Après 1870
L'école, le cimetière enfin ! (1874-1881)
par Jean-Claude Streicher
Histoire sociale des Juifs de Soultz-sous-Forêts / 16
(11 octobre 2023)


Selon les données en notre possession, la population juive de Soultz a baissé de quelques crans après la guerre de 1870, pour ensuite regagner un peu de terrain sans toutefois revenir au pic des années 1840. Mais dans le nouvel empire allemand, il faut bien admettre que les Israélites sont relativement bien en cour. Les Hohenzollern et Bismarck ont un banquier juif attitré, Gerson von Bleichröder, auquel ils confient la négociation, directement avec les Rothschild français, des modalités du règlement par Paris à l'Allemagne de l'indemnité de guerre de 5 milliards de franc-or exigée par le traité de Francfort (1). Comme escompté, les hommes d'affaires juifs peuvent alors également prendre toute leur part dans l'essor économique allemand, à la suite de la victoire militaire et de l'unification politico-douanière.

En Basse-Alsace même, la banque Bleichröder, qui finançait déjà la sidérurgie et les voies ferrées, reprendra ainsi dès 1871 la concession pétrolière de Schwabwiller, abandonnée par ses exploitants parisiens. Elle y injectera aussitôt 3 millions de marks pour la relancer, mais sans succès (2). Elle fait également procéder à des sondages au nord de la concession de Pechelbronn, autour de Drachenbronn, Rott, Cleebourg et Bremmelbach. Mais sans plus de bonheur. Aussi dès février 1873, le consortium Bleichröder cède-t-il la concession de Schwabwiller à la société par actions Elsässer Bergwerke, qui vient d'être fondée par des Allemands à Strasbourg avec un capital d'un million de thaler, mais qui devra se saborder dès 1875 (3).

Le Concordat napoléonien est maintenu dans le Reichsland alsacien-lorrain avec le souci de mettre enfin un terme aux incessantes chamailleries interconfessionnelles dans les lieux de culte partagés au titre du simultaneum français. Sont donc alors construits un peu partout, jusque dans les moindres localités, des églises, des temples et des écoles séparés.

Le judaïsme, culte concordataire, en profite largement. Les vieilles et pitoyables synagogues, reléguées et sans caractère apparent dans les arrière-ruelles, cèdent la place un peu partout à des constructions nouvelles, ornementées, plus spacieuses et plus visibles. Les communautés participent à leur financement, mais aussi l'administration impériale et du même coup les municipalités.
Et là où elles étaient dépourvues de lieux de sépulture proches, les communautés juives peuvent alors aussi se doter de cimetières réservés, en prolongement ou non des cimetières municipaux existants. Et contrairement au temps français, ces nouveaux cimetières peuvent alors être la propriété des municipalités, et non plus des communautés.

La nouvelle école


L'école juive après le départ de la classe catholique
(photo exposée à la synagogue de Soultz).
Ce triple scénario "nouvelles écoles-nécropoles-synagogues" s'est intégralement vérifié et réalisé à Soultz même, en l'espace d'une vingtaine d'années, entre 1874 et 1897, en dépit de la stagnation, voire même de la baisse de la population israélite locale.

La première étape en est l'approbation en 1874 par la municipalité, et à sa charge principalement, de la construction d'une école israélite communale selon des modalités et à un emplacement qui avaient déjà été proposés à la veille de la guerre de 1870 (4). Cet emplacement est attenant à l'antique petite synagogue alors toujours en usage au fond d'un écart de la Hundsgass, en face du presbytère construit en 1772 pour le curé royal. Le premier instituteur en est semble-t-il été Aron Kaufmann, puisqu'il est cité le 22 mai 1872, à l'âge de 30 ans, comme Lehrer et témoin d'un mariage juif, dont le marié est son beau-frère (5). Mais en 1880, le Lehrer [enseignant] juif de Soultz est Isaac Lemmel (6).

Cette nouvelle école israélite communale, dont nous ignorons hélas le dossier administratif, comptera jusqu'à 80 élèves en 1884, mais devra fermer en 1925 n'étant plus fréquentée en 1920 que par huit enfants. C'était alors la dernière école juive du rabbinat de Surbourg-Soultz (7). Après avoir été obstinément refusée par la municipalité pendant une quarantaine d'années, elle aura donc tout de même tenu 51 ans ! Les dits six enfants israélites fréquenteront alors l'école primaire catholique. Phénomène dû, non pas seulement, selon le rabbin de Barr Joseph Bloch, "à la disparition des familles juives à la campagne, mais aussi à la diminution de la natalité" (8).

Dans cette classe fermée de la Judeschule, succédera la classe primaire catholique des grands, dont mon père était l’enseignant sous le régime de la classe unique à partir de 1937 (9), excepté la parenthèse tragique de la période nazie, jusqu'à la livraison à la fin des années 1950 du nouveau groupe scolaire catholique-protestant de Soultz. Quant au logement du Judelehrer, au premier étage de la Judeschule, il est alors attribué à Mlle Brencklé, l'institutrice des petites classes catholiques. Ensuite, son bâtiment sera rasé, n'ayant pu être reconverti, vu sa vétusté, dans un autre usage.

