Deux faits marquent les dernières années de présence du rabbin Edmond Schwob (1965-1981) à Haguenau au plan communautaire. Il s'agit, en premier lieu, sous la présidence de Monsieur Gaston Corbeau (1907-2003), de l'inauguration d'un nouveau Sepher Torah en mars 1977. Le grand rabbin Meyer Jaïs (1907-1993), alors grand rabbin de Paris, dont ce sera la dernière visite à Haguenau (il y fut rabbin de 1933 à 1938) en est l'invité d'honneur. Un tel événement traduit bien l'état d'esprit d'une communauté qui se sent vivante, active et heureuse aussi d'accueillir un nouveau rouleau de la Loi.
Le second événement important et qui va, à première vue, dans le même sens est l'édification de la salle communautaire attenante à l'oratoire que mène à bien la commission administrative récemment élue conduite par Monsieur Serge Weil (1921-1983), malgré une forte opposition.
Les nouveaux édiles ressentent fortement l'absence de locaux adaptés aux activités communautaires et cette situation constitue à leurs yeux un réel obstacle au développement d'une collectivité. En effet, le recours à des salles municipales rend la préparation des diverses manifestations et en particulier celle des repas assez difficile. Par ailleurs les élus savent que le dynamisme d'une communauté se mesure aussi à la qualité des locaux qu'elle peut offrir à ses membres.
Les opposants quant à eux avancent deux arguments : les dépenses engagées sont à leur avis trop importantes pour leur petite communauté et il est, pour eux, de toute façon trop tard. Cette consruction s 'avèrera rapidement inutile, car le déclin de la communauté étant largement amorcé rien ne pourra l'enrayer. l'avenir montrera que les deux partis ont raison...et tort !
Le départ du 'hazan Michel Heymann (présent à Haguenau depuis 1973) au mois de mars 1980 pour Mulhouse et la nomination du Rabbin Edmond Schwob au grand rabbinat de Nancy m'amènent à me présenter au concours ouvert pour la succession de l'un et de l'autre, la communauté n'envisageant plus d'engager deux kelei-kodesh - responsables religieux. C'est ainsi que je prends mon poste en septembre 1981, l'installation officielle a lieu au mois de février suivant.
En 1981 la communauté de Haguenau - seconde communauté juive du Bas-Rhin -, est à cette époque composée d'une soixantaine de familles, soit au total 180 personnes y résidant réellement ce qui permet d'envisager un rythme d'activités assez soutenu d'autant que les "petites communautés" aux alentours comme Wissembourg , Soultz-/s-Forêts, Reischhoffen-Niederbronn, Pfaffenhoffen ou Brumath comptent encore quelques famillles avec un certain nombre de jeunes; Haguenau peut facilement attirer cette quarantaine de personnes supplémentaires. Soixante cinq membres disparaîtront pendant cette période sans parler des départs successifs. Les chiffres de quatorze mariages et les neuf naissances dont la plupart ne resteront pas sur Haguenau donnent un état saisissant de la chute démographique qui affecte la communauté.
Comme d'autres petites communautés alsaciennes le départ continu des jeunes est le problème principal auquel se trouve confrontée la communauté de Haguenau. Certes, quelques couples vivent sur place avec leurs enfants or ceux-ci adoptent d'autres professions que leurs parents commerçants et tout le monde sait qu'ils ne resteront pas durablement dans la cité de Barberousse.
Contrairement à ce que l'on espérait, l'ouverture de l'autoroute dans les années soixante dix ainsi que la voie rapide qui la relie désormais à Haguenau vont jouer un rôle plutôt négatif au niveau de la population juive. En effet il devient plus facile d'habiter Strasbourg tout en travaillant à Haguenau et la tentation de partir est encore plus grande... Depuis toujours d'ailleurs, les jeunes juifs sont attirés par la grande ville et les possibilités qu'elle offre tant au plan communautaire qu'au plan général. Si cette tendance n 'est pas nouvelle on approche du seuil critique qui fait entrevoir au début des années 80 l'extinction prochaine de la communauté.
En outre, le départ de retraités allant rejoindre leurs enfants le plus souvent à Strasbourg est une des conséquences les plus inattendues de cette réduction des effectifs communautaires. Toutes ces défections cummulées assombrissent bien sûr l'horizon...
