Les Juifs d’Uffholtz 1615-1915
Les cahiers de l'histoire d'Uffholtz
janvier 1985


Le village d'Uffholtz, qui était autrefois un gros bourg viticole dépendant de la prestigieuse abbaye princière de Murbach, comptait une importante communauté israélite aux 18ème et 19ème siècle. Dès le milieu du 17ème siècle cette communauté disposait d'une synagogue desservie par un rabbin. Vers le milieu du siècle suivant, la circonscription du rabbinat d'Uffholtz comprenait les cantons de Cernay, de Thann et de Saint-Amarin, dont la population israélite comptait près d'un millier d'âmes.

Le baillage de Wattwiller-Uffholtz

1270Les juifs Bruningus, Joseph, Vilicuus (= Meyer) Jolinus, Gotsc(h)alch le vieux et le jeune, Samuel, Salémanus (= Salomon), Joselinus, la femme de Tersanus "l’évêque juif" (rabbin ?) et son gendre, ainsi que leurs famil­les, renoncèrent à entreprendre une action en justice pour les dommages causés à leur communauté par l’abbé de Murbach Bertold de Steinbrunn et ses prédécesseurs. La plupart d'entre eux habitaient sans doute Guebwiller, capitale de la principauté de Murbach.
1309 Les juifs de Cernay, ville voisine d'Uffholtz, furent persécutés (chronique de Thann).
1330Les juifs de Guebwiller disposaient d'une synagogue (synagoga Judeorum) dans leur ville.
1349Persécution des Juifs à Guebwiller, Cernay, Wattwiller, etc. (martyrologue de Mayence).
1404 Visant, fils de feu Isaac, Juif de Cernay ("Visant der Jude von Sennhein, wilent Ysagkes des juden sun"),acheta un jardin devant la Porte Haute (Porte de Thann) à Cernay (charte de Schoenensteinbach).La même année il est fait mention pour la première fois d'une "rue des Juifs" à Cernay ("ein schüren...in Sennhein in der Juden gassen gelegen", charte de Lucelle). C'est l'actuelle "rue de l'Eglise".
1488Le curé Anewiler de Wattwiller vendit deux mesures de vin à un Juif nommé Mathis, vraisemblablement domicilié dans la petite ville voisine d'Uffholtz (censier de l'église).
1521L'empereur Charles-Quint fit défense aux Juifs de s'établir dans les terres de l'abbaye de Murbach ou d'y exercer leur négoce à l'avenir.
1522Expulsion des Juifs de Wattwiller.
1554Une supplique du préposé des Juifs de Basse-Alsace nous apprend que les Juifs de Cernay avaient été expulsés de la ville eux aussi, mais qu'ils continuaient néanmoins à enterrer leurs morts au cimetière juif de Cernay.Ce cimetière,situé au lieudit "hinter der Stadt" ,du côté d'Uffholtz, servit de lieu de sépulture aux Juifs de la région jusqu'à la guerre de Trente Ans. Après la guerre, il fut remplacé par celui du Jungholtz.
1572La commune de Wattwiller fit rédiger un nouveau livre des serments de la ville (Stadtbuch) : on y recopia la formule du Serment des Juifs ("Der Juden Eydt") [ou Serment more judaïco] qui datait probablement du 15ème ou du 16ème siècle.
DER JUDEN EYDT
EIN JUD soll schweren sofer man In befragt die Wahrheit zu sagen niemandt zu Lieb, noch zu Leidt dan allein umb der Warheit wilien zu befierdern Rechtens dasscer unschuldig sey so wahr ihm Gott helff,der geschaffen hatt Himmel und Erden, Laub und Grass, Wasser ,Feuer, Licht und Dufft und alle Frücht, und ob er liege in dem Eydt so mise ime nimmer zu Hilf komen (...).die Gott gab Moysy uff dem Berg Sinay in den steinen Taffeln, und ob er liege in dem Eydt so miesse ime nimmer zu Hilff komen die heillgen Namen die da goschrybon standt in den fünff Bichern Moysy, und ob er liege in dem Eydt, so muess dein Gepein,nimmer mehr ruen, da Ruowen ist Abraham, Isac und Jacob, und muessest maltzig werden als Getzi und Esaui und muesse dich dz Erdtrich verschlingen als Chori, Dathann und Abiron.
SERMENT DES JUIFS
Un juif doit jurer, lorsqu'on lui demande de dire la vérité sans haine ni passion mais uniquement pour l'amour de la vérité et dans l'intérêt de la justice, qu'il est innocent, ainsi Dieu lui soit en aide qui a créé le ciel et la terre, les feuilles et l'herbe, l'eau, le feu, la lumière et la brume et tous les fruits de la terre ; et s'il fait un faux serment, que plus jamais ne lui viennent en aide (les Dix Commandements ?)  que Dieu donna à Moïse sur le mont Sinaï dans les Tables de pierre ; et s'il fait un faux serment, que plus jamais ne lui viennent en aide les Saints Noms qui figurent dans les Cinq Livres de Moïse ; et s'il fait un faux serment, que tes (sic) os ne trouvent jamais le repos dans le sein d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, que tu deviennes lépreux comme Giézi et Esau et que la terre t'engloutisse comme Coré, Dathan et Abiron.

