Après l'expulsion définitive des Juifs de Colmar en 1512, pendant
près de trois siècles, notre cité ne connaîtra plus l'existence
d'une communauté juive organisée.
Ce n'est qu'après le Décret du 27 septembre 1791, accordant à
tous les Juifs de France les droits civiques, qu'une nouvelle ère va débuter,
qu'une communauté dans tous les sens du terme, va se recréer, s'organiser
et développer.
Pendant cet intervalle, du début du 16ème siècle à la fin
du 18ème siècle, le Judaïsme haut-rhinois et alsacien sera essentiellement
rural, et très nombreuses seront les localités de notre département
dans lesquelles une vie juive intense existera.
Donnons la parole à André Neher, qui, dans son ouvrage : L'Existence Juive, décrit admirablement cette présence et cette permanence : "Le village juif d'Alsace peut soutenir, pour l'intensité et le sérieux de sa vie collective, la comparaison avec le Stâttel d'Europe occidentale. Il y a rarement en Alsace de grands talmidé-hakhamim (sages), d'écoles de futurs talmudistes, des pépinières d'hommes appelés un jour à jouer un rôle dans l'univers; mais chacun des membres la communauté a sa sagesse, bien à lui, qui est nécessaire à la vie limitée, mais réelle, de l'ensemble. Depuis rabbin jusqu'au shauté (naïf), à travers les notables, les mères de famille, le shamess (bedeau), les pauvres, les étrangers de passage, les enfants, chacun a sa raison d'être, chacun donne à la communauté quelque chose dont elle sent, avec amour et fierté, qu'elle a besoin pour atteindre son but. Ce but n'est pas un objectif lointain. C'est la vie même de tous les jours, scandée au rythme de l'année juive. Le judaïsme d'Alsace a vécu sa religion, c'est là un aspect de sa force."
Cependant, la Révolution française va transformer la vie du Judaïsme alsacien.
Reconnus citoyens le 27 septembre 1791, beaucoup de Juifs quittèrent leur village ou leur bourgade et vinrent s'installer dans les villes, notamment à Colmar, dont la population juive passa de 109 âmes en 1795 à 150 en 1800, 182 en 1806, pour atteindre 513 individus en 1833, alors qu'en 1866, on y dénombrait 1060 personnes.
Dans un premier temps, exerçait à Colmar un rabbin, appelé à l'époque "communal", et jusqu'en 1823, il n'y aura pas cumul des fonctions de rabbin de la ville et de grand rabbin du département.
Le premier rabbin habitant Colmar après la Révolution fut Isaac Aron, qui affirme avoir succédé lui-même à Sussel Ennech. Ce Rabbin Isaac Aron fut d'ailleurs Président d'âge, à l'occasion de la première séance du Sanhédrin, convoqué par Napoléon 1er en 1807, à Paris. Son successeur, toujours au poste de Rabbin Colmar, sera Salomon Libmann, né en 1736, venu de Wintzenheim et décédé le 2 mai 1815.
D'après la "Liste Netter" de 1818, il n'y avait aucun rabbin résidant à Colmar à cette date : on peut estimer que c'est le Rabbinat de Wintzenheim qui desservait également Colmar à cette période.
L'évolution démographique de la communauté de Colmar, et son importance administrative, seront telles quen 1823, le siège du Consistoire Israélite du Haut-Rhin fut transféré de Wintzenheim à Colmar, et il semble bien que son premier président et grand rabbin (à l'époque ces deux fonctions étaient obligatoirement assurées par la même personne) ait siégé vers la fin de son existence à Colmar.
C'est pourquoi, Naphtali Hirsch Katzenellenbogen ouvre la liste des grands rabbins du Haut Rhin qui se sont succédés à Colmar jusqu'à ce jour bien qu'il ait exercé la quasi-totalité de son ministère rabbinique haut-rhinois à Wintzenheim, où sa tombe peut être visitée jusqu'à nos jours dans le vieux cimetière, où elle est restée intacte, malgré les exactions commises en ce lieu par les nazis en 1940.