Malgré tout la communauté juive de Haguenau, semblant défier tous les noirs pronostics, propose encore à ses fidèles presque tous les services d'une 'grande communauté" d'autant que la commission administrative se rajeunit aux élections de 1986 sous la présidence de Pierre Grumbach avec l'arrivée de Patrick Blum, Laurent Strauss, Claude Herrmann, Yvon Lévy et Albert Benlolo. Notons que la présence au sein de la commission administrative d'Albert Benlolo par ailleurs éducateur aux Cigognes est une première. En effet aucun membre de l'équipe éducative de cette institution n'a jamais fait dans le passé partie de la C.A. On peut y déceler malgré les incertitudes évoquées plus haut, que certaines familles envisagent aussi la possibilité de rester durablement à Haguenau.
Au niveau de la synagogue les offices quotidiens du soir (en hiver à l'oratoire de la Maison d'Enfants) comme les offices de Shabath et des fêtes sont bien fréquentés.
C'est dans l'oratoire communautaire agrandi par l'adjonction de la salle polyvalente que sont célébrés les offices du Shabath (en hiver du moins) ce qui permet d'économiser le chauffage et les rend plus conviviaux. Au début des années 90, tous les offices, y compris ceux des grandes fêtes, ont désormais lieu dans l'oratoire pour les mêmes raisons.
Entre temps la communauté a récupéré les bancs de l'ancienne synagogue de Niederbronn ce qui donne à l'oratoire un "aspect" de schoule plus traditionnel.
J'entame donc ma carrière de 'hazan et de rabbin associant les prises de paroles aux chants.
Je bénéficie personnellement de l'enseignement liturgique que Monsieur Oscar Kugler za"l (1906-1989), l'ancien ministre-officiant; il m'enseigne les airs spécifiques chantés à Haguenau et m'aide à conduire les offices accompagné de la chorale, forte d'une dizaine de messieurs qu'il dirige personnellement. J'ai en outre la chance pendant mes deux premières années de présence d'être aidé par Alain Blum, futur 'hazan de Lausanne, qui me seconde en partageant avec moi la lecture de la Torah hebdommadaire et me soutient dans mes efforts pour bien intégrer la liturgie traditionnelle. Au fil des années, lors des fêtes de Tishri, d'autres baalei tephila (officiants) me secondent et assurent une partie des offices.
Au niveau des prières, j'introduis la récitation à voix haute d'un certain nombre de passages comme le "emess veémouno" et le "boroukh hashem leaulome" dans l'office du soir. Je reprends pour le vendredi soir les airs instaurés par le grand rabbin Meyer Jaïs à Paris et qui permettent à tous les présents de suivre la totalité de l'office à voix haute. Le samedi soir entre les offices de Min'ha et de Maariv, l'assemblée lit alternativement les shirei hamaalauss. A Yom Kipour, puisque les personnes assidues capables de participer et de répondre au 'hazan se raréfient on aménage une pose pour leur donner l'occasion de souffler. l'expérience d'un office-méditation en français plus accessible, tournera vite court, faute de participants.
Durant les dernières années (1994-1996), malgré l'opposition de certains, une partie des offices de Shabath ont lieu aux Cigognes afin d'assurer le minyan. Par ailleurs je me rappelle avec beaucoup de plaisir des offices de seli'hoth sépharades auxquels je participe aux Cigognes pendant les Jours Redoutables parce que la communauté n 'est plus assez étoffée pour les assurer avec régularité. Au niveau des discours, je prends la parole en général chaque Shabath matin, et en été le vendredi soir également .
En 1988 pour stabiliser et attirer les jeunes couples sur Haguenau, nous projetons avec Jacky Bitton et Albert Benlolo tous deux éducateurs aux Cigognes, de remettre en service l'ancienne mikwe (bain rituel) sise dans le bâtiment du Refuge, l'institution pour personnes âgées dépendant des Cigognes, complexe qui n'a plus servi depuis l'après-guerre.
Le rabbin Claude Gensburger en avait bien tenté la restauration dans les années soixante lors de l'arrivée des juifs d'Afrique du Nord, sans y parvenir mais nous espérons avoir plus de succès avec notre nouvelle association appellée Mayim 'Hayim-Eaux vives, qui doit centraliser les dons et servir de structure légale pour les réfections à venir.