Première mention des Juifs à Uffholtz

1574Expulsion de tous les Juifs encore domiciliés dans les seigneuries dépendant de l'Autriche : cette mesure frappe la majorité des Juifs de la Haute-Alsace, condamnés désormais à mener une existence errante.
La même année un Juif du nom de Leoman fut autorisé à s'établir dans la principauté de Murbach moyennant paiement d'une somme de 200 florins d'or. Par la suite Murbach accorda à d'autres Juifs sans domicile le droit d'asile ou "droit de protection". Ils s'établirent à Hésingue, Bergholtz, Wattwiller et Uffholtz.
1615Le bourgeois d'Uffholtz Mathias Kalb payait une rente annuelle de 2s. 5d. au couvent de Schoenensteinbach pour sa maison située dans le quartier dit "le bas du bourg", dans la rue de devant, à côté de Gumprecht le Juif ("neben Gumprecht Juden"). Ce dernier avait acquis un bien-fonds (probablement une maison) à côté de la propriété de Kalb entre 1584 et 1615.11 venait peut-être de Soultz où un Juif de ce nom exerçait le métier de médecin en 1612.
1616Le Juif Isaac d'Uffholtz devait 1L. 4d. à l'aubergiste Lux Witschger de Wattwiller (inventaire).
1617Le Juif Abraham d'Uffholtz fut accusé d'avoir acheté des bijoux qui avaient été volés à Thann deux ans auparavant.
La même année un Juif du nom de David fut baptisé à Guebwiller et prit le nom de Léopold Haas ; son parrain fut l'archiduc Léopold d'Autriche, administrateur de l'abbaye de Murbach (27 avril).
1620La Régence de l'abbaye de Murbach rejeta la requête du Juif Lazarus de Hésingue qui voulait s'établir lui aussi à Uffholtz.
1621Jean-Thierry Loÿs d'Ensisheim acheta au Juif Isaac d'Uffholtz un cheval pour la somme de 40 couronnes (à 24 batzen). I1 lui signa une reconnaissance de dette. Isaac faisait donc le commerce des chevaux.
La même année Abraham Braunschweig d'Uffholtz paya 30 kreutzers au péager de Thann "pour sa personne seulement". Les Juifs étaient assujettis à un "péage corporel" qui les assimilait aux animaux et qui ne fut aboli qu'à la veille de la Révolution.
1622 Le Juif Jacob d'Uffholtz paya 20 kreutzers au péager de Cernay pour deux chevaux de labour qu'il avait achetés ou qu'il venait vendre au marché de la ville. La même année son coreligionnaire Isaac porta plainte contre un bourgeois de Pfaffenheim pour injures et voies de fait consécutives à un échange litigieux de chevaux au marché hebdomadaire de Cernay.
1623L'archiduc Léopold d'Autriche accorda au Juif Isaac d'Uffholtz un sauf-conduit ("glaidt") pour acheter et vendre des chevaux sur les terres relevant de 1'Autriche, à charge pour lui d'acquitter les droits de péage habituels et de payer une redevance annuelle pour lui-même, son fils et son valet. Ce sauf-conduit le mettait sur un pied d'égalité avec les marchands chrétiens puisqu'il l'exemptait du péage corporel.
La même année Isaac fut accusé d'avoir acheté des bijoux qu'on avait volés à un noble thannois. Il s'acheta une maison dans le village.
La même année la Régence de Murbach fit droit à une requête de la commune d'Uffholtz et somma les Juifs du village de payer les 10L. de taille que la commune leur réclamait.
1625L'abbaye de Murbach obligea les Juifs sous sa protection à contribuer à l'effort de guerre de l'Empire en souscrivant une obligation de 1000 L.
Les Juifs d'Uffholtz qui souscrivirent à cette obligation s'appelaient : Isaac, Abraham, Jacob et Hirtz (litt. "Cerf", équivalent de Nephtali). Isaac le jeune d'Uffholtz fut dispensé de payer sa quote-part des intérêts la première année.
1626 Hirtzlin, Juif d'Uffholtz, donna quittance à Georges Schlumberger, membre du conseil de la ville de Mulhouse, pour une somme de 30L. bâloises, payée comptant, prix d'un cheval acheté par ce dernier audit Hirtzlin.
1627 Georges Schlumberger de Mulhouse fit saisir une créance que possédait Hirtzlin d'Uffholtz sur un autre bourgeois mulhousien, en paiement d'un cheval qu'il lui avait vendu et qu'il ne parvenait pas à lui faire payer. Isaac le Juif d'Uffholtz fit opposition à cette saisie.
1628Le Juif Meyer d'Uffholtz paya 6 kreutzers au péager de Cernay, moyennant quoi il fut autorisé à séjourner dans la ville pendant une semaine… Meyer était un Juif pauvre.
1629Balthasar Fritsch de Cernay actionna Jäglé le Juif d'Uffholtz au sujet d'un cheval échangé. La même année Jäglé remplaça son père, Isaac Schwab, dans un procès avec un Thannois.
La même année le Juif Scheh et les Juives Rehlen et Bares d'Uffholtz, qui voyageaient à cheval, payèrent un écu d'Empire chacun au péager de Bergheim pour leur personne. La Juive Resslin,qui était à pied, ne paya que 30 kreutzers ; quant à Abraham d'Uffholtz et Lasserus et son fils Issach de Wattwiller, qualifiés de "mendiants" ("bedtel Judten"), ils payèrent 6 kreutzers seulement. Isaac Schwab, lui, paya 20 kreutzers pour un cheval hongre qu'il avait acheté, mais il ne paya rien pour sa propre personne, étant exempt de droits de péage corporel.
1630 Moschel et Josep, deux Juifs mendiants d'Uffholtz, acquittèrent le péage corporel à Bergheim. Entre 1628 et 1632 une trentaine de ces Juifs mendiants qui se disaient originaires d'Uffholtz se présentèrent au péage de Bergheim. Ils étaient hébergés par Isaac, Jacob, Abraham et Hirtz. La même année Isaac Schwab d'Uffholtz réclama 320 écus d'Empire aux héritiers d'un aubergiste de Cernay, sur lequel il possédait une créance.
1631 Isaac Schwab le jeune d'Uffholtz réclama 11 couronnes à un boulanger de Cernay auquel il avait vendu un cheval. Son père,"Hitzig Schwab", actionna un boucher de Strasbourg qui lui avait acheté un cheval à Cernay.
1632Invasion de l'Alsace par les Suédois. Pendant la période la plus sombre de la guerre (1635-1640) le village d'Uffholtz fut déserté par ses habitants. Les Juifs du village se réfugièrent sans doute en Suisse.
1636Isaac Schwab, Juif d'Uffholtz, prêta serment de non-vengeance à Bâle après avoir purgé une courte peine de prison consécutive à une dispute qui l'avait opposé à un bourgeois de Bâle. Il continua à se livrer au trafic des chevaux pendant la guerre : en 1639 il était en procès avec un Bourguignon qui lui avait acheté trois chevaux au marché de Bâle.
1642 Le péager de Bartenheim nota le passage d'"Isaac le Juif d'Uffholtz" ; celui-ci rentrait sans doute au pays.

