Bernard BOCHNER
1882-1950
par Francis BOCHNER
Bernard Bochner en 1950
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BEREK (BERNARD) BOCHNER est né à Jaworno en Pologne le 22 novembre 1882.
Il a eu une soeur prénommée Esther.
Il épousa Stephanie Stiasny née le 02 septembre 1884 à Herotitz (Tchécoslovaquie).
Au début du 20ème siècle ils émigrèrent à Strasbourg où il exerça diverses fonctions dans le domaine musical.
Bernard Bochner arriva à Strasbourg en 1912 après avoir été en fonction au sein de la Communauté de Besançon où son ignorance de la langue française l'invalidait.
Il prit ses fonctions de Chef de Choeur à Strasbourg sur les recommandations de Mr. Schlessinger après une période d'essai de 12 mois.
Chef du choeur de la Synagogue du Quai Kléber
jusqu'à l'évacuation de Strasbourg lors de la déclaration de guerre. Durant la seconde guerre, il s'installa en Dordogne comme de nombreux alsaciens.
Après la guerre, il reprit ses fonctions dans les différents lieux de prières provisoires y compris dans la salle de la
Place Broglie.
Il organisa en 1948 un grand concert liturgique à
Metz. Il composa des arrangements pour la liturgie dont un
Le'ho Doidi. Il créa enfin
la "
Chorale du Chant Sacré " et transmit à de nombreux jeunes le goût pour le chant.
Dans le cadre de ses fonctions il forma de nombreux jeunes en leur transmettant sa passion pour le chant et la musique. Il leur enseigna par ailleurs la liturgie en sa qualité de professeur du
Talmud Torah et en les préparant à leur
bar mitzva. Chose amusante Bernard Bochner ne parlait pas le français : il donnait ses cours en allemand et yiddish alors que ses élèves répondaient en français.
Parallèlement, il exerçait diverses fonctions dans le domaine musical :
- Organiste à l'église St Paul de Strasbourg.
- Accompagnateur au cours de récitals au Palais des Fêtes de cantatrice de l'Opéra de Strasbourg qu'il faisait par ailleurs "travailler et répéter" régulièrement.
- Critique de concerts et spectacles musicaux donnés à Strasbourg pour le Journal L'Alsace.
Côté caractère, il était connu pour sa sévérité, sa droiture, et réputé pour son autorité et sa rigueur dans la direction musicale. Il dégageait une présence et un charisme tel, qui faisait de lui un homme qui ne pouvait jamais passer inaperçu et laissé ses interlocuteurs indifférents.
Il décéda le 2 avril 1950, deuxième jour de
Pessah et fut enterré au Cimetière Israélite Strasbourg Cronenbourg.
Son épouse décéda un an plus tard (9 mars 1951) et elle est enterrée à ses cotés.
Bulletin de nos Communautés
Vendredi 14 avril 1950
Monsieur Bernard Bochner
Un connaisseur de la liturgie synagogale, un spécialiste du
Hazanouth alsacien, sachant mettre en valeur ses motifs finement nuancés en les débarrassant leurs additifs parasitaires que la fantaisie d'officiants d'occasion au cours des temps leur avait accolés, tel nous apparait Bernard Bochner qu'un mal sournois a terrassé a peine trois heures après avoir, avec sa maitrise coutumière, dirige le choeur à l'office solennel du premier jour de Pessa'h.
Il est peut-être trop tôt encore d'apprécier l'oeuvre accomplie par le chef de choeur de la grande Communauté strasbourgeoise au cours des quarante années de service. Sa disparition a été trop soudaine pour qu'on puisse, détaché de toute considération sentimentale, parler objectivement de l'oeuvre que le disparu nous a léguée. Mais dès aujourd'hui, nous réalisons le vide que laisse Bernard Bochner. Gardien vigilant de nos traditions liturgiques alsaciennes, recueillant avec une affectueuse sollicitude des airs authentiques auprès des réputés maîtres de l'Almemor tels que les Heymann, le défunt a tout consigné par écrit. II pressentait plus qu'il ne savait que, avec les autres valeurs idéologiques du judaïsme, le trésor liturgique allait se perdre dans le détachement progressif des traditions et c'est pourquoi, d'une écriture qui était l'image même de l'homme méticuleux, soigneux, il a créé un recueil qui englobe tout le chant synagogal depuis le
Adon-Olom du jour de semaine jusqu'aux morceaux-vedettes de nos plus hautes solennités. Compositeur à ses heures, il a su créer d'heureuses variantes de notre patrimoine liturgique qui, plongeant leurs leitmotiv dans l'âme du terroir, ont été d'emblée adoptées.
Bernard Bochner eût été heureux de voir son oeuvre éditée de son vivant. Ce bonheur lui a été refusé; nous nous devons de le faire maintenant qu'il nous a quittés. Ce sera en même temps qu'un service de sauvetage de nos Nigounim, un émouvant hommage de gratitude et de regrets à l'homme et à son oeuvre.
Les obsèques ont eu lieu le second jour de 'hol-hamoed. Une foule très nombreuse a tenu à rendre un dernier hommage au disparu. En raison des fêtes, aucun discours n'a été prononcé, mais le choeur, son choeur s'est fait entendre dans
Chivisi Hashem extrêmement émouvant. M. Borin, premier ministre-officiant, a récité le
Kaddish dont la mélodie, finement nuancée, a été composée par feu M. Bochner.
Le service funèbre a eu
lieu le dimanche 9 avril, au Temple provisoire, à l'issue de la fête de Pessa'h,
où devant une foule recueillie, M. le Grand Rabbin, M. Joseph, au nom de
l'association des ministres officiants, M. Ferry au nom du choeur,
Me Bing, président de la Communauté
et
M. Cromback, président du
Consistoire, ont tour à tour exalté le souvenir du défunt. Accompagnant en
sourdine
M. Borin, le choeur sous la direction de M. Kahn, a fait entendre d'émouvantes compositions du Maître disparu.
Le
Bulletin s'associe de tout coeur à toutes les manifestations de deuil et prie Madame Bochner ainsi que la soeur du défunt et tous ses neveux d'agréer l'expression de ses condoléances émues.
Introduction de Shirei David du Grand Rabbin Deutsch avant le décès de Bernard Bochner
Shirei David