Nous nous rendons rapidement compte que malgré notre enthousiasme les travaux nécessaires sont au dessus de nos possibilités, d'autant que nous n'avons pas réussi à sensibiliser la communauté à la nécessité d'un tel investissement.
Dans le domaine plus strictement rabbinique mes responsabilités en matière de casherouth sont limitées. Une boucherie qui ne vend plus uniquement de la viande casher, débite malgré tout, depuis de longues années, un après midi par semaine de la viande sous surveillance dans des conditions irréprochables, en présence d'un shomer en l'occurence un sho'heth, Monsieur Jules Nathan. Plus tard les établissements Muller construiront leur nouveau bâtiment et l'ensemble de leurs, activités comme celles de la maison Gaston Corbeau, fournissant volailles et foie gras resteront placées sous le contrôle du dayan de la communauté de Strasbourg, le rabbin Morde'haï Seckbach.
Au niveau des divers services la 'Hévra Kadisha-Am Segoulo sous la houlette de Claude Hertzog, effectue les taharoth (toilettes mortuaires) et veillent aux offices chez les endeuillés. La Société des dames de Haguenau en fait de même pour les femmes. La société Am Segoulo organise également les lernen (veillées d'étude) traditionnels de Hoshana Rabba (à la Maison d'enfants) et de Shavouoth (au nouveau centre communautaire). La commission dite "du cimetière" gère la grande nécropole de la rue de l'Ivraie et veille à son entretien.
Haguenau est, avec Strasbourg, la seule communauté du Bas-Rhin à posséder une institution pour personnes âgées : le Refuge Israélite, qui dépend des Cigognes. Six ou sept vieillards y vivaient encore dans les années 80. Les membres de la communauté leurs rendaient visite régulièrement et ces haguenoviens étaient heureux de passer leur fin de vie dans le cadre qu'ils avaient toujours connu. Les nouvelles normes sanitaires et les contraintes budgétaires auront raison de cette institution qui fermera ses portes à la fin des années 80 avec la disparition de ses derniers résidents.
Par ailleurs une caisse de bienfaisance distribue des dons aux quêteurs de passage et soutient les familles en difficultés grâce aux cotisations des membres de la communauté. La WIZO forte d'une dizaine de dames organise chaque année le traditionnel déjeuner aux cous d'oie farcis. Le KKL et l'AUJF sont également représentés. La bibliothèque communautaire forte de trois cents volumes environs fonctionne au centre communautaire sous la houlette de Madame Margot Dreyfus, et constitue un pôle de rencontre supplémentaire pour cette petite collectivité.
Un groupe de "jeunes ménages" se réunit régulièrement pour des activités ludiques ou pour de petits exposés que je fais lors de soirées au domicile des uns et des autres; ces rencontres drainent plusieurs couples des environs et renforcent les liens entre jeunes du même âge de la région. Cette petite entité très informelle organise aussi de temps en temps des bals dans la belle salle de la Douane à Haguenau, soirée très prisée par un grand nombre de coreligionnaires de tous âges.
Au niveau de l'enseignement le contrat me liant à la communauté et au consistoire précise :
Mais devant le nombre réduit d'enfants réguliers (cinq), la communauté renonce très rapidement à poursuivre l'expérience. C'est alors que commence l'aventure de l'association EMET qui reprend l'entreprise à son compte. Monsieur Jacky Bitton alors éducateur aux Cigognes prend en main le Gan aux plans administratif et financier. C'est en grande partie grâce à lui et aussi au soutien de Monsieur et Madame Joseph Luisada, directeurs des Cigognes qui y inscrivent les plus jeunes d'entre leurs protégés qu'une bonne trentaine d'enfants fréquenteront le Gan de 1982 à 1990.
Les membres de la communauté ne comprennent pas la nécessité d'une telle structure, et à part le soutien substantiel de la commission administrative, nous ne recevons que très peu d'aide. Si de jeunes parents nous font confiance et si les campagnes de dons sur Strasbourg et environ donnent l'élan nécessaire à notre Gan pour quelques années, c 'est grâce à un emploi subventionné - le chômage est important à cette époque - que nous pouvons engager une jardinière d'enfants à temps plein. Pourtant des dissenssions internes auront raison du Gan en 1991.