Au lendemain de la guerre de Suède

1651Hirtz Franckhfort sollicita l'autorisation de s'établir à Wattwiller pour y faire le commerce de diverses marchandises. Il avait séjourné précédemment à Rheinfelden et à Avignon, dans les États du Pape.
1652Koppel Dreyfus, originaire de Bergholtz, et son gendre Gabriel Bloch s'établirent à Guebwiller après avoir été expulsés de Soultz.
1654Jacob Haas, donicilié à Guebwiller, vendit des biens-fonds qu'il possédait à Uffholtz, on village natal.
1655Le conseil de la ville de Mulhouse autorisa Isaac Schwab et ses fils originaires d'Uffholtz, à faire le commerce des chevaux et du gros bétail dans la ville.
La commune d'Uffholtz vendit les tuiles de la maison du Juif Isaac "sous la maison commune". La maison était en ruine comme la plupart des maisons du village après la guerre.
1656 Wattwiller comptait de nouveau quatre Juifs : deux d'entre eux étaient mariés et avaient des enfants. Aucun Juif n'était encore revenu habiter à Uffholtz. La Régence de l'abbaye de Murbach rejeta la requête de Koppel Dreyfus qui voulait ouvrir une synagogue à Guebwiller.
1658 Isaac Schwab vendit la maison qu'il avait reçue en dot de son père, Isaac Schwab le vieux. La même année Jacob Haas fut autorisé à revenir habiter Uffholtz, son village natal.
1659Salomon Haas obtint à son tour l'autorisation de s'établir à Uffholtz, où son père possédait une maison. Les autorités de l'abbaye lui enjoignirent de faire réparer cette maison.
1662 Aron, Juif de Wattwiller,racheta la maison d'Isaac Schwab, située dans la rue dite Kreutzgasse (à proximité de l'emplacement de la future synagogue), et s'établit à Uffholtz lui aussi. La commune confisqua un jardin à deux Juifs de Dambach qui possédaient des biens à Uffholtz mais ne contribuaient pas au paiement de la "dette bâloise".
1663Jäckhlen,Juif de Dornachbrugg (canton de Soleure) vendit à un bourgeois de Hartmannswiller deux créances provenant de son père, "Isaac le Juif d'Uffholtz" (Isaac Schwab). Il était resté en Suisse après la guerre. A Guebwiller Koppel Dreyfus fut condamné à une lourde amende pour avoir célébré un culte public dans une grange de la ville en présence de Juifs étrangers à la ville.
La même année les comptes communaux de Cernay signaient la présence dans la ville de quelques Juifs qui payaient un "droit de protection" à Mme de Reinach.
1667Uffholtz comptait de nouveau quatre familles juives, "qui étaient déjà tolérées avant la guerre" (visite pastorale).
Parmi les Juifs qui résidaient à Cernay, i1 y avait un "maître d'école" qui instruisait sans doute également les enfants des Juifs d'Uffholtz : il possédait peut-être le titre rabbinique
1669Les chefs de famille suivants payaient le "droit de protection des Juifs" dans le bailliage de Wattwiller : Hirtzlin à Wattwiller, Aron, Isaac (Haas), Salomon Haas, Abraham et Salomon à Uffholtz.
L'abbaye de Murbach amodia à Wolf Wechsler, fils du Juif Hirtzlin de Wattwiller, le débit du fer dans les bailliages de Wattwiller et de Saint-Amarin.
1671Le bruit courait que les Juifs d'Uffholtz exerçaient publiquement leur culte dans le village, qu'ils y "tenaient une synagogue depuis longtemps déjà". Une enquête fut ouverte.
1673 Wolf Wechsler de Wattwiller et Aron et Salomon d'Uffholtz acquittèrent les droits d'accise sur la viande qu'ils avaient vendue. Ils avaient donc le droit d'abattre du bétail selon le rite juif et d'en vendre la viande, ce qui leur avait été expressément défendu en 1658, à la demande du boucher chrétien de Wattwiller.
1674 Trois chefs de famille seulement payèrent leurs droits de protection dans le bailliage de Wattwiller : Wolf Wechsler, Salomon Haas et Jacob. Invasion de l'Alsace par les Impériaux. Les Juifs réfugiés à Mulhouse étaient tenus de payer 10 écus d'Empire comme droits de protection ec.2s. pour chaque mesure de vin qu'ils avaient apportée avec eux.
1675 Les Juifs du bailliage de Wattwiller-Uffholtz s'étaient tous sauvés "à cause de la guerre» : l'abbaye ne toucha pas leurs droits de protection cette année-là.
1678 Un Juif polonais, qui avait été "chassé" de son pays, fut agressé par un habitant de Berrwiller en état d'ébriété, à Wattwiller où il s'était arrêté pour demander l'hospitalité à ses coreligionnaires.
1680 La principauté de Murbach dont Uffholtz faisait partie fut rattachée à la France: les Juifs de la principauté étaient désormais sous la protection du Roi de France.
Fohl (Raphaël), "maître d'école" ou rabbin, assista comme témoin à un échange passé entre Lazarus dit "le jeune" ou "le pauvre" et un bourgeois de Cernay : il habitait sans doute à Cernay.
Le mariage du Juif Jacob de Wattwiller dégénéra en rixe.
1681 Les trois Juifs qui s'étaient battus aux noces de leur coreligionnaire Jacob à Wattwiller, furent condamnés à payer une amende à l'abbaye. Murbach interdit aux Juifs sous sa protection de se marier à son insu. Wolf Wechsler fut tenu de remettre aux autorités de l'abbaye une liste des amendes qu'il avait infligées à ses coreligionnaires "depuis qu'il était rabbin dans la principauté" ("zeith er Rabbi in der fUrst. Stifft"). C'est la première fois qu'il est fait mention d'un rabbin desservant les communautés de l'abbaye.
1683 Wolf Wechsler, amodiateur du débit du fer, se plaint des habitants d’Uffholtz et de Wattwiller qui n'achètent pas leur fer chez lui.
1684 Les Juifs de la principauté de Murbach furent tenus de payer une contribution de 36L. qui remplaçait l'obligation qu'ils avaient eu jusque-là de livrer des chevaux à leur seigneur.
1693 Pierre Meyer d'Uffholtz emprunta 10L. à Besslé, fille du Juif Salomon.
1695 Le même Pierre Meyer fut condamné à une amende de 10L. pour avoir agressé le Juif Meyerlé dans la cour d'un de ses concitoyens à Uffholtz.
1697 Un Juif d'Uffholtz, âgé d'une vingtaine d'années, se fit baptiser et prit le nom de François-Conrad (13 janvier). Mais "le sort du néophyte ne fut pas heureux" (journal de Bernard de Ferrette).

