Né le
22 juillet 1817 à Fontainebleau (Seine et-Marne).
Décédé le 14 avril 1897 à Paris.
Époux de Fanny Aron ; d'Adèle Cerf.
Il est le fils de Michel Wogue, colporteur originaire de Buschwiller,
et de Catiche Trénelle, de la branche parisienne des Trénel
de Metz. Le couple s'installe à Fontainebleau en 1803. C’est
là que meurt Michel Wogue, le 21 avril 1824.
Lazare a un frère aîné, Moïse-Louis, qui sera inspecteur
à la Compagnie du gaz et présidera l'Union scolaire, ainsi qu'une
jeune sœur, Sara, qui épousera l'instituteur Isaac Lévy,
directeur de l'école primaire consistoriale de la rue des Tournelles,
et qui deviendra la belle-mère du rabbin Moïse Metzger.
Lazare vit avec sa mère à Paris où, pendant trois ans, il fréquente l'école consistoriale élémentaire ouverte depuis peu, puis le Lycée Charlemagne. Puis il se rend à Metz où il fait partie de la première promotion des élèves de l'École centrale rabbinique de Metz (à l’âge de 13 ans !). Il étudie comme externe gratuit "à cause de ses heureuses et précoces dispositions"m mais tout en prenant ses repas à l'Ecole, il suit les cours du lycée de la ville ; il obtient le baccalauréat ès lettres en 1836. A l’Ecole rabbinique, il ne suit pas les cours mais reçoit des leçons particulières d'un professeur, jusqu'à ce qu'une place de boursier du consistoire de Paris soit libérée en 1837. Au cours de ses études, il remplace pendant six mois Lazare Isidor au rabbinat de Phalsbourg.
Diplômé du deuxième degré rabbinique en 1842, candidat sans succès au rabbinat de Dijon, Lazare Wogue obtient à deux reprises une prolongation d'un an de ses études. Alors qu'il est encore élève, il se fait connaître en proposant deux inscriptions, l'une en français et l'autre en latin, pour la statue du maréchal Abraham de Fabert, enfant de Metz qui s'était distingué au XVIIe siècle contre les protestants.
En 1843 il revient à Paris et devient l’assistant du grand rabbin
de Paris, Marchand Ennery.
En 1844, il refuse de participer aux travaux de la commission de révision
des prières ; c'est la première manifestation connue de son
conservatisme en matière religieuse. Dans le même esprit il condamne
les décisions du Grand
Sanhédrin de 1807, d'où s'ensuit une polémique entre
les Archives israélites (journal partisan des réformes)
et L'Univers israélite (journal conservateur). C’est
alors que débute sa carrière d’écrivain prolifique.
En 1851, le Consistoire central, nomme Lazare Wogue professeur d'allemand à l'Ecole rabbinique de Metz. « Le nouveau professeur, ancien élève de l'Ecole, malgré sa jeunesse, était déjà un savant doublé d'un écrivain. Sa mémoire était prodigieuse et sa science quasi universelle. Il savait le grec, le latin et plusieurs langues étrangères, quoiqu'il n'en parlât aucune, pas même l'allemand qu'il était chargé d'enseigner. Mais nul n'était capable de mieux saisir et de rendre en un français plus pur et plus élégant les nuances et les finesses d'un texte ancien ou moderne. Ses traductions faisaient l'admiration de ses élèves. Il était, en outre, un hébraïsant, un exégète et un théologien remarquable possédant à fond les conceptions et les doctrines religieuses qui, à travers les siècles, se sont partagé l'âme d'Israël. » (Jules Bauer, L’Ecole rabbinique à Metz)
Huit ans plus tard, Salomon Munk et Adolphe
Franck créent une chaire de théologie juive à l'Ecole
rabbinique, à laquelle Wogue est nommé, restant à ce
poste jusqu'à sa retraite, avec le titre de professeur émérite,
en 1894.
