négoce de bois qu'il dut en même temps remonter). -
à l'architecte qui visite cette Synagogue, et qui demandera : " pourquoi tant de bois ?"
je répondrai : "c'était un négociant en bois, amoureux des essences nobles, appréciant l'absence d'entretien . Et qui revendit ces bois à un prix très avantageux pour la Communauté" :
- la grande nef : Doussiedu Cameroun
- le lambrissage des balcons : Iroko de Côte d'Ivoire
- la grande porte accordéon : Pin d'Oregon de la Côte Ouest des Etats-Unis
- la porte monumentale : Mansonia du Congo
- les murs du Merkaz : Avodiré moiré du Zaire - au fidèle qui s'interroge : "cet homme était-il pieux ?"
je répondrai : "il n'était ni orthodoxe, ni détaché".
Il était pratiquant, dans une tradition familiale, étant le fils du Parnass de Wolfisheim
Il tint à honorer le 5ème commandement : "tu honoreras ton père et ta mère"
Auquel j'ajoute le commentaire de Rachi sur la maison de Jacob : " Et Moïse demanda aux enfants : serez-vous les garants de vos pères devant l'Eternel ? Ils répondirent : nous le serons " - aux Administrateur et membres du Consistoire : "alors pourquoi ne fut-il pas Parness (président) ?"
je répondrai : "il ne s'en estimait pas digne, et avait décliné à maintes reprises l'honneur qu'on voulait lui faire". - à nos Sages je dirai : "je n'ose répondre à la question …. que vous ne m'avez pas encore posée !"
Alors, je l'invente pour vous :
Eux : "est-ce qu'il se levait tôt ?"
Moi : "oui, il partait tous les matins vers 6.30 au bureau"
Mais pourquoi cette question ?
Eux : "attends ! Son nom hébraique ?"
Moi : "Josef ben Avrom"
Eux : "alors voilà l"explication : ton Père l'a appris de son propre père : "Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt" - "Zerizim makdimim lamitsva" : les zélés précèdent la mitsva. - à nos enfants et petit-enfants : ce fut un papa merveilleux, un papi adorable, hélas trop peu de temps. Et pour moi, pendant 22 ans, un patron exemplaire, qui m'a enseigné la ténacité et le dynamisme.
 |
Chers amis,
MERCI à vous tous qui honorez ce soir la mémoire de mon Père za"l :
Salomon Lévy, par ton discours
Gérard Kauffmann avec tes anecdotes,
Président Félix Lévy qui forma avec le Président Ehrlich et mon papa le trio de bulldozers qui renversa tout sur son passage.
Au Président Francis Lévy, qui, en initiant cette cérémonie, a rendu hommage à une personne qu'il a peu connue.
À la Communauté : Monsieur Dayan, Perl et Odette, qui en étant les chevilles ouvrières, ne sont pas tombé à côté... de la plaque ;
Et cela me rapppelle le temps où mon frère Jean-Pierre aidait notre papa à organiser les grands évènements que furent la visite du Président de la République René Coty, puis celle du Général de Gaulle , puis l'organisation de l'inauguration officielle, puis la visite de Golda Meir
Monsieur le Grand Rabbin,
Merci pour la profondeur de vos paroles et l'élévation de vos pensées
Merci cher Collègue d'Elisa.
Et j'ose vous soumettre deux pensées :
Ce soir c'est le premier soir de Hanouka., fête de la re-consécration de la Synagogue, je pense aussi à la Hakarath Hatov = la reconnaissance que l'on se doit d'éprouver envers une personne qui nous a fait du bien.
Tout homme vivant en Société espère, consciemment ou non, que ses mérites seront reconnus et récompensés. Seule la reconnaisance envers les personnes véritablement désintéressées est considérée comme Hessed chel emeth = bienfait de vérité.
Et enfin,
MERCI à vous , Monsieur le Président des Consistoires : Central et du Bas-Rhin pour votre présence parmi nous tous ce soir, pour la chaleur de vos paroles.
Mon cher Jean,
Merci pour ton émotion communicative.
Quel plus bel hommage posthume que de recevoir celui d'un homme aussi prestigieux que toi
Tu suis, comme moi, l'exemple et les valeurs que t'as inculquées ton Père.
Leur mémoire guide nos pas. Et si moi je coure beaucoup, toi tu me ….dépasses quand même. Et de loin !
D'ailleurs, le jour venu, dans 120 ans, un simple square , pour toi, ne sera pas suffisant.
Il te faudra : une avenue, ou un parc, ou ... un stade ou un monument : une Cathédrale ! .Que dis-je ? Une Synagogue !!
Déjà la Côte d'Azur t'honore, avec ..... le Festival de .... Kahn ....
Ton action universelle me fait d'ailleurs penser à la célèbre allégorie des tailleurs de pierres : Sur le chantier d'un bâtiment ... en construction , un passant s'adresse à trois ouvriers , et leur demande " que faites-vous là ? "
Le premier répond tristement : "moi, je taille des pierres" .
Le deuxième , les yeux baissés : " je gagne ma vie "
Et le troisième , avec un sourire éclatant : moi, je construis un édifice à la Gloire du Tout-Puissant ! "
Ce troisième ouvrier, c'est bien toi, mon cher Jean. Et, dans une moindre mesure, ce fut mon père, que sa mémoire soit bénie .
Aujourd'hui, Toi, et sous ton impulsion, le Consistoire et la Communauté, vous avez agrandi et rénové.
Car toute création est en permanence à recréer
Dans la mythologie grecque les pierres renaissent grâce au souffle qui les parcoure.
Ce soir, un Cohen, et un Lévy ont rendu hommage à un homme de la tribu d'Israel.
Que souffle donc sur cette Synagogue et sur le square Edgar ROTH l'esprit qui y a été apporté par vous tous aujourd'hui, et l'âme que mon père y laissa jadis.
Merci à toutes et tous,
Au nom de toute la Famille d' Edgar ROTH , za"l :
Bernard ROTH
 |
 |
 |