Renaissance de la communauté au 18ème siècle

1698 Les chefs de famille suivants payèrent les "droits de protection" dans le bailliage de Wattwiller: Joseph Reinau à Wattwiller, Meyerlé le jeune, Salomon Dreyfuess et Caÿm Falckh à Uffholtz.
1705 Sept Juifs qui résidaient à Uffholtz sans l'autorisation formelle du seigneur du village furent obligés de solliciter un "décret" d’admission en bonne et due forme de l'abbaye et de payer des droits d'admission. Parmi eux il y avait Heiman Eberspach, le "maître d'école", qui déclara qu'il habitait à Uffholtz depuis près de 19 ans. Il fut peut-être le premier rabbin communal d'Uffholtz.
1706 Dénombrement des Juifs : Meyerlen (alias Meyer Haas, alias Meyer Levy), David Brunachwig, Aron Brunschwig, Haiman Eberspach (alias Caÿm Falk),Salomon Dreyfuess (natif de Stotzheim, Bas-Rhin),Moïse Polackh et David Bloch. Lehmann Reinau de Soultz, gendre de Wolf Wechsler, était le "préposé" ou "parnass" des Juifs de la principauté de Murbach. La communauté d'Uffholtz était de loin la plus nombreuse. En dehors d'Uffholtz, il'y avait des Juifs. à Guebwiller et à Wattwiller.
1713 La commune d'Uffholtz vendit les biens meubles de Hitzig (Isaac) Levy, qui_devait 30L. à la commune et à l'abbaye. La vente ne rapporta que 7L., la femme de Hitzig ayant eu le temps d'emporter les meilleurs meubles. Meyer Levy, qui s'était porté garant pour son cousin, fut obligé de payer la différence.
1714 Décès de Heiman Falk Eberspach,"maître d'école" et (sans doute) rabbin d'Uffholtz.
Samuel Wurmser paya pour la première fois son "droit de protection".
1715 Un boucher juif du nom d'Isaac Meyer est cité dans les comptes seigneuriaux.
Joseph Grumbach et Moïse Schwab. (1714, "Mauschy Schlabhuet" !) payent leurs droits de protection.
1716 Uffholtz comptait 14 familles juives.
Hirtz Bluem paya pour la première fois son "droit de protection" : il succéda peut-être à Heiman Eberspach comme rabbin communal cette année-là.
1726 L'abbaye de Murbach amodia le droit de boucherie ("Judenmetzig") à Salomon Brunschwig. Successeur s: Marx Wurmser (1734), Mauschy Bollack (1737), etc.
1728 Règlement concernant le pâturage du bétail des Juifs. A partir des années cinquante, les Juifs payèrent chaque année 50L. à la commune d'Uffholtz pour un canton de pâturage exclusif, au Pflänzer.
1738 Gödtschel Brunschwig porta plainte contre un jeune d'Uffholtz qui avait "à plusieurs reprises et notamment le 4 mai dernier entre 9 h et 10 h du soir,lancé des cailloux contre son habitation sous la synagogue" ("under der Juden Schuell").
1739 Il est fait mention pour la première fois d'un "rabbin d'Uffholtz ": celui-ci fut commis pour recevoir le serment de Lazare Brunschwig de Thann dans un procès.Contrairement au rabbin de Ribeauvillé, il n'avait "pas de Lettres Patentes du Roi", donc aucune autorité officielle.
La même année de jeunes Juifs d'Uffholtz furent condamnés à payer une amende de 50L. à l'abbaye de Murbach et à fournir 3 livres de cire à l'église d'Uffholtz pour s'être permis de faire un charivari, jugé scandaleux,la nuit du 25 mars, jour de l'Annonciation.
1742 Dénombrement des Juifs d'Uffholtz : 21 familles. Parmi les chefs de famille : "Hirtz Bluem der Rabiner".
1746 L'abbaye de Murbach remboursa les "droits de protection" à la famille d'un Juif d'Uffholtz mort assassiné : "Plus pour diminution du droit des Juifs par la mort d'un d'Ufholtz assassiné,suivant certificat cy...13L. 6s. 8d." (comptes seigneuriaux).
1750 Salomon et Götschel Brunschwig cédèrent à la communauté juive d'Uffholtz leurs droits sur la synagogue ("Judenschuell") du village, située "in der hindern Cretitz gassen". La communauté acquit ladite synagogue et l'écurie attenante moyennant 425L.. L'acte de vente fait référence à un "décret de feu Monsieur le Bailly Munck en date du 22 mai 1731" qui autorisait sans doute la communauté à se servir des bâtiments comme lieu de culte sous certaines conditions.
1752 Le bailli de WattWiller condamna six Juifs d'Uffholtz à "quitter ce lieu dans la quinzaine". La commune d'Uffholtz leur reprochait de s'être établis dans le village à l'encontre des ordonnances du seigneur. Seuls avaient le droit de se marier et de s'établir à Uffholtz, les "fils aînés des anciens juifs habitans à Uffholtz". Les "fils puînés" devaient quitter le village après leur mariage. La commune s'était plainte de ce qu'il y avait déjà "près de vingt-quatre ménages juifs" dans leur village et de ce que ceux-ci se multipliaient "de jour en jour", ce qui était "la ruine entière des bourgeois et habitans dudit Uffholtz" (sic).
1756 L'abbaye de Murbach accorda des "décrets" à 7 Juifs d'Uffholtz,décrets autorisant ceux-ci à s'établir à Uffholtz. Parmi eux, nous retrouvons 4 des Juifs "puînés" expulsés en 1752.
1762 L'abbaye accorda le "droit de protection" à Simon.Levy et à Samuel Wurmser.Le premier paya 600L. comme droits de réception, le second, 300L.. Ils furent en outre obligés de remettre une certaine somme au curé d'Uffholtz "pour les pauvres" du village : 12L. et 100L. ,respectivement ! Simon Levy était le fils du "préposé" des Juifs du village ("Judenschultz"), Léopold Levy.
1767 La commune se plaignit une nouvelle fois de l'accroissement du nombre des ménages juifs du village. On leur reprochait d'accaparer les "plus belles maisons" et de contribuer de manière insuffisante aux charges de la commune. A la suite de ces récriminations, il fut décidé que les Juifs paieraient désormais "le 20ème de leurs maisons".
1774 Samuel-Hirsch Manheimer, fils de Meir ben Nathan Manheimer de Bouxwiller, épousa Reisel Levy, fille du préposé Léopold Levy, et s'établit à Uffholtz.
1781 Uffholtz comptait 187 Juifs et 827 Chrétiens.
1784 Dénombrement général des Juifs qui sont tolérés en la province d'Alsace : Uffholtz abritait 44 familles juives comprenant 206 individus. Parmi les personnalités recensées, citons : Moïse Wurmser le Commis-Rabbin, Léopold Levy le "préposé", Jacob Bollach le chantre, et les quatre "maîtres d'école".
1788 D'après un rapport de la commune, Uffholtz comptait 40 familles juives qui possédaient trente maisons ; les "facultés" de la communauté étaient estimées à 377.200 livres.