Plus traditionnellement, au niveau de l'enseignement en 1981 le Talmud Torah comprend trois classes soit en tout vingt élèves l'année de notre arrivée. Je suis secondé par deux enseignantes. l'effectif baisse rapidement au point que nous nous associons à partir de la rentrée 1991 avec le rabbin Claude Lederer pour gérer de concert l'association des Talmoudei Torah de Haguenau et de Bischheim avec au total une quarantaine de jeunes. Un taxi nous charge le mercredi matin cinq élèves et moi-même pour rejoindre la petite cité aux portes de Strasbourg. Notre association se poursuit pendant cinq ans, suffisamment pour permettre à tous les jeunes de Haguenau et environs de profiter d'un Talmud Torah plus étoffé et de rencontrer ainsi d'autres enfants du même âge.
Avec un tel effectif nous pouvons organiser d'autres activités comme des week-end et des journées de rencontres avec d'autres Talmoudei Torah.
Par ailleurs le rabbin de Haguenau donne également des cours de "religion" au Lycée (LEGT) et aux collèges Foch et Kléber où sont regroupés les enfants de la communauté et les enfants des Cigognes. l'ensemble des cours que je suis amené à donner chaque semaine, durant cette période, avoisine les dix huit heures.
Au niveau des adultes le "Beit Hamidrach" invite des conférenciers pour la plupart strasbourgeois qui attirent un nombre régulier de participants. Plus tard, un cours hebdommadaire pour les dames est organisé chaque semaine.
Le Shabath après-midi, une heure avant l'office de Min'ha, une petite dizaine de personnes jeunes et moins jeunes se réunissent avec le rabbin pour débattre autour d'une page de Talmud
Par ailleurs Madame Lilianne Ackermann-de mémoire bénie, continue à encadrer régulièrement ses anciens élèves du Talmud Torah de Haguenau et organise des rencontres à leur intension.
Mentionnons aussi le Seder communautaire du premier soir de Pessa'h qui est sans conteste, un moment très fort au plan cultuel. En présence d'une soixantaine de convives nous associons chants traditionnels, commentaires et questions diverses dans une ambiance sympathique.C'est au cours de ces soirées que le contact entre les fidèles et le rabbin se fait dans les conditions les plus favorables. Il est certain qu'en l'absence de la nouvelle salle communautaire une telle organisation eut été beaucoup plus difficile quinze années durant.
La communauté organise au fil des années plusieurs concerts de 'hazanouth (1984,1992,1996) qui font à chaque fois synagogue comble. Avec l'aide d'une commission administrative rajeunie, nous proposons à un plus large public cette fois, des grandes journées à thème : Maïmonide et le judaïsme espagnol (1984), Le judaïsme d'Europe de l'Est (1985). A ce propos, je ne résiste pas à la tentation de rappeler quel ne fut pas mon plaisir d'entendre deux personnes discuter en alsacien de pensée juive à la suite de l'exposé de Benni Lévy sur Rabbi 'Hayim de Wolozhin, le célèbre fondateur de la yeshiva du même nom. En 1989 la journée est consacrée à la Révolution Française. Les intervenants attirent plusieurs centaines de participants qu'il s 'agisse de Benno Gross, d'A-A Fraenkel,de Shmuel Trigano ou de Benny Lévy. A chaque fois une restauration est organisée dans les locaux communautaires bien que les activités aient lieu à la Maison des Jeunes et de la Culture place Robert Schuman où se succèdent conférences, films, et autres animations.
Arrêtons-nous brièvement sur les manifestations organisées autour du 500ème anniversaire de la communauté en 1992 (bien que la date soit incertaine et que l'on puisse parler d'une présence plus ancienne juive à Haguenau). Cet anniversaire comprend trois volets : un concert avec le 'hazan Benjamin Muller, h'azan d'Anvers, et la chorale de Manchester au théâtre municipal -grâce au savoir faire de Claude Hoenel -, une exposition sur le judaïsme alsacien au Musée historique de Haguenau et un grand colloque historique sur les Juifs à Haguenau. C'est avec une équipe motivée, principalement composée de Patrick Blum, Jean-Louis Lévy, Yvon Lévy que toutes ces activités peuvent être mises sur pied après plusieurs mois de travail.
Cet anniversaire a un grand retentissement et donne lieu à deux publications : le catalogue de l'exposition édité par la communauté et rédigé par Laurence Frank d'une part, et les exposés du colloque publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Haguenau d'autre part. C'est sans aucun doute la dernière très grande manifestation que nous ayons organisé à Haguenau.
