Le Verger ; septembre 2017 ; broché 352 p. ; ISBN 978-2-84574-212-3 ; 12 € -
Le 14 février 1349, Strasbourg qui voit approcher la grande peste, accuse les Juifs, saccage leur quartier et les brûle sur un immense bûcher. Seize ans plus tard, un des meneurs de ce massacre, un boucher, est assassiné. Trois autres meurtres se succèdent dans la ville. Les vieilles passions se réveillent, fouettées par la peur des uns, la haine des autres. Et un jeune homme part en quête de ses origines…
Strasbourg, 1365. Une série de meurtres secoue la ville. L’enquête du prévôt va remuer les souvenirs douloureux du pogrom mené contre les Juifs seize ans plus tôt.
Assiste-t-on à une vengeance ourdie par d’hypothétiques survivants du massacre de tout le quartier juif au moment de la grande peste ?
Ou utilise-t-on les fantômes du passé pour éliminer certains bourgeois de la ville ?
Le roman de Janine Elkouby est à la fois une fresque historique puissante, un portrait sanglant des pires bassesses humaines et une réflexion sur l’identité.
L'Harmattan ; coll. Religions & Spiritualité ; avril 2017 ; broché 170 p. ; ISBN 978-2-343-11990-8 ; 18 € - téléchargeable en PDF : 13,99 €
Préface de Victor Malka
Le monde du Talmud, ce monument de la littérature juive, est, à une écrasante majorité, un monde d’hommes, celui des Rabbins et des Sages qui questionnent inlassablement le texte biblique afin de fixer la loi et qui, par-dessus les siècles, discutent et polémiquent, faisant émerger une pluralité de significations qui jamais n’épuisent le sens du texte.
Au cœur de ce monde d’hommes, apparaissent cependant, évoquées au fil des textes, une galerie de figures féminines variées, souvent hautes en couleur, passionnantes, qui ouvrent des pistes de lectures et d’interprétation inédites et inattendues.
Dans les Chroniques talmudiques au féminin, Janine Elkouby choisit d’engager le dialogue avec des femmes issues d’un lointain passé. À partir des textes talmudiques, qu’elle traduit au début de chaque chapitre, elle tente de reconstituer le monde de ces femmes, les idées et les mœurs qui avaient cours à leur époque, leurs sentiments, leurs réactions, leurs peines et leurs joies, leur relation avec leur mari et leurs enfants, leur place dans la famille et dans la société, leur vie religieuse et spirituelle, leur rapport au monde des hommes et à la maison d’étude. Les vingt femmes avec lesquelles elle a choisi de dialoguer ont vécu les unes en Galilée, les autres à Babel, entre le premier et le quatrième siècle de l’ère chrétienne. Tentant de s’identifier à chacune d’entre elles, elle fait appel aux ressources combinées de la documentation historique et de l’imagination.
Table des matières :
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Le
Verger Editeur ; série Littérature ; septembre
2012 ; broché 632 p. ; ISBN 978-2-84574-130-0 ; 24,90 €
Cet ouvrage a été courroné par le prix WIZO Marseille en juin 2013, et par le prix de la Société des Ecrivains d'Alsace et de Lorraine (SEAL) en octobre 2013.
"J'ai envie de parler de toi, maman. Je repousse ce moment depuis six semaines, ce moment de me retrouver face à toi, depuis six semaines que tu nous es morte, maman, ce chabbat, à l'hôpital, chambre 16. Et voilà que les larmes viennent. Je m'étonnais d'être presque toujours si normale, si insensible, si semblable à moi-même. Je me disais chaque jour : maman est morte, et j'écoutais vainement, je tentais, sans résultat, sèche et vide, de saisir l 'écho de ces mots banals, dans mon cœur et ma tête. Rien. Du vide. Effet zéro. "
À la mort de sa mère, une femme évoque les souvenirs de sa famille. Trois générations de femmes juives, nées à trois époques si différentes. Trois mères. Trois filles.
Leur histoire commence dans les communautés juives rurales d'Alsace, où règnent paix et entente avec les autres habitants. Elle se poursuit dans l'horreur de la deuxième guerre mondiale pour s'achever aujourd'hui dans la grisaille et les lumières de nos villes.
La vie de ces trois femmes, l'histoire de leurs amours et de leurs relations de mères et de filles est une histoire d'hommes absents ou occupés, de conflits entre la tradition et le temps qui passe… Trois façons d'être femme et d'aimer.