Période de la Révolution française

1789 Joseph Brunschwig fut élu "député de la nation jui.re établie en Alsace" et chargé de se rendre à Paris pour participer à la rédaction du cahier des Doléances des Juifs de l'Est. L'Alsace comptait deux députés juifs.
Les émeutiers de la vallée de Saint-Amarin s'en prirent aux Juifs d'Uffholtz lors de leur passage dans le village : la synagogue et la maison de Hirsch Manheimer, le Juif le plus riche du bourg, furent pillées.
1790 Départ du détachement chargé de veiller à la sécurité de la communauté juive d'Uffholtz.
1791 Les Juifs acquièrent la citoyenneté française et tous les droits qui y sont attachés.
Isaac Aron Pfaltzburg de Mutzig, "rabbin en chef" du Haut-Rhin, prit ses fonctions et s'établit à Uffholtz, qui devint ainsi le siège du rabbinat de Haute-Alsace.
1793 Les Juifs subirent les mêmes tracas que leurs concitoyens chrétiens sous la Terreur (1793-1794). La synagogue d'Uffholtz fut fermée et désaffectée, le culte israélite fut interdit.
1794 Deux Juifs, Samuel-Hirsch Manheimer et Joseph Brunschwig, figurent parmi les nouveaux membres du comité de surveillance d'Uffholtz "auxquels la commune a annoncé accorder sa confiance".
1795 Une Juive étrangère de passage à Uffholtz donna naissance à un enfant à "hôpital de la communauté juive" d'Uffholtz ("in dem Spittal der Judenschafft"). Cet établissement charitable est encore mentionné en 1800.
1796 Réouverture simultanée de l'église et de la synagogue d'Uffholtz.
1797 Les rabbins Isaac Aron et Moïse Wurmser, et le chantre Jacob Bollaque (sic) prêtèrent serment à la Constitution de l'an III.
1799 Les Juifs d'Uffholtz perdent le "privilège" "de chasser leur bétail dont ils font le commerce séparément à la pâture" (au canton dit Pflänzer).
1804 Décès de Lion Gabriel, précepteur juif,dans la maison de son employeur,
Samuel Katz,dans la rue dite Hintergasse.Uffholtz compte 221 Juifs.

