Le Livre de Mémoire du Cimetière Israélite de Wintzenheim
Tome 1 : 1796-1881


Fruit d'un extraordinaire travail de recherche mené sur plusieurs années par Georges Halbronn et Freddy Raphaël, cet imposant livre de mémoire (21cmx29cmx3cm, 543 pages, 1,4 kg) qui concerne la plus importante communauté juive de Haute-Alsace, avant la Révolution, se présente en deux parties :
  • Une première dans laquelle, sous forme d'une fiche détaillée, chaque stèle photographiée livre ses secrets : traduction de l'épitaphe en hébreu, identification et contexte familial du défunt.
  • Une seconde, de près de 80 pages reconstitue l'arbre généalogique des principales familles de Wintzenheim.

Le tome I ( 1796-1881, 543 pages) est toujours disponible au prix de 75,00€
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PRÉSENTATION
(Extrait de l'ouvrage, pp. 9-12)

La Région Alsace et la Direction Régionale des Affaires Culturelles ont eu leur attention attirée sur le fait que la plupart des monuments juifs en Alsace avaient disparu et que les cimetières en étaient une partie peu représentée dans les archives régionales. Constatant le risque que représente le processus de dégradation des stèles qui subsistent, elles ont bien voulu financer à partir de 2006 :

En outre le relevé topographique du champ des tombes de ces deux cimetières par la Fachhochschule de Wiesbaden a été financé par ces mêmes Pouvoirs Publics.

Le cimetière israélite de Wintzenheim

Avant la Révolution, la communauté israélite de Wintzenheim était la plus importante de Haute Alsace, précédant de peu celle de Hégenheim. Comme l'indique M. Ivan Geismar, ses défunts étaient alors inhumés à Jungholtz ; l'ouvrage de Moïse Ginsburger (Der Israelitische Friedhof in Jungholtz, Guebwiller 1904) indique qu'en 1779, 46 familles de Wintzenheim, 6 de Ingersheim et 2 de Turckheim y possédaient des concessions.

C'est en 1796 que la communauté de Wintzenheim obtint l'autorisation d'ouvrir son propre cimetière ; pour ce faire, elle acquit un terrain de 27 ares en bordure de l'actuelle rue de Turckheim. Les défunts des trois bourgades citées ci-dessus (et pratiquement d'elles seules) se retrouveront dès son origine au cimetière de Wintzenheim qui fut agrandi en 1826 par l'acquisition d'une parcelle de 15 ares 60.

Lorsque l'on entre par le portail situé au centre de la clôture rue de Turckheim, un vaste espace gazonné, nu, se présente aux yeux du visiteur ; à cette place s'élevaient les tombes détruites au XXe siècle dans les conditions exposées par MM. Geismar et Raphaël. A gauche de cet espace se trouvent les tombes anciennes, disséminées, datant de 1796 aux années 1860 dont 355 stèles subsistent et, à droite, les tombes plus récentes disposées en rangées clairement identifiables. La première d'entre elles porte au dos le n° 706

Le présent volume se limite à la reproduction et à l'identification des seules tombes anciennes. En outre, pour la même période, l'identification des personnes inhumées dont la stèle a disparu est fournie, dans la mesure du possible, grâce aux indications du registre évoqué ci-dessous et à la recherche des actes d'état civil.

Le Registre du cimetière israélite de Wintzenheim

Au nom de la Communauté de Wintzenheim et de l'Association pour la conservation et l'entretien du cimetière de Wintzenheim, Ivan Geismar nous a communiqué un document manuscrit qui porte mention de tombes numérotées de 1 à 1250, numéros qui se retrouvent au verso des stèles qui subsistent. La première remonte au 03/12/1796 et la dernière citée est datée de 1995, mais la plus récente relevée sur le site date de 2011. Comme l'état civil débute en 1793, les problèmes qui se posent à Rosenwiller pour les tombes antérieures ne se présentent pas ici.

Les premières tombes anciennes sont les plus proches de la route de Turckheim, celles qui suivent s'en éloignent, sans être organisées en rangées bien nettes comme c'est le cas dans la partie plus récente ou au cimetière de Rosenwiller.

L'origine de ce document, dont chaque ligne est abrégée sous le sigle R.C.I.W., n'est pas connue. Cependant, le registre s'ouvre par deux arbres généalogiques : l'un est relatif à la famille Cahen-Wormser et cite un nom, Georges Cahen, fils de Michel Cahen (tombe 1019) et Caroline Wormser (tombe 1116) ; l'autre est relatif à une famille Bloch-Ebstein et cite le nom du père Camille Bloch (tombe 1223a) dont l'épouse est Suzanne Ebstein (tombe 1123b). Ceci donne une piste pour retrouver les deux rédacteurs de la plus grande partie de ce manuscrit dont l'écriture semble identifiable jusqu'en 1937.

