Dans la rue des Juifs, s'élève la synagogue construite en 1867. Celle-ci remplace une salle qui avait été aménagée en oratoire, chez des particuliers. En effet, on avait démoli le lieu de prières datant du 18ème siècle car le seigneur du lieu avait promis d'en construire un autre. Mais la Révolution contrecarra ce projet, et c'est une école juive, fondée en 1862, qui servit alors d'oratoire en hiver. La synagogue fut restaurée en 1906, et saccagée durant la deuxième guerre mondiale. Elle fut rendue au culte en 1947. Aujourd'hui (2016) la communauté juive ne compte plus qu'une famille, mais des offices sont encore célébrés dans la synagogue pour les fêtes de Tishri. |
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Dans le recueil Alsatia d'Auguste Stoeber paru à Colmar en 1873, figure une brève notice intitulée Die Judenmauer bei Diemeringen (1). Ce "mur" se situerait à une demi-heure à l'est de Diemeringen, au pied du Grunewald, et aurait servi de refuge aux Juifs lors des persécutions au Moyen-âge. La chose n'est pas impossible : en effet, des Juifs étaient établis à Sarreguemines dès 1336, et dans le territoire de Lichtenberg ils étaient admis à la même époque ; et on sait qu'en Lorraine tout comme en Alsace ils ont enduré des persécution; (expulsions notamment). Mais on ne sait si dès ces siècles-là quelques-uns avaient pu s'établir à Diemeringen même. Ce que l'on sait, c'est que, dans la suite, cette petite seigneurie en a compté un nombre relativement important. L'existence des communautés dépendait du bon vouloir des seigneurs : alors qu'elles étaient pour ainsi dire absentes dans l'ancien comté de Sarrewerden et dans le duché de Lorraine (pays de Bitche...), elles étaient assez nombreuses ailleurs (Hanau-Lichtenberg, Fleckenstein...) Les rhingraves, seigneurs de Diemeringen, leur étaient plutôt favorables, aussi bien dans leurs territoires centraux (à Kirn, à Grumbach) que dans les terres de l'actuelle Moselle où leur pouvoir s'était exercé (Fénétrange, Morhange, Puttelange). Parmi les communautés rurales les plus proches nous citerons celles de Struth (ancien comté de La Petite-Pierre), de Frauenberg et de Schalbach.
On peut admettre qu'à Diemeringen quelques Juifs s'étaient établis dès le 17ème siècle. Deux familles y sont mentionnées en 1712, alors qu'en 1784, à la veille de la Révolution, il y en avait 14 que l'on peut évaluer à 70 personnes, et qui versaient ensemble à la seigneurie 206 florins rhénans.
Voici leurs noms : Moses Simon, Jacob Cain, Wolf Cain, Seligmann Simon, Simon Lévis, Baruch Max Schlesinger, Seligmann David, Samuel Cam, Marx Simon, David Falck, Jesaias Moses, Abraham Loeb, Joseph Moses et la veuve de Daniel Cain (2).
En plus de la taxe ou droit de protection, on leur faisait payer un droit de sépulture (un florin) et au décès autant pour droit de fosse (3). Ils pratiquaient le commerce, le prêt, des démarches. Vu l'exigüité du territoire de la seigneurie, on est obligé d'admettre que leur activité s'étendait alors bien au-delà de ces frontières, notamment aux villages du comté de Sarrewerden et du pays de Bitche. Si leur situation de fortune était dans l'ensemble fort modeste, certains avaient acquis une bonne aisance, ce dont témoigne la maisonn° 5 de la rue du Vin, appelée communément naguère rue des Juifs, - immeuble à étage daté de 1743 qui porte les noms de ses constructeurs : "Leb-Lefi ". C'est surtout dans cette rue que la communauté vivait groupée. Et c'est là que s'élève la synagogue. construite en 1867, qui avait succédé à une simple salle de prière aménagée chez des particuliers.
Il se peut qu'une petite synagogue ait existé dès le 18ème siècle. Il parait qu'elle fut démolie après que les seigneurs du lieu eurent promis d'en construire une autre, projet dont la Révolution empêcha l'exécution. On fait remonter la création du cimetière israélite à l'année 1770.
La communauté de Diemeringen avec Dehlingen fut rattachée tout comme celle de Struth avec Tieffenbach au rabbinat de Sarre-Union créé au début du 19ème siècle. Les noms relevés dans le recensement de 1836 sont surtout ceux de Falck, Hasch, Kahn, Lévy, Loeb, Siesel, Simon, Weil, retenus lors du décret impérial de 1808 ; ils rappellent, la plupart, ceux de la fin de l'Ancien Régime.
La communauté a quelque peu augmenté dans la première moitié du 19ème siècle : elle a compté 55 personnes en 1825, 89 en 1842 et 103 en 1849. Puis elle s'est accrue plus rapidement Jusque vers 1870 (136 en 1866 et 139 en 1870). Le nombre commence alors à baisser, d'abord lentement (129 en 1885), puis de plus en plus vite, du fait des départs vers les Etats-Unis, à Paris, à Nancy, à Strasbourg... En 1905 il est descendu à 118, en 1910 1 94. Le mouvement des départs n'a cessé de s'accentuer entre les deux guerres mondiales.
