Elfrid BERGMANN
1925 -


Film produit et réalisé par © Haïm SHIRAN - février 2013
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Elfrid est née en 1925 à Cracovie, fille de Ignace-Isaac LIBAN et de Frania née HAGEN. Les parents d'Ignace possédaient une ferme à Siepraw, non loin de Cracovie dans le district de Wielicka. La famille de Frania était installée à Cracovie et habitait dans le quartier de Kazimierz. En 1926, Elfrid et ses parents quittèrent la Pologne pour la France. Ils s'installèrent à Strasbourg, sans doute parce qu'on y parlait aussi l'allemand, une langue que ses parents maîtrisaient parfaitement. Elfrid fréquenta d'abord le jardin d'enfants du Collège Lucie Berger (où elle apprit le français), puis le lycée de jeunes filles, annexe Sévigné et le lycée rue des Pontonniers. Elle suivit les cours du Talmud Torah au quai Schopflin. Elle fut petite aile, éclaireuse, mais ne fut jamais totémisée, parce que ses parents refusaient de la laisser participer à un camp ! Elle suivait tantôt ses parents à la synagogue Adath Israël ou s'aventurait seule à la synagogue du quai Kléber. Elle eut bientôt des amies dans tous les milieux, elle découvrit le Mercaz, rue Oberlin, les oneg chabat chez Rachel et Leo Cohn, place de Zurich.

L'idée du sionisme était loin d'être étrangère à Elfrid. Son père était révisionniste et elle fut élevée dans le culte de Jabotinski, dont le portrait ornait d'ailleurs le mur d'une des pièces. Le " jeune Betar" a été fondé dans la maison de ses parents et elle se souvient vaguement des conférences et des excursions organisées par son père, et aussi des vives discussions avec des sionistes d'autres obédiences.

Ses parents lui ont inculqué la dignité d'être juive et les devoirs que cela comporte : justice, charité et connaissance de l'histoire du peuple juif. Quoique non rigoureusement pratiquants, les Liban menaient une vie juive " traditionnelle" qu'Elfrid, sous l'influence des E.I. et de ses fréquentations, fit peu à peu pencher vers plus de pratique.

Quand la guerre fut sur le point d'éclater, fin août 1939, les Liban prirent la route (comme beaucoup d'autres) après avoir entassé dans la voiture tout ce qu'il était possible d'emmener. On fit une première halte à Senones dans le département des Vosges, mais après une quinzaine de jours, la guerre ayant été déclarée, une partie de l'est de la France devenue zone interdite, on s'engagea dans un long voyage vers le Centre de la France, pour aboutir enfin dans le département de la Dordogne, qui était assigné aux réfugiés de Strasbourg.

Elfrid entra en classe de Troisième au lycée de jeunes filles de Périgueux. Après avoir passé le bac, elle s'inscrivit à l'Ecole de Droit à Limoges et passa tous ses examens jusqu'à la licence, en travaillant seule chez elle et passant les épreuves à Limoges et à Poitiers

En mai 1945, ce fut le retour à Strasbourg et la réadaptation à la vie normale. On rouvrit le magasin TAPIS LIBAN. Pour Elfrid, encore une année d'études à la faculté de droit et puis, la rencontre avec Léon Bergmann, jeune médecin en début de carrière. Mariage célébré en Septembre 1947, à la synagogue de la rue Kageneck, par le rabbin Deutsch qui fut le maître aimé et respecté de toute cette génération.


Léon Bergmann jeune

Elfrid jeune

Mariage d'Elfrid Liban et de Léon Bergmann


Elfrid, enfant, avec ses parents

Ignace et Frania Liban , les parents d'Elfrid

Léon avait vécu, lui aussi, comme presque tous les juifs une guerre pleine de péripéties. Les deux premières années d'études de médecine se passèrent à Nancy. Il fut mobilisé dans l'armée tchèque, fut "médecin" pendant un temps (??) au camp d'Agde, fut auditeur libre à la faculté de médecine de Montpellier, s'évada après avoir été arrêté à Saint-Céré par la police de Vichy et rejoignit le maquis des E.I. au camp de Vabres, dans la Montagne Noire. Il finit ses études après la libération à la faculté de Montpellier.

Le jeune couple s'installa d'abord à Ars-sur-Moselle, près de Metz et, après trois ans, déménagea à Strasbourg, où Léon exercera jusqu'à leur alya. Elfrid et Léon Bergmann ont toujours essayé, dans le foyer qu'ils fondèrent, de développer l'amour, la pratique et la connaissance du judaïsme.

Léon Bergmann avait été élevé dans un milieu religieux. Il avait aussi étudié - et continua d'étudier jusqu'à la fin de sa vie - les textes juifs, la grammaire et l'hébreu et fut le premier maître de ses enfants.

A Strasbourg, toute l'activité non professionnelle de Léon et celle d'Elfrid était centrée sur la vie communautaire. Période excitante, pleine de défis puisqu'il fallait reconstruire la communauté de Strasbourg et aussi travail avec des amis qui devaient presque tous se retrouver plus tard à Jérusalem. Léon fut un membre de la commission administrative de la Communauté et le président de la commission Israël. Lors de la venue des Juifs d'Algérie, il fut l'un des organisateurs du service médical et d'hygiène dans les locaux où transitèrent les nouveaux venus. Il réussit à former un cercle d'hébraïsants et d'élèves hébraïsants pour l'étude et la diffusion de l'hébreu. Ce fut sa connaissance de la langue et de sa culture qui lui ouvrit, plus tard, les portes de la Knesseth.

Elfrid fut la fondatrice de la première Wizo-Aviv (Jeune-Wizo) de France et pendant dix ans, présidente de la Wizo Strasbourg, succédant à Julienne Hertz dont la forte personnalité avait doté cette organisation d'un renouveau de prestige.
Elle fut membre de la commission culturelle de la communauté, une des fondatrices du GLIF, groupe de liaison des organisations féminines juives et coorganisatrice des relations avec les organisations féminines non juives de Strasbourg, en collaboration avec la regrettée Mireille Warschawski.

Elfrid et Léon Bergmann ont eu deux enfants. Alain est né à Metz en 1948 et Fabienne naquit à Strasbourg en 1950. Tous les deux firent leur alya, respectivement en 1970 et en 1968.

En 1979, Léon prit une retraite anticipée pour cause de maladie et ce fut la montée en Israël (Avec Mami Liban, le père d'Elfrid étant décédé en 1966)

Malgré le choc provoqué par tout changement - de lieu, de culture, de société - l'acclimatation fut relativement facile, surtout pour Léon, qui fut pendant dix ans le médecin de la Knesseth. Les enfants se marièrent, eurent des enfants et la famille s'agrandit. Mami nous quitta en 1987.

La vie s'assombrit soudain avec le décès de Léon en 1998. Il n'eut pas la joie de connaître tous ses arrière-petits-enfants (sauf les deux premiers). Elfrid, par contre, est "l'aïeule" d'une nombreuse descendance, très proche d'elle, qu'elle aime passionnément et dont elle est aimée. Consciente de cette bénédiction, elle en jouit avec reconnaissance.


Léon Bergmann en Israël

Elfrid et Léon Bergmann à Jérusalem

Sortie avec la famille de Fabienne Bergmann en août 2012

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