A l'époque où il a été rédigé, les registres tenus au cimetière devaient encore exister ; on en trouve la preuve par exemple dans la ligne relative à la tombe 55 : "Loisi Frumt 5 Nissan 5571" mais ceci est exceptionnel. Plus généralement, l'année de décès est indiquée. Nous apprenons ainsi que la première tombe concerne l'honorable Elh'anan surnommé Honel fils d'Elyakoum, surnommé Goetsch Picart, inhumé en 1797 (décédé le 17/12/1796 d'après l'acte d'état civil). Les dix tombes suivantes concernent des personnes décédées en 1827 ou 1828, ce qui est inhabituel. Jusqu'à 1813, les dates d'inhumation se succèdent sans ordre chronologique ; celui- ci réapparaît ensuite.

Après 1808, un grand nombre de notices du registre sont pourvues d'indications, en particulier la date exacte du décès est indiquée ; il est alors aisé de retrouver les actes qui se situent tous à Wintzenheim. Deux écritures alternent et les dépouillements s'étendent bien au-delà de 1892, date où cessent les actes d'état civil numérisés aux archives départementales ; les rédacteurs ont donc exécuté leurs consultations en mairie. Plus aucun acte n'est transcrit avec une telle précision après l'inhumation dans la tombe 1121, en 1938.

En ce qui concerne les autres décès, leur lieu (ou le lieu de résidence du défunt ?) est généralement indiqué. Il s'agit presque toujours d'Ingersheim, Turckheim ou plus tard Colmar.

A partir des photographies, les épigraphes (ou ce qui en reste) ont été transcrites et traduites. Elles fournissent, dans les cas les plus favorables, dans leur version synagogale : le prénom d'origine du défunt (ou de la défunte), celui de son père ainsi que celui de son époux (pour les femmes mariées), l'énumération de ses mérites et, enfin, sa date de décès et/ou d'inhumation.

L'ensemble des renseignements ainsi collectés a permis de rédiger une fiche pour chaque stèle ancienne qui subsiste, comportant sa photographie, la transcription et la traduction de l'épigraphe et une note généalogique. Ces informations ont été complétées par celles provenant des sources suivantes :

L'absence des registres de prise de nom de Turckheim est gênante mais les actes antérieurs et postérieurs à cette date permettent le plus souvent d'y suppléer. Lorsque plusieurs sources sont contradictoires, celles qui semblent inexactes sont mises entre crochets.

Les stèles disparues jusqu'à la tombe 705 ont fait l'objet de fiches particulières reproduisant la mention du registre ; celle-ci a permis dans beaucoup de cas de compléter la fiche par une identification du défunt, malgré l'absence d'épitaphe.

Pour tous les couples, les renseignements les plus fiables et les plus complets sont fournis par l'acte de mariage, enregistré le plus souvent au lieu de naissance de l'épouse alors que le couple s'établit au lieu de résidence de l'époux ; ceci a permis de retrouver un grand nombre de ces actes dont les données sont reproduites.

Comme le nombre de familles inhumées à Wintzenheim est limité, plutôt que d'établir un index, il nous a paru instructif de présenter des listes renseignées (naissance N, contrat de mariage C.M., mariage U, décès D, n° de tombe) des descendants d'une même famille inhumés à Wintzenheim ; en voici la liste - en l'absence de nom de lieu, l'ancêtre est de Wintzenheim, ainsi que les actes cités (à l'exception d'Ingersheim et de Turckheim, où c'est le nom de cette commune qui ne figure pas) :

Arbre Bloch Alexandre
Arbre Bloch Alexandre le jeune
Arbre Bloch David
Arbre Bloch Gerson
Arbre Bloch Goetschel (Soultz)
Arbre Bloch Isaac
Arbre Bloch Joseph (Ingersheim)
Arbre Bloch Juda
Arbre Bloch Moyse
Arbre Bloch Lazare (Turckheim)
Arbre Geismar Joseph (Turckheim)
Arbre Gros Aron (Wettolsheim)
Arbre Gros Isaac (Westhouse)
Arbre Hirtz Joseph (Stuttgart)
Arbre Hirtz Moyse (Neuwiller)
Arbre Levy Goetschel
Arbre Lévy Isaac
Arbre Lévy Jacob
Arbre Lévy Naftaly
Arbre Meyer Félix (Husseren)
Arbre Picard Goetschel
Arbre Picard Jacob
Arbre Picard Samuel
Arbre Schwab Jacques (Pfastatt)
Arbre Schwab Marx (Wettolsheim)
Arbre Weil Jacques
Arbre Werth Jacob
Arbre Wormser Jacob
Arbre Wormser Mosché

Afin de limiter la taille de chacune de ces listes, certaines des personnes têtes de listes descendent d'un père commun dont on ne connaît que le nom, ainsi :

Lorsque deux personnes unies paraissent chacune dans un de ces arbres, leurs doubles mentions renvoient l'une à l'autre, et la descendance est affectée au seul époux.
La fiche de chaque conjoint, lorsque il figure dans une de ces listes, indique dans quel arbre il se trouve et sous quel numéro.