Et par dessus tout la difficulté qu'il y a à se comprendre.
D'évidence, vous ne voulez pas être une féministe qui réhabiliterait Landru !
Votre vision féministe se manifeste notamment dans cet ouvrage Trois femmes et un siècle qui reçoit aujourd'hui le prix de la Société des Ecrivains d'Alsace, de Lorraine et du territoire de Belfort. Il est divisé en trois histoires successives. Le trait d'union qui relie ces pages est, à mon sens, une intense recherche de la compréhension de la vie dans laquelle la quasi absence d'hommes symbolise l'exigence d'une lucidité. Cette dernière s'appréhende pour Janine Elkouby dans une double dimension conflictuelle, d'une part dans les relations de mères et de filles, et d'autre part dans les conflits entre la tradition et le temps qui coule.
Dénoncer une certaine falsification. Démasquer le mensonge empoussiéré dans le temps. Se dépouiller de la quincaillerie des idées trompeuses imposées par les hommes et les traditions. Cette attitude vous amène à faire vivre au lecteur de votre roman l'expérience bouleversante d'une révélation qui se fera jour au fil des pages. Encore que, volontairement, alors que le destin de vos deux premières héroïnes, Camille et Aliza, soit clos par la mort, Caroline demeure face à ses questions.
Je cite un extrait de dialogue qui m'a marqué : " -Vous les hommes... /-Je ne suis pas les hommes et tu n'es pas les femmes !/-Vous ne pouvez pas comprendre.../-Encore ! Je suis moi, un point, c'est tout!/- Vous ne pouvez pas comprendre ce que c'est, de se sentir hors du monde, objet de la parole des hommes et jamais sujet de notre propre parole !/-Il me semble pourtant que les choses sont en train de changer./-Ce sont toujours les hommes qui décident pour les femmes, qui parlent en leur nom ! "
Quand on demandait à Françoise Sagan à quoi on reconnaît un écrivain, un vrai, elle répondait sans hésitation : " Il faut qu'on entende une voix ". Madame Elkouby : en lisant votre livre, j'ai d'emblée entendu votre voix. Votre roman soulève des problèmes d'une société en manque de repères, tout en construisant une bonne intrigue, qui maintient la tension jusqu'au bout. Ce roman est le récit d'une double tension tragique, familiale et religieuse. Le lecteur est vite happé dans ce récit tournant, retournant et analysant toutes les facettes d'une histoire de femmes. Acceptant de se pencher sur votre passé familial, vous égrenez des souvenirs avec des mots toujours justes. Prisonnière de votre vie et du tumulte de la société ainsi que par les lourdes exigences de la religion, vous réalisez combien la vie est devenue étriquée et l'ouverture au monde moderne inexistante. Votre texte est d'une grande virtuosité. Jouant avec les mots, imbriquant les époques, vous n'hésitez pas à prendre des risques, à les assumez et, permettez-moi de vous le dire, vous avez bien raison dans cette époque du politiquement correct qui frise l'autocensure devenue une véritable camisole juridique et muselière sociétale. Personne n'aboie plus. Il n'y a plus de danger, disent les imbéciles ! Votre style direct et vos mots percutants même en tendresse vous évitent d'être ainsi bunkerisée.
Par exemple quand vous dites : "Je suis fâchée contre Dieu. J'ai hésité à écrire cette phrase. J'ai mis longtemps à le penser....chacun sait que Dieu n'a pas de corps. J'écris et je m'avise que ce Dieu a quelque chose d'Amélie, ma grand-mère, son côté punisseur, son immobilité, sa rigidité."
Et ce que j'admire chez les écrivains comme vous, madame Elkouby, c'est que vous n'hésitez pas à monter à l'assaut des idées convenues, sans être dupe des angles morts de cette obsession du passé, mais pour lever les ambiguïtés et atteindre cette vérité qui vous obsède tout au long de ces pages.