En considération du nombre important d'enfants, une école publique israélite (Schule) fut créée en 1862 : elle succédait à une école libre. La construction de. la maison d'école avaitcommencé en 1853 : elle fut achevée en 1862 (4). La maison se trouve à côté de la synagogue ; elle comprenait le logement du maître à l'étage et, vers le fond, la salle des bains rituels. A présent l'ancienne salle de classe est transformée en oratoire, suppléant à la synagogue notamment en hiver.
Une Caisse de bienfaisance fut fondée par la communauté en 1866.
On a vanté les qualités de Léopold Bloch qui fut chantre durant 35 ans jusqu'à sa mort en 1885 ; en même temps il avait exercé la fonction d'enseignant à l'école élémentaire israélite. Un monument lui fut élevé au cimetière par ses élèves reconnaissants. Henri Siesel, remarquable par sa connaissance de la Bible et du Talmud, a occupé le poste de chantre jusqu'en 1940 : il mourut dans l'exil en 1942, âgé de 80 ans. Depuis 1902 c'est Daniel Dreyfus qui assura l'enseignement ; à son retour en 1945 il s'est encore quelque temps adonné à l'instruction religieuse.
En 1906 la synagogue fut l'objet d'importantes réparations.
En 1927 le rabbinat de Sarre-Union fut supprimé ; les communautés de Diemeringen et de Sarre-Union furent dès lors rattachées au rabbinat de Bouxwiller dont les compétences s'étendirent aussi à celles des cantons de Drulingen et de La Petite-Pierre. En 1929, par décision du gouvernement, des postes de ministres officiants furent créés à Diemeringen et à Sarre-Union.
En 1945, après l'occupation, seuls les murs subsistaient encore de la synagogue, et le cimetière, près de la route de Ratzwiller, était dans un abandon désolant. La bénédiction du sanctuaire restauré et remis en état eut lieu le 31 août 1947 ; une plaque a été inaugurée commémorant les victimes des guerres et de la terreur : trois soldats morts à la première guerre, un à la deuxième, cinq civils morts en déportation dont deux femmes et une jeune fille, deux fusillés. Les cérémonies étaient présidées par le grand rabbin Deutsch, de Strasbourg.
La communauté, encore diminuée par des départs, est maintenant réduite à trois ou quatre familles.
Nous avons pu visiter la synagogue et l'ancienne maison d'école israélite en compagnie de M. Gilbert Muller, président de la Communauté ; qu'il en soit remercié.
Cette petite ville, ancienne forteresse, sise dans l'angle fait par l'Alsace dans le département de la Moselle (on appelle cette contrée pour cette raison le «Krumme Elsass» ou l'Alsace tortue) a appartenu, au cours des siècles, à de nombreux seigneurs, presque tous d'origine étrangère. Ainsi, on peut relever : en 1475 à Nicolas von Mörs-Saarwerden, et aussi la famille von Kirburg, en 1718, elle était en possession des princes von Salm-Salm et Salm Kirburg, ensuite aussi au comte rhénan von Grumbach und Rheingrafenstein. En 1674, la ville fut prise par Turenne et ses fortifications démolies par les occupants français. La petite ville, sur demande de sa population, ne fut rattachée à la France qu'en 1793.
Il y avait à Diemeringen un cimetière juif dès 1770, pourtant nous n'avons que peu d'indications quant au sort des membres de la communauté, ni avant ni après cette époque. La synagogue avait été construite en 1867. Le rabbinat compétent était celui de Sarre-Union.
En 1860, lors d'une enquête faite par le gouvernement pour connaître les ressources des anciens combattants ou soldats, nous trouvons une mention concernant l'ancien soldat Falck Isaac, né le 17 juin 1794. On signale à. son sujet : "Est à son aise, entra au service au mois de septembre 1812, libéré au mois d'avril 1814 servi à la 3ème compagnie du train des équipages et a reçu une blessure à la bataille de Toulouse."
En 1906, la communauté adressa au gouvernement impérial d'alors une requête pour obtenir une subvention en vue de la remis en état de la synagogue. Le conseil municipal avait contribué par une somme de 1.000 Mk et la communauté pour 2.000 Mk, mais il restait un découvert de 1.300 Mk. Par décision du 16 mai 1906, 1e Herr Unterstaatssekretär alloue, sur les fonds du pays, la subvention demandée de l'ordre de 1.300 Mk. Le montant est à verser au président de la communauté, M. David Simon Falck, pour règlement du déficit prévu. Quant aux autres dépassements éventuels " il appartiendra à la communauté de les régler".
Evolution de la population juive de Diemeringen. | ||||||
1807 | 1846 | 1861 | 1895 | 1936 | 1946 | 1953 |
45 | 103 | 126 | 133 | 88 | 60 | 58 |
Bibliographie :
- Clauss Hist u. Topogr. Wörterbuch. Reichsland Els.-Lothr. (publ. officielle). Archives départementales du Bas-Rhin.
- Un article de M. Ginsburger dans Souvenir et Science.
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