Le document le plus ancien que nous connaissions, signalant l'existence de juifs à Balbronn, date de 1665. Il autorise quelques familles juives à s'installer dans la localité. Leur nombre restreint ne permettait pas de constituer une communauté, et les juifs de Balbronn dépendaient de Westhoffen, tant pour le cimetière que pour les charges fiscales - capitution entre autres - pour lesquelles ils étaient imposés sur le rôle de cette communauté. Balbronn se jugeant lésée dans ses revenus, un procès opposa en 1700 la municipalité à la juiverie, représentée par Lippmann, préposé de la communauté de Westhoffen.
La population juive se multiplia au cours du 18ème siècle. Un règlement fixa en 1745 les impositions des juifs de Balbronn à une somme forfaitaire de 150 livres par an. Les juifs ne pouvant posséder de biens fonds en dehors des maisons qu'ils habitaient, le fait aussi qu'ils étaient exclus des professions agricoles, seul le forfait permettait de les taxer. Ils étaient, en échange, dispensés de toutes les charges communales imposées aux chrétiens, et jouissaient comme les autres villageois des droits au pâturage communal.
En 1786, le nombre des familles juives avait passé de 16 à 33, comprenant 170 âmes (dénombrement de 1784). De nouveaux immeubles avaient été acquis afin de les loger. La commune prétendit obliger les juifs à acquitter - en plus de leurs impôts d'exception - les charges sur les maisons achetées à des chrétiens, le changement des propriétaires causant une perte sensible à la municipalité. Il semble que le procès intenté à ce sujet trouva sa conclusion lors de la Révolution qui, accordant aux juifs les droits civiques, fit disparaître la législation particulière.
Pendant la Terreur, quelques familles juives craignant des troubles quittèrent Balbronn, peut-être temporairement, afin de chercher un asile derrière les murs de la ville de Strasbourg.
Si nous ignorons la situation économique de la Communauté de Balbronn, quelques documents permettent d'affirmer que certaines familles y vivaient dans l'opulence. Parmi les préposés juifs d'avant la Révolution, se trouvait Samuel Zanwill Lévy, qui, ainsi que son fils Macholem, avaient quitté leur village pour Strasbourg.
Il n'est pas question jusqu'au 19ème siècle d'une synagogue publique. Ceci amène l'auteur d'une histoire de Strasbourg à affirmer, nous espérons avoir prouvé le contraire, que la communauté se serait constituée seulement dans la seconde moitié du siècle dernier.
Le fait subsiste que la synagogue actuelle date de cette époque. La Communauté comptait à ce moment-là 45 familles. L'école israélite avait été créée et devait fonctionner jusqu'en 1925. La population de la Communauté passa de 170 personnes en 1784, à 202 en 1849, et 178 en 1851, puis 184 en 1865. Elle n'atteignit plus que 62 en 1936. La déportation de 15 membres et plusieurs décès l'ont réduite aujourd'hui à 5 familles.
Notons encore que MM. Salomon Weill et Isaac Strauss ont été
successivement présidents de la Communauté avant 1939.
Actuellement [1955] M. Ernest Weill préside aux destinées des
quelques familles restantes.
Il n'y avait pas de cimetière juif à Balbronn. Les défunts
étaient enterrés au cimetière
de Westhoffen (n.d.l.r.)
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