Malgré cette forte concentration et comme le montre le plan, on ne peut parler de "ghetto", puisque toute une population non-juive habite ce quartier.
On trouve certes dans certains courriers, notamment de jeunes instituteurs juifs, la trace d'un antisémitisme larvé de la part des habitants de Sierentz envers la communauté israélite, mais il est prouvé que les rapports juifs-chrétiens sont moins tendus en ce 19e siècle que dans la plupart des communes voisines.
Ne serait-ce que l'invitation lancée par le Conseil Municipal aux enfants juifs de fréquenter l'école communale, proposition impensable dans d'autres villages.
Dans les faits, on chercherait en vain sur les listes des élèves fréquentant l'école publique un garçon juif, mais force est de constater que plusieurs fillettes, dès qu'elles savent lire l'hébreu, se rendent à l'école des Soeurs, au grand dam des instituteurs israélites. Ainsi en 1867 ; Henriette, Fanny et Sara REIN, Sara BICKARD, Julie et Eugénie ULMANN, Sara, Elise et Célestine ADLER et Julie DREYFUS.
D'autre part, aucune trace, dans les archives, d'incidents donnant lieu à condamnation comme en 1832 à Bergheim et Wintzenheim ou de troubles violents en 1848 comme à Hégenheim, Hagenthal-le-Bas et surtout à Durmenach, cette petite "Jérusalem du Sundgau", où plusieurs milliers de paysans prirent d'assaut les maisons juives.
Autre signe symptomatique, dès 1834 la communauté israélite
est représentée au conseil municipal. C'est Isaac LANG, l'important
marchand de vin, qui est régulièrement réélu, lors
des élections de 1840, 46, 48, 52, 55, 60, 65 et 70.
Il faut attendre cependant 1886 pour que sa relève soit assurée
par Martin ULMANN.
Lors de la création en 1854 du comité de bienfaisance, le rabbin Hirsch, qui en est membre, reçoit chaque année le quart de la somme destinée aux pauvres, à charge de la répartir aux indigents juifs (une douzaine de familles).
En 1847, dans une demande de translation du bureau de l'enregistrement de Landser à Sierentz, le maire évoque de nombreux motifs, comme les voies de communication, la station de chemin de fer, la brigade de gendarmerie, la direction des postes, 4 foires annuelles, 1 marché hebdomadaire... mais également "une population israélite laborieuse et dynamique, où se traitent beaucoup d'affaires".
Son successeur Marcel HIRSCH de Dieuze, né en 1798 est nommé'en 1849 par le Consistoire Central des Israélites de Colmar. Son épouse Henriette, née ABRAM, de Marsal (Meurthe) décède en 1871.
Ils étaient aidés dans leur tâche par un "chanteur", tel Abraham LOEWENTHAL né en 1782, en fonction jusqu'à son décès en 1832 ou Emmanuel DREYFUSS, né en 1806, qui officia de 1845 jusqu'au milieu des années 60.
Sierentz est resté siège de rabbinat jusqu'en 1909, quand il fut regroupé avec ceux de Hégenheim et Hagenthal-le-Bas pour former un nouveau secteur, celui de St-Louis. Sierentz, où une nouvelle synagogue venait d'être construite, proposa d'ailleurs sa candidature, étant donné sa position plus centrale, mais c'est finalement au rabbinat de Dornach qu'elle fut rattachée, au grand dam des intéressés.
30 mars 1839 : un jugement du tribunal de Mulhouse stipule que le nom ULMANN ne s'orthographiera dorénavant plus qu'avec 1 seul "L" suite à la requête de Geoffroi et Sarah ULMANN, lors de la naissance de leur fils Jacques.
14 juillet 1855 : Benoît WAHL, fils de feu Josué WAHL, rabbin et Thérèse ARON, décède à l'âge de 18 ans à Colmar en son domicile, situé faubourg de Brisach, alors qu'il était étudiant à l'Institut des jeunes israélites, d'une "maladie inconnue à Sierentz".
11 septembre 1856 : les frères Salomon et Nathan REIN obtiennent l'autorisation de convertir le moulin, qu'ils possèdent à Helfranzkirch, en fabrique de toile de coton.