Apogée de la communauté au début du 19ème siècle

1805 Décès du "rabbin éminent et renommé R.Isaac b.Meir de Phalsbourg","juge et rabbin dans la sainte communauté d'Uffholtz et dans le Haut-Rhin" (épitaphe au cimetière de Jungholtz).
1806 Décès de Samuel-Hirsch Manheimer, le Juif le plus riche d'Uffholtz.I1 avait acquis de nombreux biens-fonds sous la Révolution, lors de la vente des biens de la noblesse et du clergé.C'était un homme cultivé à en juger par l'importance de sa bibliothèque personnelle qui ne comptait pas moins de 290 livres en hébreu !
Son fils Meyerbaer Manheimer fut désigné comme député à l'Assemblée des Notables réunie à Paris cette année-là pour compléter l'émancipation des Juifs de France.
1807 Meyerbeer Manheimer, membre du Grand Sanhédrin convoqué par l'Empereur. Samuel Katz vend sa maison d'Uffholtz à la commune : cette maison servit de presbytère jusqu'en 1860.Le même Samuel Katz et son fils,domiciliés à Cernay, achètent à la famille Koch d'Uffholtz les bâtiments de la Burg, l'ancienne cour dimière du chapitre de Murbach.
1808 Les Juifs d'Uffholtz se firent inscrire "sur un registre spécial", ouvert pour eux à la Mairie,conformément au Décret impérial du 20 juillet 1808 qui leur enjoignait de choisir un nom de famille et des prénoms fixes. Gerson Berr, colporteur de livres hébreux, écrivit deSaguenau au maire d'Uffholtz pour le prier de l'inscrire dans ce registre ainsi que sa femme et ses enfants. Quelques Juifs d'Uffholtz furent obligés d'abandonner leurs prénoms judéo-allemands non reconnus par l'Administration : c'est ainsi que Hirtz Blum adopta le prénom de Henri, Fegel Wurmser,celui de Françoise,etc. (rectification des déclarations,1810).
1812 Décès du "maitre d'école hébraïque" Isaac Kurlander, natif de Courlande (Russie), mort, à l'âge de 66 ans au domicile d'Abraham Lévy. Parmi les maîtres d'école et précepteurs qui enseignèrent à Uffholtz au début du 19ème siècle, citon s: Jacob Aron,originaire de Soultzmatt (entre 1798 et. 1806),Salomon Wolf,du département de Trèves (1810),et Meyer-Hirsch Aron (1811).
1813 Moïse Wurmser est cité comme "sous Rappein d'Ufholtz." (sic). Le rabbinat d'Uffholtz avait perdu de son importance après la mort d'Isaac Pfaltzburg.
1814 Décès de Moïse Kahn,"chanteur à la synagogue des Juifs". Son successeur; Jacques Goldenblum, devait exercer les fonctions de "hazzan" à Uffholtz pendant une quarantaine d'années. En 1827 il occupait un appartement "à côté de la synagogue".
1815 Décès de Louis Grégoire Leib, âgé d'environ 80 ans, "pauvre mendiant et Juif converti", natif d'Uffholtz.
1816 "Le Sieur Wormser Hirtz le jeune...a quitté cette commune avec sa femme pour aller transférer sa demeure dans l'intérieur de la France il y y a environ deux ans" (certificat du maire d'Uffholtz).
1820 Moïse Reichshoffer, natif de Bouxwiller,"instituteur,domicilié en cette commune" (= à Uffholtz), épousa une des filles de Moïse Wurmser,"rabin".
1821 Décès de "Mossé Wurmser", âgé de 76 ans,"Raby" d'Uffholtz depuis plus de quarante ans. Son fils,Raphaël Wurmser,exercera les fonctions de rabbin à Soultz de 1828 à 1875. Son gendre, Moïse Reichshoffer, est également cité comme rabbin en 1823.
1823 Gabriel Grumbach,né à Uffholtz en 1774, fut nommé rabbin de son village natal. I1 fut le dernier rabbin d'Uffholtz originaire du village même. La circonscription de son rabbinat comprenait les cantons de Cernay, Thann et Saint-Amarin.Vers 1825 Uffholtz comptait 229 Juifs, Cernay, 220, Thann, 73, Wattwiller, 28, et Willer,8. Dans l'arrondissement de Belfort, dont Uffholtz faisait partie,il y avait un rabbin à Belfort et à Uffholtz, et un ministre-officiant à Cernay et à Thann (Annuaire Administratif du Haut-Rhin,1825).
1825 Meyerbaer Manheimer d'Uffholtz exerçait les fonctions de président du Consistoire Israélite du Haut-Rhin,qui avait son siège à Wintzenheim. Il était membre du Consistoire depuis 1820 au moins.
1826 Un "instituteur des Juifs" du nom de Marc Dreyfus est cité à Uffholtz. La même année le Consistoire de Wintzenheim décida "que l'une des cinq écoles à former dans la circonscription sera établie pour Cernay et Uffholtz ensemble et ce dans ce dernier lieu". Uffholtz comptait alors environ 54 ménages israélites, Cernay, env. 49, et Wattwiller, 7.
Hirtz Grumbach de Cernay vendit sa maison d'Uffholtz à la commune pour qu'elle puisse la démolir et construire une nouvelle église sur le terrain qu'elle occupait : la nouvelle église fut achevée en 1827.
1827 Le projet de construction d'une école israélite cantonale à Uffholtz tomba à l'eau,la communauté juive du village l'ayant jugé trop coûteux et s'y étant opposé.
1832 D'après Sitzmann (Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace), Meyerbaer Manheimer se fixa à Colmar cette année-là. I1 y fonda "une maison de banque que son activité et sa capacité rendirent bientôt la plus florissante de la ville et l'une des plus florissantes de la région de l'Est". La banque Manheimer, rue des Juifs à Colmar, fit faillite à la veille de la seconde guerre mondiale.
1833 Ouverture d'un cimetière israélite à Cernay. Ce nouveau cimetière remplaça celui de Jungholtz comme lieu de sépulture pour les Juifs du canton.Il n'y eut apparemment jamais de cimetière juif à Uffholtz. La tradition orale prétend que les Juifs du village avaient voulu en aménager un au bord de la "rue du Fossé", mais les habitants du village se seraient opposés à ce projet : des jeunes auraient même arraché les poteaux qui devaient délimiter le futur cimetière.
1834 Le rabbin d'Uffholtz faisait parti du Comité d'Instruction Primaire siégeant à Thann.
1835 Uffholtz comptait 4 "tissages" : l'un d'eux avait été fondé par Meyerbeer Manheimer. L'atelier de tissage à bras de la.famille Manheimer, situé en bas de la "rue de Derrière" (à l'angle de la rue de l'Espérance:et de la rue de Wattwiller),employait sans doute essentiellement de la main d'oeuvre israélite locale: d'après le dénomoremnt quinquennnal de 1836, une trentaine de Juifs du village - des jeunes principalement ! - exerçaient le métier de "tisseur" de coton.