Lors du transfert de l’Ecole de Metz à Paris (1859) sous le nom
de Séminaire Israélite de France, ses fonctions seront étendues
à l'enseignement de la grammaire hébraïque, de l'exégèse
biblique et de l'allemand. Il a pour élèves, entre autres, le
philologue Mayer
Lambert et le futur grand rabbin de France Zadoc
Kahn. Ce dernier en parlant du rabbin Wogue disait avec affection "Mon
cher Maître".
En 1860, Il est nommé membre de l'Académie impériale de Metz et de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle.
En 1865, lorsque l'Ecole rabbinique s'est établie à Paris,
il habite dans la capitale au 4 rue des Douze-Portes.
En 1868, il devient directeur du Talmud
Torah de Paris et comme tel prend position sur la prononciation "portugaise"
de l'hébreu.
A la suite de la guerre franco-prussienne il apporte avec ses élèves
une contribution à la souscription pour la libération du territoire.
Enseignant au Séminaire israélite jusqu'à sa démission en 1894, soit durant près de cinquante ans, il enseigne à un très grand nombre d'élèves, mais n'a guère de disciples. Il se refuse en effet depuis toujours à toute lecture critique et historique de la Bible, qui fait florès de son temps, notamment sous l'influence de l'historien allemand Heinrich Graetz, et du français Samuel Cahen, fondateur et directeur des Archives israélites. Au contraire, il professe une croyance aveugle dans le texte des Écritures, proclamée dès la fin de ses études : « Dans tel passage de la Bible ou du Talmud, vous trouvez une contradiction, une absurdité ; peut-être verrais-je tout cela comme vous si je l'examinais ; mais je ne l'examine pas, attendu que j'y crois ».
Le ler janvier 1879, il devient rédacteur en chef de L'Univers israélite (revue sous-titrée "journal des principes conservateurs du judaïsme" ). Il en conserve le titre et les fonctions jusqu'à sa démission fin septembre 1895. Il est pendant cette époque, à l'évidence, responsable de l'orientation conservatrice du périodique, qui offre à sa plume une tribune exceptionnelle auprès du public juif de langue française.
Lazare Wogue reçoit le titre de grand rabbin.
Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 12 juillet
1884, son nom ayant été proposé à plusieurs reprises
depuis 1881 par le grand rabbin du Consistoire central Lazare Isidor, puis
par l'homme politique Alfred Naquet et par le directeur de la Sûreté
générale Isaïe Levaillant, son ancien élève.
En 1895, il reçoit l'un des prix Fanny et Michel Weill.
Lazare Wogue avait épousé le 14 mars 1853 à Phalsbourg
Fanny Aron, née le 2 août 1830 à Phalsbourg, fille d’Isaac
Lion Aron, banquier, conseiller municipal et notable consistorial, et de Sara
(alias Adélaïde) Aron, mariage qui le fit entrer
dans la parentèle de plusieurs rabbins : Arnaud
Aron, Michel (alias Maurice) Aron, Isidore
Weill, Alfred Lévy.
Elle lui donna deux fils, dont l'aîné fut militaire
Veuf, il se remarie le 30 octobre 1862 à la mairie du 4ème arrondissement
de Paris avec Adélaïde (alias Adèle) Cerf, née le
5 octobre 1837 à Haguenau,
fille de Collin Cerf et de Gertrude Bernheim. Elle continuera à s'impliquer
dans différentes oeuvres après la mort de son mari : elle fut
dite en 1903 dame patronnesse de plusieurs sociétés charitables,
notamment de la Société israélite des femmes en couches,
de la Société israélite de la maison de refuge de Neuilly,
de l'école de Bischoffsheim et de la Société des Crèches
de Picpus. Leur fils, Jules, né le 4 décembre 1863 à
Paris, est un ancien élève de l'École normale supérieure,
professeur de lettres au collège Rollin puis au lycée Buffon.
Lazare Wogue est décédé le 14 avril 1897 en son domicile, dans le 9e arrondissement de Paris.
Oeuvres principales :
Sources :