Naphtali Hirsch Katzenellenbogen
Pages de Naphtali Hirsch Katzenellenbogen |
Premier grand rabbin du Haut-Rhin, il est né à Haguenau le 15 avril 1750, et était le fils de Eliézer Katzenellenbogen , lui-même Rabbin à Bamberg avant de s'installer à Haguenau. Celui-ci est souvent cité sous le nom de "Rabbi Eliézer Elsass", et l'édition d'Alfassi (RIF) de Sulzbach de 1762 porte son "approbation".
N. Hirsch Katzenellenbogen bénéficiera tout jeune encore de la science
de son grand père, Rabbi Samuel Hellman de Metz, puis après
le décès de ce dernier, partira à l'âge de quinze ans, étudier
dans une yeshiva en Silésie.
Rabbin durant de longues années, à Francfort-sur-l'Oder, il retournera
dans sa ville natale en 1805 pour en devenir le Rabbin et le représentant à l'Assemblée des Notables et au Sanhédrin, convoqués par
Napoléon en 1806-1807.
Il s'installa à Wintzenheim en 1808, fut nommé premier grand rabbin
et président du Consistoire Israélite du Haut-Rhin en 1809, et il
mourut le 11 novembre 1823.
Descendant d'une dynastie rabbinique qui remonte au 15ème siècle dans la ville de Katzenellenbogen, située en Hesse-Nassau, celui qui s'appellera aussi Naphtalie Lazare Hirsch, composa plusieurs ouvrages d'érudition :
N. H. Katzenellenbogen fut un opposant farouche de la Réforme, et signa en 1817, avec de nombreux rabbins allemands, un manifeste en hébreu condamnant les tentatives réformistes de Hambourg.
Son fils, Pinhas Hirsch, sera rabbin à Hégenheim, et son arrière-petit-fils, Lazare Isidor sera grand rabbin du Consistoire central (ancienne appellation du Grand rabbinat de France), de 1867 à 1888, après s'être distingué comme rabbin de Phalsbourg, pour son opposition au serment "more judaïco" qui devait être prononcé par un de ses fidèles.
Simon Cahen
Au décès de N. H. Katzenellenbogen, cinq candidats se présenteront : son fils Samuel Pinh'as, Baruch Gougenheim, grand rabbin de Nancy, Seligman Goudchaux, rabbin de Phalsbourg, Samuel Marx, rabbin de Trèves, et Max Wittersheim, grand rabbin de Metz.
C'est Baruch Gougenheim qui fut finalement choisi, bien qu'il semble qu'il n'ait jamais rejoint son poste, puisqu'un an plus tard, de nouvelles élections verront Simon Cahen accéder au Grand rabbinat du Haut-Rhin. Il fut nommé par ordonnance royale du 25 janvier 1826 et prêta serment le 30 mars 1826.
Originaire de Metz, né le 13 décembre 1759, Simon Cahen fut rabbin de Haguenau avant de venir à Colmar, de 1811 à 1825. Il fut le dernier grand rabbin du Haut-Rhin à présider à vie aux destinées du Consistoire, et sur son sceau, on pouvait lire : "Simon Cahen Président". Il fut également le premier grand rabbin du Haut-Rhin à percevoir son traitement de l'Etat à partir de 1831.
Simon Cahen lutta de toute son énergie lorsque des cas d'usure lui étaient signalés, pour que ce grief ne puisse ternir l'image des Juifs alsaciens. Il mourut à Colmar le 14 août 1833.
Seligmann Goudchaux
Né à Niedernai le 24 octobre 1770, Seligmann Goudchaux était le petit-fils de Jacob Gugenheim, Rabbin de Haguenau, le neveu de Baruch Gougenheim, grand rabbin de Nancy, et l'arrière petit fils de Samuel Sanvil Weyl, Rabbin de Ribeauvillé et grand rabbin de Haute Alsace au début du 18ème siècle.
Seligmann Goudchaux acquit sa formation talmudique auprès de rabbins allemands, puis dirigea une talmudique à Hechingen, avant d'occuper successivement les postes rabbiniques de Vieux-Brisach, Phalsbourg, et Haguenau (1826 à 1830).