Votre écriture est fluide, souple : une phrase courte peut emmener très, très loin, parfois jusqu'à l'obsession avec des personnages s'appuyant sur un solide socle de vraie vie. Et le lecteur se laisse emporter par le tourbillon de la vie de ces femmes dans un univers passionnant. Avec cet éclairage civilisationnel où la religion s'imbrique à l'intime, ce roman nous offre une vue de l'intérieur en quelque sorte. Vous narrez avec votre ton délicat et parfois dramatique d'absurdité le dilemme des gens condamnés à s'étioler dans l'ombre d'une religion parfois trop haute pour eux. C'est un spectaculaire décrypteur de l'âme juive en tirant un portrait très fin de femmes d'hier et d'aujourd'hui. Madame Elkouby, vous signez ainsi un roman sous haute tension. Alors que tant d'écrivains avancent masqués, vous êtes transparente. Dans votre sillage, le brouillard, auquel la vie ressemble à son voile religieux, parfois s'estompe et le monde se fait plus limpide. Vous observez et analysez les comportements de ces trois femmes qui se succèdent dans le temps.
Je cite le final de votre livre : "Je ne regrette rien. J'ai fait ce que j'ai pu. J'ai lutté contre moi-même jusqu'à en devenir presque folle. J'ai tenté de repousser la fameuse fauteuse de troubles, l'empêcheuse de tourner en rond, mais au prix du mensonge, édifiant un décor de carton-pâte qui ne pouvait que s'effondrer tôt ou tard. J'ai dû me rendre à l'évidence. Entériner mon échec à faire semblant. M'accepter. Répudier les déguisements. Et assumer ma solitude."
En conclusion et au risque de me tromper, je me suis imaginé en cours de lecture que vous preniez un plaisir croissant à changer d'apparence pour vivre trois vies autres que la vôtre. Vous avez creusé un sillon forcément autobiographique, avec la présence entêtante des êtres que vous avez aimés. Vous démontrez ainsi que la vie n'est jamais linéaire, car elle porte toujours tous ses moments avec elle. Une certaine addiction en quelque sorte conduisant directement au Portrait de Dorian Gray dès que la dimension moralisatrice de la religion apparaît. Je veux aussi préciser qu'il ne s'agit surtout pas d'une critique destructrice de la religion juive mais d'une quête d'adaptation à la modernité. A preuve que je vais me permettre de comparer vos trois héroïnes à Sarah, Marie et Hagar, ces trois femmes centrales des trois livres monothéistes que sont la Torah, le Nouveau Testament et le Coran.
Madame Elkouby, votre roman est une véritable découverte littéraire parce que vous avez su écrire un roman intime tout en évitant l'écueil de l'autofiction. Avec votre cœur mis ainsi à vif, vous avez fait mouche. Votre roman déferle comme une lame de fond qui emporte le lecteur dans un tourbillon littéraire qui brise beaucoup de certitudes jusqu'au mot "fin" qu'on lit avec regret. Deux mots pour résumer votre roman : vivre libre !
Albin
Michel ; série Spiritualité ; 2 septembre 2013
; broché 206 p. ; EAN13 : 9782226249562 ; 17 €
D'Ève à Myriam en passant par Sarah, Rebécca ou Ruth, c'est aux héroïnes bibliques que Janine Elkouby donne la parole dans ces chroniques aussi érudites que poétiques. Mariant subtilement tradition et modernité, exégèse et sensibilité, elle offre une relecture passionnante des grands épisodes de la Bible.
Les variations apportées au récit ne sont pas le fruit d'une imagination romanesque mais trouvent au contraire leur origine dans les commentaires du Midrach ou du Talmud. À la croisée de la littérature et de l'interprétation, ces Chroniques bibliques au féminin nous invitent à découvrir sous un jour nouveau toute une tradition de lecture d'une infinie richesse.
Qu'avez-vous voulu évoquer dans votre livre Trois femmes et un siècle qui a obtenu le prix de la Société des Ecrivains d'Alsace et de Lorraine (SEAL) en octobre 2013* et qui avait déjà reçu le prix WIZO Marseille en juin 2013 ?
Ce roman m'a été inspiré par le parcours typique de ma famille au travers de trois générations successives : une famille juive ancrée au cœur de l'Alsace. En fait, ma grand'mère maternelle Aline Lévy a vécu à Rosheim et ensuite à Trimbach où mon grand-père David Lévy avait été nommé 'hazan, ministre-officiant. Puis il a assuré cette fonction à Lauterbourg. Ma mère, Bérange, avait deux sœurs Gaby et Andrée. A l'arrivée du nazisme, la famille s'est réfugiée à Saint Priest Taurion près de Limoges où notre famille a été soutenue, avec cette bienveillance naturelle, par Marie et Marcel Maligner qui ont d'ailleurs été nommés " Justes Parmi les Nations " en 2010. Ma tante Gaby, et mes deux grands oncles, Sylvain et Paul Lévy, les frères de ma grand'mère, ont été arrêtés lors d'une rafle à Limoges, conduits à Drancy puis à Auschwitz d'où ils ne revinrent pas.
