En 1692 des représentants des communautés de Hégenheim,
Allschwill et Blotzheim
établirent les statuts d'une association dont les membres, contre paiement
de certaines taxes, peuvent prétendre à être enterrés
à Hégenheim. Ce ne sont pas les communautés qui sont membres mais
les chefs de famille. Cette année-là l'association compte 24 membres
à Allschwill ; 2 à Schoenenbuch
; 6 à Oberwill ; 13 à Hagenthal
; 12 à Hégenheim ; 10 à Blotzheim
; 6 à Sierentz ;
3 à Kembs ; 1 à Uffheim,
Huningue, Habsheim,
Steinbrunn, Morschwiller et Dornach.
Une nouvelle liste de membres est établie en 1730. Hégenheim
y figure avec 25 membres ; Blotzheim
avec 16, Buschwiller avec
13 ; les deux Hagenthal avec 15
; Sierentz et Uffheim
réunis avec 11, Kembs avec
7 ; Steinbrunn avec 6 ; Habsheim
avec 3 ; Leymen avec 2 ; Durmenach
avec 3 ; et Oberdorf avec 2.
Les registres du cimetière permettent de constater qu'au cours du 18ème siècle son rayon continue de s'étendre. Cela s'explique par le fait que l'établissement de nouveaux cimetières n'était pas autorisé. A partir de 1791 cette difficulté disparut. Mais sous la Terreur les cimetières confessionnels étant considérés comme une offense à l'Egalité, le transport à Hégenheim de Juifs morts à Durmenach, Hagenthal et Buschwiller fut interdit. Pour tourner la difficulté, des cimetières d'importance simplement locale furent établis en 1794 à Durmenach, Seppois-le-Bas, Hagenthal-le-Haut et -le-Bas.
Pour assurer l'administration du cimetière, quatre préposés nommés pour la vie, avaient été choisis en 1692. Pouvoir leur avait été donné de décider de tout ce qui regardait le cimetière, Ces préposés devaient se réunir tous les trois mois pour vérifier très exactement les comptes. Ils pouvaient infliger des amendes et refuser l'inhumation à des membres qui n'étaient pas en règle. Un employé fut également désigné à qui certaines taxes (en plus de celles dues au seigneur) devaient être payées. Pour fixer par écrit ces statuts on avait fait venir un rabbin de Thann ; ils sont restés en vigueur dans leurs grandes lignes jusque vers le milieu du 19ème siècle.
En 1693 une morgue en bois est construite; en 1733 une palissade est posée autour du cimetière. La morgue ayant été détruite par le feu en 1717 fut remplacée en 1730 par une autre qui elle même fit place en 1801 à une construction plus importante comprenant maison d'habitation, morgue, grange, écurie.
Les relations avec les seigneurs de Hégenheim les Berenfels et les Barbier paraissent généralement avoir été bonnes; on ne mentionne pas de conflit sérieux en tout cas. Au début du 18ème siècle il est question de cadeaux faits au curé pour que celui-ci permette des enterrements les dimanches et jours de fête chrétiennes.
Les préposés sont d'une grande sévérité pour leurs coreligionnaires qui, pour garder le droit d'être inhumés, paient toutes les amendes infligées. Ainsi la dépouille d'un mort de Buschwiller étant parvenue au cimetière dans un état dénotant l'absence de soins, les fils du défunt sont condamnés à 250 livres d'amende qu'ils paient effectivement.
En juin 1815, lors du dernier siège d'Huningue, la synagogue de Hégenheim est incendiée et les pillards alliés s'approprient une sacoche avec 612 francs appartenant à l'administration du cimetière. En 1856 on décide d'entourer le cimetière d'un mur. En 1878 commencent les conflits avec la communauté de Bâle. A partir de 1901 de nouveaux statuts établis conformément à un règlement général du Consistoire israélite du Haut-Rhin sont adoptés. D'amples travaux de restauration sont entrepris au printemps de l'année 1908 et en septembre de la même année a lieu une modeste cérémonie d'inauguration.
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La pierre tombale la plus ancienne est datée de 1673, année de la création du cimetière. Elle concerne un nommé JACOB, fils de Nathan LEVY. C'est une dalle en grès gris, dont la surface est entièrement recouverte par une inscription, dont voici la traduction :
"Ici est enterré et mis à l'abri Monsieur mon Père. Des torrents de larmes coulent de mes yeux. Un homme pieux, Pendant toute sa vie il a travaillé avec fidélité; il s'efforçait de vivre selon les commandements. LEVY Jacob, fils de Nathan. Il eut la réputation d'un homme simple et honnête, selon son nom. Il me fut enlevé le 23 schebat, 443 selon le petit comput. Que son âme entre dans l'alliance de la vie, dans le jardin d'Eden. Amen."Un chemin très long sépare la pierre tombale de Jacob, fils de Nathan LEVY, de notre époque qui a vu l'érection dans le cimetière de Hégenheim d'un monument commémoratif de 44 victimes de la barbarie moderne. Un chemin, au long duquel les destructions ont succédé aux constructions, les pertes aux gains, la douleur des hommes à la joie des hommes, les époques de paix et bonheur aux jours d'inquiétude ou d'angoisse.
Mais ceux qui reposent là, dans le champ clos d'un mur entre le Lertzbach
et la route de Hagenthal, qu'ils aient été ici-bas étrangers
tolérés ou citoyens égaux en droits, "ils sont entrés
dans l'alliance de la vie, dans le jardin d'Eden."
Lire aussi : Le cimetière juif de Hégenheim , son droit d’inhumation, ses familles célèbres par Pierre Sanchez (PDF) |
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