1836 Trois israélites seulement figuraient sur 1a liste des 30 citoyens les plus imposés aux rôles de 1a commune d'Uffholtz : Meyer(baer) Manheimer, "fabricant", qui occupait la première place (total des contributions payées dans la commune : 81101 fr.), Benjamin Lévy, rentier deThann (21517 fr.), et Feis Lévy, rentier d'Uffholtz (16058 fr.),qui occupaient la 6ème et la
7ème place respectivement. Le Thannois avait un foulon à Uffholtz.
D'après le dénombrement de 1836,1es Juifs du village exerçaient les professions suivantes : revendeur (25), marchand de bétail (13), boucher (3), épicier (3), marchand de farine (3), marchand de cuir (1), cordonnier (1), colporteur (1), journalier (2), graveur (4), tisseur (31).
1840 Quelques élèves de, la classe de M.Sommer de Cernay furent mis au pain et à l'eau dans la "prison de l'école" pour "voies de fait exercées sur deux de leurs condisciples", Saul et Heymann Lévy d'Uffholtz.
1841 Uffholtz comptait 218 israélites, 1597 catholiques et 38 protestants. Le dénombrement quinquennal mentionne un instituteur du nom de Sigefroi Schlessinge r: il y avait donc apparemment une école israélite dans le village (à côté de la synagogue?).
Le "local qui jusqu'ici a servi de synagogue dans la commune de Wattwiller vient de s'écrouler par "vétusté" ; la commune vote une subvention de 150 fr pour participer à sareconstruction.
1848 Instauration du suffrage universel. Samuel Manheimer, fils de Meyerbaer, est élu conseiller municipal ; il est le seul Juif à faire partie duconseil.
1851 Décès de Meyerbaer Manheimer. Uffholtz compte encore 180 israélites. La synagogue d'Uffholtz nécessite des réparations.urgentes : "le préau, les dalles et toute la boiserie en général" sont "dans l'état le délabré". Le conseil municipal refuse toute subvention sous prétexte que la synagogue était "de temps immémorial" la propriétés la communaut juive et ne dépendait pas de l'administration municipale d'Uffholtz !
1852 Le ministre de l'Instruction Publique autorisa "provisoirement le maintien d'un instituteur non breveté dans 1' "éco1e istaélite à Uffholtz", à savoir un dénommé Pharès-Weill de Bollwiller, qui :avait succédé à un Allemand (Schlessinger?). La communauté israélite du village était en effet trop peu nombreuse et trop pauvre pour "salarier" un instituteur breveté en plus du ministre officiant.Un rapport d'inspection de 1854 atteste la présence d'une "école primaire des Juifs" à Uffholtz.
1856 I1 n'y a plus que deux écoles primaires et une salle d'asile (école maternelle) à Uffholtz ; l'école israélite a fermé.
1858 Création du rabbinat de Thann. La commune de Thann (346 israélites) et communes du canton de Saint-Amarin (143 israelites) relèvent désormais du ressort rabbinique de Thann. En 1862 le rabbin Mock inaugurera la nouvelle synagogue de la ville, rue de l'Etang.
Le rabbin d'Uffholtz ne dessert plus que les communautés d'Uffholtz (164 âmes), Cernay (291 âmes) et Wattwiller (52 âmes).
La même année le Ministre de l'Instruction Publique et des Cultes accorde une subvention de 2500 fr. "pour aider au paiement des travaux de reconstruction de la synagogue israélite d'Uffholtz". L'entrepreneur Joseph Mercklen est chargé d'effectuer les travaux sous la direction de M.Genty, architecte de Belfort.
1859 Décès du rabbin Gabriel Grumbach. Fin des travaux de restauration de la synagogue d'Uffholtz.
1860 Le rabbin Jacquet Bloch, natif d'Ingwiller, succède à Gabriel Grumbach. L'entrepreneur Hercklen s'empare des clés de la synagogue parce que la communauté juive refuse de lui payer les 1968 f. qu'elle lui doit encore. Motif du refus: "les travaux effectués... sont déffectueux".La "contestation" est finalement "terminée à l'amiable" sans qu'il y ait procès.
La même année la communauté israélite d'Uffholtz réclame l'ouverture d'une école israélite dans le village,qui est toujours "chef-lieu d'un rabbinat communal". Il n'est pas fait droit à leur demande ; les jeunes israélites d'âge scolaire (une trentaine en tout) continueront à fréquenter les écoles catholiques, mais M.le rabbin assurera désormais leur instruction religieuse pendant les heures consacrées aux exercices religieux par le Règlement des Ecoles Primaires.
1861 La commune d'Uffholtz refuse d'accorder au nouveau rabbin - un étranger, contrairement à sec prédécesseurs ! - la même quantité de bois de chauffage qu'au curé.Le conseil municipal s'étonne par ailleurs "que M.le rabbin est venu fixer son domicile à Uffholtz, tandis que Cernay a le double de la population israélite"! Uffholtz ne compte plus que 164 Juifs.Cernay en compte autour de 300.
La même année Théodore Lévy vend à Joseph Deck sa maison située à Uffholtz, "rue Creutmgassé" (auj. rue de la Paix), une rue autrefois habitée essentiellement par des familles juives.
1863 Séligmann Lévy, natif de Niedernai,succède à Jacques Bloch, démissionnaire. Celui-ci s'établit à Paris,où l'avaient précédé plusieurs de ses coreligionnaires d'Uffholtz.
1865 Aron Meyer d'Uffholtz, âgé de 18 ans, sans profession, obtient un passeport pour aller "rejoindre son oncle" à New York
1866 Composition socio-professionnelle de la communauté israélite d'Uffholtz à la veille de la guerre de 1870 : 7 courtiers, 4 bouchers, 3 marchands de bétail, 3 marchands d'étoffe, 1 épicier, 1 mercier,1 marchand de cuir, 1 marchand d'éponges, 1 marchand de laine, 1 marchand de livres, 1 ferblantier,
1870 Démission du rabbin Séligmann Lévy. Il demande à être muté à Durmenach.
Joseph Deck,contremaître, reconnaît devoir la somme de 700 fr. à M.Samson Wurmser,"négociant,demeurant à Uffholtz". Il s'oblige de rembourser cette somme dans les cinq années à venir et "d'en servir les intérêts au pied de cinq pour cent par an". Avant le développement des banques et des mutuelles, les Juifs étaient les principaux prêteurs d'argent, ce qui leur a valu une réputation d'usuriers.