Ma mère n'avait pas été arrêtée car elle travaillait comme infirmière à l'hôpital de Limoges. Après ces terribles épreuves, les membres survivant de la famille, mon grand-père est également décédé subitement après la libération, ont d'abord rejoint Lauterbourg où la synagogue avait été incendiée ainsi que l'appartement dont elle disposait avant la guerre. Une baraque provisoire leur avait été mise à disposition mais les conditions de vie étaient telles qu'il a été préférable de rejoindre Strasbourg où les possibilités de trouver un logement étaient plus grandes. Ma mère s'est alors mariée avec Marcel Cahn de Strasbourg où ils ont fondé une famille.
Que représente pour vous la vie juive en Alsace ?
C'est l'un des aspects important que je voulais mettre en relief dans ce livre. Montrer ce respect mutuel qui existait dans les villages alsaciens, sans occulter bien entendu les difficultés qui demeuraient réelles. D'une manière générale, les juifs dans la campagne alsacienne étaient naturellement acceptés car ils vivaient au milieu de tous les autres habitants dans une proximité qui favorisait les bonnes relations. Leur présence séculaire avait entraîné un esprit de convivialité qui se manifestait par une connaissance des traditions réciproques. Ils partageaient cette vie rude dans un esprit d'entraide et celle-ci s'exprimait par la prise en compte des contraintes de chacun. A Pessah, par exemple, les juifs distribuaient un peu de matzah à leurs voisins et ceux-ci n'hésitaient pas à venir allumer la lumière le Shabath, ou à accomplir ces gestes qui sont interdits aux juifs ce jour-là. C'est dans ce contexte que le judéo-alsacien s'est développé et est souvent devenu le langage de cette proximité et souvent avec beaucoup d'humour !
Votre dernier livre Chronique Biblique au Féminin connaît aussi un succès remarqué, pouvez-vous nous livrer la démarche qui a abouti à son écriture ?
J'avais donné des cours sur les personnages bibliques en m'appuyant à la fois sur les textes tels que nous les connaissons dans la Bible et sur ceux que nous trouvons dans le Midrash. J'avais commencé avec le personnage d'Eve en imaginant ce qu'elle aurait pu dire, exprimer face à son histoire, à son expérience au début de l'humanité. Cette démarche a ensuite été appliqué à d'autres personnages notamment Sarah dont le parcours est particulièrement intéressant à étudier. J'ai ensuite été amenée à poursuivre ces découvertes pour la revue Informations Juives. Encouragée notamment par Victor Malka, j'ai finalement pu dresser en quelque sorte le portrait de vingt femmes exceptionnelles, comme par exemple Myriam, Rébecca, Ruth, Hagar, Naamah, la femme de Noé ou encore l'énigmatique femme de Loth, chacune de ces vies sont riches de tant d'enseignements pour aujourd'hui et pour les générations futures !
Ed. L'Herbier ; septembre 2022 ; 306 pages ; format : 14 x 21 cm ; broché ; ISBN 978-2-35970-061-9 ; 20 €
Trois familles de confessions différentes, de la guerre aux attentats
de Paris.
Yankel, juif d’origine polonaise, a gagné la France au milieu
des années 1930 pour fuir la montée du nazisme. Brahim, combattant
harki, a fui l’Algérie pour la France en 1962. Jacqueline, enfant,
a vu sa mère exécutée sous ses yeux à la Libération.
Tous les trois ont fondé une famille, chacune de confession différente,
catholique, juive ou musulmane.
Trois générations plus tard, à l’hiver 2015 à
Paris, leurs descendants vont à leur tour faire face à la violence
et la haine.
Entre enfouissement profond de la mémoire, rejet de la religion et
de l’héritage, volonté d’émancipation ou
au contraire radicalisation, le récit suit les trajectoires croisées
de ces trois familles. Il s’en dégage une image de notre histoire
commune, de notre volonté de "Vivre ensemble", dans ce
qu’elle a de plus beau à offrir comme dans ses contradictions.