En 1830 il fut nommé grand rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin. Cependant, malgré une culture générale étendue, il était "un Rabbin de l'ancienne école", dont les dirigeants consistoriaux locaux ne partageaient pas les opinions. C'est pourquoi, au décès de Simon Cahen, Seligmann Goudchaux quitte Strasbourg en 1834 pour occuper le poste de grand rabbin du Haut-Rhin jusqu'à son décès le 29 juin 1849.
Prodige dès son plus jeune âge, Seligmann Goudchaux, dont toute la famille tenait un rang très élevé dans le Rabbinat, suscita là où il se rendait, l'admiration de ses maîtres, avant de devenir lui-même une autorité que lon venait consulter pour des questions de droit rabbinique, d'Allemagne, de France, d'Italie, de Hollande, de Pologne, et même de Palestine. Possédant la langue française à la perfection, il s'exprimait de façon remarquable par le choix des idées et celui des termes utilisés.
Il fut un des partisans les plus acharnés de l'abolition du serment "more judaico", en même temps qu'un défenseur vigilant de la tradition la plus authentique, ce qui ne lui rendit pas la vie facile, particulièrement lors de la tentative d'introduction de l'orgue en la nouvelle synagogue de Colmar en 1845.
Salomon Wolf Klein
Pages de Salomon Wolf Klein |
Salomon Klein définissait le Rabbin comme étant :
"le
gardien vigilant du troupeau confié à sa garde; à lui d'en
épier les besoins, d'en écarter les dangers, et si le mal a déjà
fait son invasion, il doit faire tous ses efforts porter remède, et
en prévenir la contagion. Voilà son devoir, dont rien ne saurait
l'en dispenser, mais voilà tout son devoir."
Chef de file de l'orthodoxie en France, Salomon Klein subit de nombreuses pressions
sans parler des blâmes et des tracasseries que lui infligèrent le
Consistoire central et le Consistoire local pour avoir professé des idées
"rétrogrades" et les avoir exposées à ses fidèles. On alla
jusqu'à demander sa suspension d'un mois au Ministre de Cultes, sans succès,
et l'on prétend que le président du Consistoire du Haut-Rhin fit scier
les pieds du fauteuil du grand rabbin, afin que celui-ci ne fut pas assis plus
haut que lui.
Les mesquineries et la fermeture de l'école talmudique que Salomon Klein
avait créée à Colmar le brisèrent, et portèrent de
rudes coups à sa santé. Il mourut le 2 novembre 1867 à l'âge
de 53 ans.
Son intérim fut assuré par Lazare Bloch, aumônier du Lycée
et de l'Ecole Normale.
Salomon Klein fut l'auteur de plusieurs ouvrages, dont une grammaire hébraïque,
un guide des traducteurs du Pentateuque, des Recommandations pour le 'Hazan
et le Sho'heth, et un recueil de lettres pastorales.
Il se distingua encore par son grand attachement à la France, tel qu'il
s'exprime dans un sermon de 1862, quand il clame :
"Honneur
à la France, gloire à la France, que D. bénisse la France
et Celui à qui elle a confié ses destinées ; grâce à
Lui, grâce à elle, on ne peut plus impunément bafouer, maltraiter,
torturer Israël, on ne peut plus l'appeler un peuple maudit; car les
chaînes de son esclavage sont tombées. Israël est libre,
au milieu des peuples libres et pourtant il existe. Il existe, non comme
témoignage de la colère sempiternelle d'un D. vindicatif et comme
épouvantail des hommes, mais comme témoin de la toute-puissance
et de la bonté divines, comme Instituteur du genre humain."
Malgré ce fervent patriotisme, Salomon Klein, comme d'autres rabbins alsaciens
de l'époque, n'est pas insensible à la Terre Sainte et à ce qui
s'y passe, ainsi qu'à sa dimension messianique, puisque, lors de sermons,
il en appellera à la responsabilité de ses fidèles, leur demandant :
"Quel
est l'Israélite qui puisse songer sans émotion et sans sympathie
à Jérusalem, à cette ville qui fut le berceau et le siège
de la splendeur du Judaïsme ?"
"A l'insuffisance de la nourriture, se joint l'insuffisance du logement.
