Voici publiés, les volumes 2 et 3 qui clôturent ce gigantesque travail de mémoire, qui a mobilisé depuis plusieurs années de nombreuses énergies.

Page après page, 1259 stèles nous révèlent leurs secrets et sous nos yeux se reconstituent progressivement la vie et l'histoire de la communauté juive de Wintzenheim et de quelques villages environnant. Les éléments naturels peuvent poursuivre sur le tendre grès rose leur lente et inexorable oeuvre d'érosion, les descendants des familles, mais aussi les historiens et les chercheurs, auront à leur disposition dans les bibliothèques et les centres d'archives, une base documentaire qui traversera les générations. Tout ce qui était visible a été photographié, tout ce qui était déchiffrable a été relevé et traduit. La mém oire du cimetière israélite de Wintzenheim et des êtres chers qui y reposent est à présent préservée, mission accomplie…

La route a été longue, souvent semée d'embûches, et parfois cruelle avec les initiateurs de ce projet.
Notre ami Georges Halbronn a été rattrapé par la maladie avant de pouvoir terminer cet ouvrage qui lui tient tant à coeur et pour lequel il s'est tant investi. Je veux ici le remercier chaleureusement de tous ses efforts qui n'auront pas été vains, sa méthodologie et ses travaux préparatoires ont permis d'achever cet ensemble exceptionnel, qui reste en grande partie son oeuvre.
Monique Ebstein-Raphaël ne verra pas la fin de cette quête mémorielle qui l'avait passionnée. Descendante des grandes familles de Wintzenheim par son grand-père Gustave Ebstein et par sa grand-mère Mathilde Wormser, elle nous a quittés au début de l'année 2013, entourée de l'affection de son époux le professeur Freddy Raphaël. (...).

Une aventure s'achève, mais d'autres nous attendent. Ils sont encore nombreux ces cimetières, souvent seuls témoins en partie épargnés de la présence d'une communauté juive rurale, dont chaque stèle recèle et révèlera, une part de l'histoire du judaïsme alsacien et lorrain.

Ainsi s'achève avec ce dernier tome, l'étude des sépultures du cimetière israélite de Wintzenheim. Ce lieu de recueillement continue et continuera à accueillir les défunts qui auront exprimé le voeu de reposer dans leur cimetière familial, auprès de leurs ancêtres et parents. D'autres que nous, dans cinquante ans peut être, écrirons alors de nouvelles pages de l'histoire de la Communauté Israélite de Wintzenheim.

Les auteurs de l'ouvrage ont souhaité clôturer l'oeuvre accomplie par deux hommages particuliers et bien légitimes :

• Le premier de ces hommages nous rappelle la mémoire du professeur Marc Bloch. Son nom orne aujourd'hui le fronton de l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg dont il fut un illustre professeur. L'oeuvre considérable de Marc Bloch, universellement reconnue, apparaît de plus en plus décisive aux historiens et aux chercheurs de notre temps. Son attachement sans concession à la République et à ses valeurs, dans la continuité d'un engagement familial précoce et constant depuis la Révolution Française, le conduira à s'impliquer corps et âme dans la Résistance à l'occupant, il lui en coûtera la vie.
• Le second hommage concerne les déportés, celles et ceux à qui l'on a refusé le droit à la plus élémentaire des sépultures, les barbares leur avait dénié le droit même d'exister. Leurs divers parcours dans la tourmente, à la recherche d'un asile protecteur, les mèneront au même tragique destin. Leur souvenir est gravé dans le granit du monument aux morts, dans nos mémoires et désormais entre ces pages.