Les enquêtes de la Société d'Assurances "La Paternelle" établissent avec certitude que les débuts d'incendie, d'ailleurs rapidement circonscrits, dans des maisons, appartenant au sieur Simon RHEIN, le 4 février 1859, dans la Weschgasse et le 30 juillet 1860, dans la Taubengasse, ne sont pas d'origine criminelle. Les dommages respectifs s'élèvent à 150 et 60 francs.
1868 : Samuel HIRSCH, fils du rabbin de Sierentz, entré à l'Ecole Normale d'Instituteur de Colmar en 1859, est nommé directeur de l'école israélite de Volo en Turquie.
Léon ULMANN : | Phtysie pulmonaire | Pauline DREYFUS : | Fièvre typhoïde |
Joséphine GEISMANN : | Phtysie pulmonaire | Sara BLUM : | Fièvre typhoïde |
Jacques ULMANN : | Bronchite chronique | Thomas ULMO : | Cholérine |
Jacques DREYFUS : | Bronchite chronique | Léa WAHL : | Cholérine |
Christine LEVY : | Bronchite chronique | Martin DREYFUSS : | Convulsions |
Marie LEVY : | Apoplexie | Elisabeth SCHWOB : | Pneumonie |
Jacques RHEIN : | Apoplexie | Rosalie BLOCH : | Pneumonie |
Mathieu DREYFUS : | Diarrhée | Sophie WEIL : | Cancer de l'estomac |
Aaron BOLLACK : | Fièvre typhoïde |
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D'ailleurs dans cet asile, on naît, on se marie et on meurt.
Nous y relevons ainsi les naissances de : LEVY Henriette, en 1852, ses parents originaires d'OBRA TZHEIM étant sur le chemin de retour d'un long périple, HIRSCH Julie, en 1854, dont le père, marchand de cirage de PF ALSBOURG vient proposer sa marchandise lors des foires locales, JACOB Jacques, en 1837, dont les parents Abraham (allemand) et Rosine BLUEM (suisse) voyagent en France.
Au chapitre des mariages, signalons celui de Raphaël LEHMANN de WAPERTRUDING en Bavière avec Judith ROMAIN de PF ALSBOURG.
Parmi les décès : en 1842, Samuel MEYER, le marchand de livres hébreux, en 1845, Isaac VUSON, un juif ambulant d'ETTENDORF (Bas-Rhin, en 1846, Abraham LAZARE, marchand ambulant et 1 en 1853, Ahron HIRSCH, 50 ans, de HOLSTEIN-sur-ELBE près de HAMBOURG, suite à un anévrisme du coeur.
Comme nombre de leurs coreligionnaires, plusieurs juifs de Sierentz paieront
dans leur chair leur tribut à l'épopée napoléonienne:
Raphaël ULMANN, né le 10 novembre 1790, déclare devant le
maire le 16 janvier 1850, qu'il appartenait à la classe 1810 et qu'en
1811 et 1812, il a fait les campagnes en Prusse avec le 152ème Régiment
de ligne (2 Bataillons, 4 compagnies). Fait prisonnier près de Wilhelmsburg,
il entra au "Lazarett" de Berlin, après avoir reçu deux
coups de lance dans le bas-ventre de la part des cosaques. Guéri, il
fut transféré à Kolberg, puis, démobilisé,
il retourne à Sierentz en 1815.
Le 22 m.ars 1813, Wolff ULMO décède à l'hôpital de
sa compagnie. La même année, Louis MAYER succombe à ses
blessures à l'hôpital militaire ambulant des chasseurs à
cheval du 10ème régiment de la Grande Armée.
Par exemple, le 6 mai 1854 à 11 H du matin, les jeunes juifs de la classe 53, Joseph ULLMANN, Samuel, Lazare et Léopold DREYFUS se rendent au conseil . de révision du canton de Landser à Habsheim.
Notifications d'ordre de route :
1830 : | Isaac LANG, le marchand de fer, est officier dans la Garde Nationale, à l'âge de 24 ans. |
1834 : | Romain WAHL est musicien au 7ème régiment d'infanterie de ligne à Calais |
1851 : | Samuel DREYFUS remplace son frère Léopold au 39ème régiment d'infanterie de ligne |
1858 : | Moïse DREYFUS est affecté au 18ème |
1859 : | Isaac ULMO au 79ème |
1865 : | Henri DREYFUS fait partie de la 6ème section des infirmiers militaires. |
En 1870, Henri DREYFUS est promu caporal, tandis qu'Abraham REIN et Joseph GINTZBURGER obtiennent le grade de sergent.
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