Déclin de la communauté après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne

1871 Annexion de l'Alsace par l'Allemagne : les Juifs d'Alsace sont nombreux à opter pour la France. Après cette date, la      communauté israélite d'Uffholtz décline rapidement.
1878 C'est à cette date (selon Depierre) que le siège du rabbinat d'Uffholt -Cernay fut transféré d'Uffholtz à Cernay. Le successeur de Séligmann Lévy, Nephtali Lévy (de Romanswiller) aurait été autorisé à changer de résidence pour convenance personnelle, sa femme étant originaire de Cernay (Cernay, son passé,son présent,1907).
1880 La communauté israélite d'Uffholtz a littéralement fondu : neuf ans après l'annexion, i1 ne reste que 48 Juifs dans le village.
1886 Salomon Bamberger, un Bavarois de Wurtzbourg, succède à Nephtali Lévy. Il ne dessert plus que Cernay et Wattwiller.La communauté d'Uffholtz est dissoute "par suite du manque de fidèles" (Depierre).
1892 Il ne reste plus que 3 Israélites à Uffholtz. La synagogue est fermée. Mariage à-Uffholtz de Jacob Willàrd de Rixheim et de Thérèse Lévy,"épicière", fille de Léopold Lévy. Judas Lévy d'Uffholtz servit de témoin à la nouvelle épouse. C'est sans doute au mariage religieux de ce couple qu'assista Anne Berna, fille de l'instituteur Joseph Berna, et sa mère. Ce fut, à sa connaissance,le "dernier mariage juif" célébré à Uffholtz. /a synagogue du village est rouverte à cette occasion.
1895 La famille des banquiers Manheimer possède encore une scierie sur le ban de la commune d'Uffholtz ; cette scierie avait appartenu à Benjamin Lévy de Thann en 1838. Elle fut vendue à un dénommé Sonntag vers 1900 (Depierre).
1900 I1 reste 6 israélites à Uffholtz ! Il y a désormais plus de protestants (12) que de Juifs dans le village ! Curieusement le village voisin,Wattwiller,a moins souffert de l'exode de ses Juifs qu'Uffholtz : il en reste 28 qui continuent à célébrer leur culte sur place, dans une maison particulière où ils ont loué une salle. Les rares israélites qui habitent encore Uffholtz se rendent à la synagogue de Cernay le samedi.
Le 30 octobre 1900 la synagogue d'Uffholtz est vendue aux enchères : un agriculteur du village, François-Joseph Stutz, l'acquiert pour 2500 marks. Il transforme le bâttiment en étable et y élève même des porcs, contrairement à ce que lui auraient demandé les vendeurs.
1915 Evacuation d'Uffholtz et de Cernay. Le rabbin Bamberger est transporté à dos d'âne hors de la cité en feu : ses coreligionnaires l'auraient "oublié" derrière eux en évacuant la ville. Il mourra peu après.
1918 Le village d'Uffholtz est détruit à près de 99%. Parmi les bâtiments détruits, i1 y a la synagogue désaffectée. Aujourd'hui une cour se trouve à son emplacement... Aucune famille juive ne retournera à Uffholtz après la guerre.
1926 Le curé d'Uffholtz racheta les indemnités de guerre de Mme Vve Elias Lévy, née Rachel Weill, de Hartmannswiller, et les affecta à la construction du cercle catholique.Mme Lévy fut sans doute une des dernières de sa communauté à posséder des biens à Uffholtz.
1947 Décès à Ingwiller de Daniel Blum, né à Uffholtz en 1859. Il vendait du tissu à Uffholtz à la veille de la première guerre mondiale.Les anciens du village se souvenaient encore de ce personnage pittoresque qu'ils avaient souvent vu passer dans les rues du village..."mit sine bandala" (avec ses rubans).

Conclusion

Du passé "juif" d'Uffholtz il ne reste aujourd'hui que le nom d'une ruelle, "S' Judagassla", et le nom d'un lieudit; "Judaloch" (1) - qui rappelle peut-être un de ces drames qui.ont jalonné l'histoire de cette malheureuse communauté dans notre province comme ailleurs.Les descendants des "anciens Juifs d'Uffholtz" sont aujourd'hui dispersés dans le monde entier.Certains ont retrouvé la terre de leurs lointains ancêtres - la terre d'Israël.
  1. Judaloch : "fosse au(x) Juif(s)" , cf. le lieu-dit "Judenloch" près de Colmar où furent enfouis les restes des malheureux Juifs de la ville massacrés en 1348.

Sources et bibliographie
Voir le manuscrit intitulé Origines,développement et déclin de la communauté israélite d'Uffholtz..., par Denis Ingold (ADHR,BNU)


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