Des familles entières sont agglomérées dans des réduits
infectés où un homme seul peut à peine respirer librement."
Isaac Lévy
Pages d'Isaac Lévy |
Isaac Lévy fut le premier élève de l'Ecole Rabbinique de Paris
à exercer son ministère à Colmar. Avant lui, en effet, tous les
grands rabbins du Haut-Rhin avaient acquis leurs connaissances et leur formation
soit auprès l'un père ou d'un grand père érudit (et rabbin),
soit auprès d'une sommité rabbinique, puisqu'à l'époque
chaque rabbin qui se respectait regroupait autour de lui des élèves
et des disciples qui souvent lui succédaient.
Isaac Lévy fut aussi le dernier grand rabbin du Haut-Rhin proposé
par le Consistoire départemental, mais choisi par le Consistoire central.
Né à Marmoutier le 20 janvier 1835, il occupa, après l'obtention
de son diplôme rabbinique en 1858, les postes de rabbin de Verdun et de
Lunéville.
Installé le 3 février 1869 à Colmar, Isaac Lévy était
doté d'une intelligence vive et d'une sociabilité peu commune. Il
fut vite adopté par sa nouvelle communauté avant que son projet de
suppression des piyoutim (poèmes religieux intercalés dans
l'office en certaines circonstances, telles les fêtes) ne dresse contre
lui une partie de la communauté.
La guerre de 1870, l'occupation allemande, furent insupportables pour Isaac Lévy, qui quittera volontairement Colmar pour Vesoul en Juillet 1872, après avoir prononcé le 6 juillet un discours d'adieu particulièrement émouvant :"Ainsi, mes frères, j'ai aimé notre patrie quand luisaient pour elle des jours calmes et prospères; et quand le malheur vint fondre sur sa tête, quand l'atteignirent ces effroyables revers auxquels aucun de nous ne pouvait s' attendre, mon amour pour elle devint plus ardent et plus passionné; il grandit devant l'adversité, comme grandit l'affection d'un fils pour sa mère que la maladie a étendue sur un lit de souffrance."
On pourra encore noter que c'est à l'intention de Isaac Lévy que fut créé, par le Consistoire central, le Grand Rabbinat de Vesoul qu'il quittera pour terminer sa carrière comme grand rabbin de Bordeaux.
Isidore Weil
Né à Wintzenheim le 19 juillet 1838, Isidore Weil obtiendra son diplôme
au Séminaire Israélite de France à Paris le 27 août 1862.
Son premier poste sera Hattstatt, et après le départ de son prédécesseur,
il deviendra "Grossrabbiner und Mitverwalter des Rabbinats Hattstatt".
Il sera installé à Kolmar le 23 mai 1873 et quittera cette ville juste
avant la déclaration de guerre de 1914, donnera sa démission, et mourra
à Berne le 2 avril 1927.
Isidore Weil exerça son ministère durant 49 ans, dont 42 en tant que
grand rabbin du Haut-Rhin à Colmar.
Il fut l'auteur d'un traité de philosophie religieuse sur Lévy ben Gerson, et d'autres écrits, tels un article sur le Kadish et sur la caractéristique d'Israël (publié à Paris par Durlacher en 1890).
Voici un extrait de journal publié par la presse locale à l'occasion du jubilé du grand rabbin Isidore Weil : "C'est un théologien d'une grande érudition, dont la piété et le large esprit de tolérance sont appréciés par tous ceux qui le connaissent, encore que sa modestie l'ait empêché de jouer un rôle actif dans la vie publique. Ses sermons sont en tous points remarquables, autant par l'impeccabilité de la forme que pour le fond qui est inspiré par un profond sentiment religieux."
Une période de transition
Suite au départ pour la Suisse du grand rabbin Isidore Weil, débute une période de transition pendant laquelle deux rabbins furent successivement en fonction à Colmar :
Pages de Moïse Ginsburger |
Joseph Zivi
rabbin de Wintzenheim, assura
l'intérim du 1er juillet 1919 au 14 septembre 1919.
Pages de Joseph Zivi.