Un des avantages de ce genre de documents est de faire ressortir des anomalies de générations. Ainsi un Alexandre Bloch ayant eu des enfants de 1700 à 1709 pouvait apparaître comme ayant eu également des enfants de 1727 à 1734 ! Or l'ouvrage sur le 250e anniversaire de la synagogue de Wintzenheim nous indique qu'un Alexandre Bloch, beau-père de Hirsch Kahn fils d'un rabbin de Sulzburg, fut expulsé de Wintzenheim en 1764. Comme le C.M. du 19/08/1761 à Biesheim montre que Naftaly "Hirsch" Kan fils du rabbin Isaac de Sultzburg habitant Wintzenheim épouse Reiselé Bloch de Wintzenheim fille de Alexandre fils de Benjamin, celui-ci est un Alexandre Bloch beaucoup plus jeune, non identifié par ailleurs.

Rappelons enfin ce qu'a écrit Pierre Katz en ce qui concerne les prénoms portés sur les actes :

"En application du décret impérial du 20/07/1808 dit "Décret de Bayonne", chaque juif a dû adopter un nom de famille et un prénom fixes: la situation des prénoms est complexe car on mélange les prénoms juifs d'origine et les prénoms d'état civil ; par exemple Abraham Kahn a un fils auquel il donne le prénom de Juda ; à la synagogue il sera donc Juda ben Abraham ; mais dans sa famille et dans le village il sera Leibel : en effet l'emblème de la tribu de Juda est le lion, Loeb en allemand qui se dit en judéo-alsacien Leib et donne le diminutif affectueux Leibel. Mais à l'état civil, notre Juda ben Abraham, dit Leibel, deviendra lors de la prise de nom patronymique Kahn Lazare, se mariera sous le nom de Kahn Léon et mourra sous le nom de Kahn Léopold. Pour les filles, la situation est la même ; une fille qui a le prénom juif de Blümel ("petite fleur" en alsacien) deviendra, dans les actes d'état civil Flore, Fleurette ou Marguerite (on reste dans le domaine floral), même si, en 1808, son père lui a donné le prénom de Cunégonde ou d'Adélaïde."

Ajoutons que, dans certains actes, les identités des personnes citées portent trace de leur nom d'avant 1808 ; il ne faut pas s'étonner de ces bizarreries lorsqu'on est certain qu'il s'agit toujours d'uns seule et même personne.

A partir de 1893, les identités des défunts ne sont plus dans les archives numérisées mais résultent pour nous uniquement du registre ; la plupart des actes de décès de ces défunts ont été relevés ; ils seront publiés au titre des stèles nouvelles. Nous en avons néanmoins mentionné quelques-uns dont la relation avec des personnalités citées dans le présent volume est claire.

Georges HALBRONN          

Exemple de fiche
Cimetière de Wintzenheim : Tombe 229

R.C.I.W. Jonas [Alexandre] Wormser fils de Chayim [Martin] inhumé en 184[1]

Note généalogique

Jonas Wormser fils de Heymann David Wormser
et Léa Aron (D.1784 Wintzenheim 64e famille)
épouse :

a) Jachet Meyer décédée le 29 frimaire X
(20/12/1801) à Wintzenheim

PNP 1808 Wintzenheim n° 285 Jonas veuf

b) Caroline Meyer
E.C. Mariage à Rixheim le 01/09/1824 de Jonas
Wormser relieur de livres âgé de 50 ans, fils des
défunts David Haymann Wormser (tombe 116)
et Lia Aron (tombe 129), veuf de Jachet Meyer
décédée le 20/12/1801 à Wintzenheim avec
Caroline (Keilah) Meyer 30 ans de Rixheim
fille de feux Léopold Meyer et Dina Bloch

E.C. Décès le 28/09/1840 à Wintzenheim de
Jonas Wormser 68 ans 6 mois 18 jours fils des
feux Caïn Heymann Wormser et Léa Aron,
époux de la vivante Caroline Meyer

Décès Keilah 13/05/1865 (tombe 505, disparue)

Traduction

Ici repose
Un homme de valeur, l'honorable
Jonas fils de Hayim
Wurmser d'ici (Wintzenheim),
décédé en bonne renommée
le 1e jour, premier jour de Rosh Hashana 601,
selon le petit comput. Que son âme soit liée au
faisceau des vivants
en compagnie des autres hommes et femmes justes.
Amen

(décédé le lundi 28/09/1840)

(Les mentions du registre entre crochets résultent
d'une confusion des rédacteurs avec l'acte de décès
du défunt inhumé dans la tombe 237
)







WORMSER Jacob n° 11a12

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