Sources :
L'Association Charles Péguy possède peu d'archives : seuls
subsistent les dépliants de communication qui annoncent les programmes
annuels de l'association, éventuellement des activités plus
exceptionnelles, et ce en série continue de 1991-1992 à 2002-2003.
De plus, de 1992-1993 à 1995-1996 a paru une lettre annonçant
les événements touchant au dialogue judéo-chrétien
ou au judaïsme à Strasbourg et Mulhouse,
mais nous n'avons pas utilisé cette source car elle mentionne des
activités qui ne sont pas organisées par l'Association Charles
Péguy, mais par l'Amitié Judéo-chrétienne, la
Synagogue et le Cercle Wladimir Rabbi. La multitude des organisateurs, des
thèmes en question et la brièveté de la période
concernée rendent ce document difficilement exploitable et peu significatif.
Enfin, il existe une lettre circulaire interne, rédigée par
Mme Cuche depuis 1991 à raison de 6 ou 7 par an, de un ou plusieurs
feuillets, qui annonce les grandes dates, donne à lire des articles
et propose des pistes de réflexion et de prière. Là
encore, cette source a paru peu représentative puisque le seul auteur
en est Mme Cuche. Quoique intéressant, ce document ne permet pas
de saisir réellement la nature des activités de l'Association
et leur évolution. Nous nous sommes donc limités à
la liste des conférences et activités de l'association, ainsi
que des intervenants et lieux de rencontre.
Article 2 : ButsComme on le voit, ce n'est pas tout à fait une association de dialogue interreligieux, dans la mesure où il s'agit essentiellement d'une association à but didactique à l'intention des chrétiens. Le but est de mettre en œuvre les directives du Vatican sur les rapports des chrétiens avec le judaïsme, et on voit que les principaux thèmes de la littérature catholique dans ce domaine sont repris : la connaissance de la foi, de l'histoire et de la culture du peuple juif, dans un esprit de dialogue, de respect mutuel et d'amitié, en s'attachant particulièrement à essayer d'entrer dans la compréhension que le judaïsme a de lui-même et à étudier les racines juives de la foi chrétienne.
L'Association entend agir en conformité avec l'inspiration chrétienne qui l'a fait naître et se donne pour but de contribuer à la connaissance de la foi, de l'histoire et de la culture du peuple juif, dans un esprit de dialogue, de respect mutuel et d'amitié, en s'attachant particulièrement à essayer d'entrer dans la compréhension que le judaïsme a de lui-même et à étudier les racines juives de la foi chrétienne.
Article 3 :
Pour atteindre ces buts, l'Association se propose notamment :
- de fonder un Centre de documentation sur le judaïsme ouvert au public,
- d'organiser des cours, cycles de conférences, journées de formation, etc., en rapport avec ses objectifs,
- de diffuser une information en rapport avec ses objectifs par voie de tracts, bulletins, affiches, expositions, etc.,
- d'intervenir dans la formation et l'information des groupes, organismes, institutions qui le lui demanderont dans le respect de ses statuts, d'agir concrètement pour lutter contre l'antisémitisme."
Le but est donc de substituer à "l'enseignement du mépris" l'enseignement de l'estime que Jules Isaac a appelé de ses vœux dans Jésus et Israël. Cela se fait par une communication très active à l'attention des chrétiens et de l'ensemble de la société. En effet, les dépliants de l'association sont présents dans les paroisses strasbourgeoises et on trouve des affiches annonçant les conférences dans les couloirs de l'université (les conférences se tiennent régulièrement au Palais Universitaire).
Actions :
L'A.J.-C.F. a pour tâche essentielle de faire en sorte qu'entre judaïsme et christianisme la connaissance, la compréhension, le respect et l'amitié se substituent aux malentendus séculaires et aux traditions d'hostilité.Il ne s'agit donc pas d'une association confessionnelle comme l'Association Charles Péguy. Dans l'absolu, nul besoin d'être Juif ou chrétien pour y adhérer. L'exigence se place dans l'honnêteté de la démarche et surtout dans sa rigueur. C'est ce que démontrent les sujets des conférences tenues à Strasbourg depuis les années soixante.
Elle veut, en particulier, par un dialogue fraternel et par une coopération active et amicale, travailler à réparer les iniquités dont les juifs et le judaïsme ont été victimes depuis des siècles, à en éviter le retour, et à combattre l'antisémitisme et l'antijudaïsme dans toutes leurs manifestations.
Elle exclut de son activité toute tendance au syncrétisme et toute espèce de prosélytisme. Elle ne vise aucunement à une fusion des religions et des Eglises. Elle ne réclame de personne aucune abdication ni renoncement à ses croyances ; elle n'exige ni exclut aucune appartenance religieuse ou idéologique. Mais elle attend de chacun, dans la conscience de ce qui distingue et de ce qui unit juifs et chrétiens, une entière bonne volonté, une totale loyauté d'esprit dans la recherche, en même temps qu'un rigoureux effort de vérité. (18)
"Ceux qui, de longue date déjà, conçoivent ce groupement sur une base uniquement confessionnelle, se sont refusé à toute évocation des événements concernant l'Etat d'Israël dans leurs réunions et leurs déclarations. Ceux qui au contraire donnent une base allant au-delà d'une définition confessionnelle à l'Amitié judéo-chrétienne, et c'est le cas du groupe de Strasbourg ont par contre pris position à l'occasion de la crise au Moyen-Orient. On en trouve une expression dans plusieurs motions, et notamment dans celle adoptée par le comité directeur le 19 novembre1967 affirmant "que l'existence indépendante et souveraine de l'Etat d'Israël ne sauraient être matière à discussion, et que les chrétiens ne voient aucun motif théologique pour s'opposer à la garde des lieux saints par Israël". De même, après la conférence de presse du Général de Gaulle, l'A.J.C. a publié une déclaration regrettant "profondément que le Président de la République ait cru devoir se servir pour caractériser les juifs dans leur ensemble, d'expression qui risquent d'alimenter l'antisémitisme dont ils ont si abominablement souffert dans un passé récent".Cet article nous permet d'appréhender un second rôle de l'Amitié : il apparaît que la section strasbourgeoise a assumé un rôle de réflexion face aux événements et à la politique française et internationale, notamment par le biais de son comité directeur et de motions votées.
Au bout de quelques temps, j'ai créé avec des femmes catholiques et protestantes une association (hommes et femmes) qui se réunissait une fois par mois dans le couvent des Franciscains, pour une soirée d'études, dont le mot d'ordre était "écouter l'autre" et le comprendre. Ce furent non seulement des soirées d'étude et de compréhension mutuelle, mais des soirées d'amitié profonde. Et cela se perpétue jusqu'aujourd'hui : je suis en relation profondément amicale et téléphonique avec un certain nombre des membres de l'association.Une de ses amies juives dit être "rentrée au Groupe biblique interconfessionnel par Mme Warschawski avec la peur d'être influencée, donc j'ai longtemps écouté avant de parler, cela m'a poussé à étudier, je suis active. Le GBI pousse à prendre position par rapport à soi-même".
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