Ernest Weill
Pages d'Ernest Weill |
Né le 25 octobre 1865 à Réguisheim, Ernest Weill avait fréquenté de 1880 à 1886 l'Ecole Rabbinique préparatoire de Colmar (sise boulevard Saint Pierre), fondée par les trois consistoires de Strasbourg, Metz et Colmar, pour assurer une préparation supérieure aux garçons qui se vouaient au rabbinat. Il passa son "Abitur" en 1886, puis fut un des premiers élèves alsaciens à fréquenter le Séminaire orthodoxe de Hildesheimer à Berlin. Toute sa vie, Ernest Weill restera fidèle à l'enseignement qu'il aura reçu, et aux options religieuses qui y étaient professées.
Il obtiendra son premier poste rabbinique à Fégersheim en 1891. Six ans plus tard il est nommé à Bouxwiller, où déjà il excellait dans l'art de former des disciples, à tel point que lorsqu'en 1899 l'école Rabbinique préparatoire de Colmar ferma ses portes, reprenant l'ancienne coutume, c'est autour d'Ernest Weill que se regroupèrent de nombreux jeunes qui lui restèrent toujours fidèlement attachés, et dont certains embrassèrent la carrière rabbinique.
Doté d'une volonté de fer, d'une puissance de travail peu commune,
d'une mémoire des plus extraordinaires, Ernest Weill avait un ardent amour
pour l'étude, à laquelle il s'adonnait autant que faire se pouvait.
Ne raconte-t-on pas que le grand rabbin Schapiro de Lublin n'avait pas manqué
de marquer son agréable surprise d'avoir rencontré à l'extrémité
de l'Europe de l'ouest, un maître d'une telle envergure, possédant
une si grande connaissance talmudique et un pareil esprit de sacrifice pour
la Torah ?
Il en aura bien besoin pour la suite de sa carrière...
En effet, Ernest Weill avait refusé le poste de grand rabbin du Bas-Rhin
à cause de l'orgue, celui de directeur de l'Ecole Rabbinique de Paris par
"scrupule religieux", et comme l'écrira en 1957 le grand rabbin Joseph
Bloch de Haguenau :
"Ernest Weill était aussi peu fait pour la communauté
de Colmar qu'elle-même était peu désignée pour le grand
rabbin Weill".
Ne lui prête-t-on pas un jeu de mots selon lequel "Colmar" serait la traduction
hébraïque de l'expression "Kol mar", "tout est amer" !
Et lors de son décès le 2 avril 1947, sa famille refusa qu'il soit
inhumé dans le cimetière de la ville dont il avait été le
grand rabbin en titre pendant près de trente années.
Installé à Colmar le 14 septembre 1919, Ernest Weill, malgré
les tracasseries dont il fut l'objet de la part de ses opposants, y atteignit
le sommet de son sacerdoce. C'est à Colmar qu'il fonda l'Association des
Amis de la Tradition Juive en 1922. C'est encore à Colmar qu'il rédigea
la plus grande partie de son Shoul'han Aroukh abrégé.
C'est à partir de Colmar qu'il réussit à fonder la Yeshiva de
France établie en 1933 à Neudorf aux portes de Strasbourg. Cette institution
fut le premier établissement en France, hormis l'Ecole Rabbinique de Paris,
à prôner l'étude de la Torah et de la science talmudique de façon
intensive et méthodique.
On dénombre 77 élèves qui fréquentèrent la Yeshiva
de Strasbourg entre sa création et la veille de la seconde guerre mondiale.
Des maîtres prestigieux furent appelés par le grand rabbin Weill,
parmi lesquels Rav Simh'a Wasserman et Rav Chajkin qui continuera
à diriger la Yeshiva à Aix-les-Bains où elle fut recréée
au lendemain de la seconde guerre mondiale.
[Le grand rabbin Ernest Weill était le père du Docteur Joseph Weill (n.d.l.r.)]
Simon Fuks
Pages de Simon Fuks |
Né le 9 avril 1911 à Dobjyn en Pologne, Simon Fuks passa son enfance
à Genève où ses parents lui firent donner une instruction poussée,
par différents "Rebbe" privés. A l'âge de 13 ans il entra au
Petit Séminaire de la rue Vauquelin à Paris, et après son baccalauréat,
entama des études rabbiniques à Paris, qu'il termina en 1933.