Dès 1981 la Maison d'enfants les Cigognes devient un des lieux privilégiés de mon activité.
Cette institution est depuis toujours une "oeuvre" principalement haguenovienne, bien qu'elle soit aussi largement soutenue par de nombreux fidèles d'Alsace et de Lorraine et de plus loin encore.
En dehors de son rôle strictement social, la Maison d'Enfants occupe une place importante dans la vie communautaire au quotidien. Elle est la seule institution caritative importante de la place et bien sûr ceci ne va pas sans provoquer quelques tensions. Monsieur Nathan Samuel, directeur pendant la période 1946-55, déclare par exemple à un président qui réclame la participation de jeunes pour étoffer le nombre des participants aux offices de la shoule : "Nos enfants ne sont pas des "mynian-men" ! Cette réplique illustre bien les rapports parfois tendus entre les deux entités.
La communauté considère comme un devoir de soutenir la Maison d'enfants mais attend en retour de celle-ci une aide en cas de besoin. Or la direction des Cigognes entend gérer l'orphelinat (terme qui désigne encore dans les années 70 la Maison d'enfants) sans être tributaire d'une communauté qui a ses propres vues et ses propres traditions, auxquelles tant les enfants que la direction elle-même sont en général étrangers. Par ailleurs la rigueur alsacienne s'accomode mal des réactions spontannées et quelque peu agitées (et pour cause...) des enfants recueillis aux Cigognes souvent sur décision de justice. Les directeurs successifs tout en accueillant souvent les jeunes de la communauté pour leur permettre de rencontrer leurs protégés défendent bec et ongles "leurs" enfants contre une quelconque tentative d' "utilisation" par la Communauté. Il est vrai aussi que le caractère "religieux" plus prononcé de la maison d'enfants avec l'arrivée de Monsieur et Madame Luisada en 1971 tranche avec le ritualisme approximatif que les juifs d'Alsace connaissent depuis longtemps.
Il n'en reste pas moins que pour le rabbin de Haguenau, les Cigognes constituent un champ d'activité particulièrement important et intéressant. Et à titre personnel je dois dire que l'existence de la Maison d'enfants m'a été d'une aide très précieuse, tant de la part de ses directeurs et de l'encadrement que de la part des enfants eux-même.
Très vite, je me sens proche des jeunes des Cigognes et me rends disponible plusieurs soirs par semaine pour me rendre au 9 rue Neuve, soit pour donner des cours d'hébreu, leur permettant ainsi de rajouter une option au baccalauréat, soit pour étudier la Torah avec ceux qui le désirent. Je me rappelle avoir approfondi pendant plusieurs mois le Tanya, maître livre de la 'hassidouth Loubavitch avec deux jeunes particulièrement attachants. Je prête aussi mon concours au Talmud Torah des Cigognes, chaque mercredi après-midi en me confrontant avec les plus âgés à une page de Talmud.
Mais quel que soit le sujet, les discussions et les digressions qui s'enchaînent leur apportent, j'en suis convaincu, un peu de chaleur. Recueillant leurs confidences sur le chemin de l'école ou en d'autres circonstances, je ne me permets pas de me substituer aux éducateurs ; je cherche simplement à aider certains de ces jeunes à se reprendre lorsque le découragement est à l'oeuvre, tant au plan affectif qu'au plan scolaire.
Pour mieux encore rendre compte du rôle central de la Maison d'enfants n'oublions pas de signaler que, la garnison de Haguenau étant très importante à l'époque, les militaires juifs venus des quatre coins de France profitent de cette cuisine casher et y prennent leurs repas quotidiens, il en est de même pour les collégiens et les lycéens des environs scolarisés à Haguenau. Ces rencontres me donneront l'occasion de tisser des liens d'amitié qui durent encore.
En guise de conclusion il n 'est pas abusif de dire que la communauté juive de Haguenau entre 1981 et 1996 a su donner une fois encore le "meilleur d 'elle-même". En effet, grâce à un équipement de qualité- le nouveau centre communautaire et à l'énergie de ses membres, malgré leur nombre restreint, elle a su rester durant cette quinzaine d 'années encore une véritable communauté en terme de vitalité et d'ambitions.
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