(
)
Il rejoindra Colmar au printemps 1945 et prendra prit alors une part prépondérante
à la reconstruction de la Communauté d'après guerre, avec ses
institutions. A ce titre, Simon Fuks assumera l'intérim du Grand rabbin
Ernest Weill qui resta à Aix-les-Bains de 1945 à 1947, et le secrétariat
général du Consistoire.
Simon Fuks fut nommé grand rabbin du Haut-Rhin en octobre 1947.
(
)
Grand rabbin honoraire depuis son départ à la retraite en 1986, Simon
Fuks continue d'exercer une activité discrète et appréciée
au sein de sa Communauté, qu'il a toujours considérée comme étant
sa véritable famille.
Nous nous souhaitons de pouvoir bénéficier de longues années
encore, de ses conseils avisés, et de sa profonde sagesse.
Jacky Dreyfus
Page
de Jacky Dreyfus |
A l'instar de ses prestigieux prédécesseurs, il ne peut qu'adhérer
à cette définition de sa mission, telle que la formulait le Consistoire
Israélite du Haut-Rhin en 1830 :
"Le
grand rabbin doit posséder à fond toutes les connaissances religieuses
et scientifiques, bien prendre la tâche difficile que lui imposent
les hautes fonctions de son ministère, donner l'exemple du dévouement,
concourir à amener et même à provoquer toutes les améliorations
possibles parmi les Israélites, encourager les bonnes murs et
l'instruction...
...Pour obtenir ces résultats, ne faut-il pas qu'un grand rabbin joigne à
des connaissances étendues, un ferme attachement à notre culte, tout
en pratiquant une douce tolérance, que sa réputation et sa conduite
ne soient obscurcies par aucune tache, qu'il donne l'exemple de tout ce qui
est bien, moyen infaillible pour s'attirer la vénération générale
et rendre facile la pratique des devoirs à tous ?"
Ici s'arrête l'article du grand Dreyfus. Il a exercé ses fonctions jusqu'en 2009, puis s'est installé en Israël.
Claude Yaacov Fhima
Article de L'Alsace, 9 novembre 2009
: Claude Fhima installé grand rabbin du Haut-Rhin
Le dixième grand rabbin du Haut-Rhin a été officiellement
installé dans son ministère hier en fin d’après-midi,
dans la synagogue consistoriale de
Colmar. Ce dimanche était jour de joie pour la communauté
israélite du département. Claude Yaacov Fhima, le nouveau grand
rabbin du Haut-Rhin, prenait officiellement ses fonctions dans la synagogue
de la rue de la Cigogne à Colmar. Il devient ainsi le successeur de
Jacky Dreyfus, qui a pris sa retraite en juillet dernier.
Claude Fhima est le dixième grand rabbin du Haut-Rhin et le premier
né à Colmar. Précédemment en poste pendant 23
ans à Sarreguemines,
il est venu s’installer dans la cité de Bartholdi avec son épouse
et ses enfants. Après avoir fréquenté les écoles
talmudiques de Hégenheim et d’Aix-les-Bains, et lors d’un
séjour en Israël, le nouveau grand rabbin a parfait ses connaissances
au prestigieux séminaire de Paris, dont il est lauréat.
Jean-Pierre Weil, président de la Communauté israélite
de Colmar puis Yvan Geismar, président du Consistoire israélite
du Haut-Rhin, ont tour à tour rendu hommage aux qualités du
nouvel arrivant parlant d’un homme de conviction et de cœur, dont
ils ont souligné le "grand sens du devoir". La cérémonie
d’installation a eu lieu en présence de Myriam Fhima, la mère
du rabbin, qui avait fait le déplacement de Jérusalem et que
les membres de la communauté colmarienne ont eu plaisir à revoir.
Gilles Bernheim,
grand rabbin de France, et de nombreuses personnalités israélites
entouraient Claude Fhima. Dans l’assistance, on reconnaissait, notamment,
Pierre-André Peyvel, préfet du Haut-Rhin, ainsi que des représentants
des instances religieuses, civiles, judiciaires et militaires du département
et de la ville de Colmar.