Les communautés juives d'entre Sauer et Lauter après 1869
1869 1877 1879 1884 1900 1920
Soultz-sous-Forêts 304 â 364 â 303 â ± 266 â, 80 é   8 é
Surbourg 233 â          
Hatten 203 â          
Niederkutzenhausen 33 â   25 â      
Niederroedern         134 â  
â = âmes, é = élèves.

Le cimetière du Kreutzfeld

La création d'un carré juif tout en haut du cimetière communal existant a suivi cette première réalisation.
Elle est partie d'une résolution du Conseil de la communauté israélite de Soultz (Rath der Israelischer Gemeinde von Sulz), adoptée le 10 août 1879 qui affirme la nécessité de trouver un terrain au bord de la route de Wissembourg ou de Haguenau et pas trop éloigné du centre, où les Juifs pourraient enterrer leurs morts, car l'inhumation qui se pratiquait depuis des temps immémoriaux dans le cimetière juif de Haguenau, à travers la forêt de cette ville, était devenue trop onéreuse en raison des coûts de plus en plus élevés du transport et de complications administratives supplémentaires.


Le cimetière juif de Soultz avec sa rampe d'accès rénovée, en 2015 - © J-C. Streicher
Curieusement, ce vœu se fonde non pas encore sur la législation allemande, mais sur un décret du ministre français de l'intérieur du 8 août 1859 concernant le transport des défunts.
Six notables israélites l'avaient co-signée : le président Nathan Rothschild (qui n'était manifestement pas de Soultz), S. L. Franck, L. Klotz, Jakob Baehr, J. Senet et S. Meyer. Elle fait suite à une demande antérieure, mais qui n'a pas abouti en raison d'une formulation maladroite. Dès le 14 août, le président Rothschild écrit au Kreisdirektor (10) de Wissembourg, von Stichaner, pour le prier de l'appuyer dans sa démarche.

La municipalité de Soultz y fait bon accueil lors de sa séance du 21 septembre et désigne aussitôt une commission de deux membres, MM. Blum et Siegwald, qui devront se charger de trouver un terrain approprié, avec le souci d'y associer les communautés voisines de Surbourg et de Kutzenhausen. A la mi-octobre, on s'accorde ainsi à retenir la parcelle de 15,8 ares située à l'arrière du cimetière communal existant, le long de la Kreutzfelder Hohl, parcelle que son propriétaire Friedrich Herold se propose de céder à la commune au prix de 40 Mk l'are.
Il s'agit de Frédéric Herold, teinturier à Soultz, né en 1809, donc âgé alors de 70 ans. Il était domicilié grand-rue à Soultz, n° 94, et avait épousé Dorothée Schneider, dont il avait eu, selon le recensement de 1856, quatre enfants (deux garçons et deux filles). Au recensement de 1866, à 57 ans, il partageait son domicile avec son épouse, 56 ans, leur fille Dorothée, 28 ans, ainsi que la fille Louise Gerhardt de cette dernière, 12 ans, plus un domestique de 40 ans, Jacques Schneider. Le recensement de 1880 le mentionne comme Ackerer [agriculteur] et veuf, vivant avec sa petite-fille Emilie Gerhardt et une domestique (Haushalterin), Eva Bürckel (6).

Le 19 octobre 1879, le conseil municipal donne son accord de principe, sous la condition que le maire Henri Rempp obtienne une participation financière du Kreis [district], vu la situation budgétaire de la commune.

Mais le Vorstand [conseil d'administration] de la communauté israélite se ravise. Il trouve par trop incommode l'accès à cet emplacement par le chemin creux et pentu de la Kreutzfelder Hohl. Chemin peut-être ainsi dénommé par le fait qu'il rejoignait au loin le cimetière de Hermerswiller, mais qui présentait l'inconvénient d'être totalement impraticable en hiver en raison de la neige et de la glace qui s'y accumulaient ("Die Benutzung dieses Weges ist im Winter ganz unmöglich. Schnee und Eis häufen sich der Mass, dass nicht durch zukommen ist"). De plus, un talus haut de 2,50 m le séparait de la parcelle proposée par Friedrich Herold !

Les mêmes six notables juifs, plus un septième, J. Gros, demandent donc que l'on recherche un autre terrain. Début novembre, une pétition signée de 41 israélites se prononce ainsi en faveur d'une parcelle située sur le côté opposé de la route de Wissembourg, après l'emplacement qui avait été occupé par le cimetière chrétien antérieur. Celui-ci est certes plus accessible, mais il a l'inconvénient d'être déjà situé sur le ban de Retschwiller. Aussi, le président Rothschild fait-il savoir en février qu'un troisième terrain s'offre sur la route de Surbourg, propriété de Philippe Bayurst. Autre faux espoir...


En-tête du dossier du cimetière juif de Soultz
à la Kreis-Direktion de Wissembourg (4).

A l'entrée de Wissembourg, la stèle du
Kreisdirektor
Joseph von Stichaner,
en poste de 1871 à 1886 - © J-C. Streicher
Tout bien pesé, on finit donc quand même par s'accorder sur la parcelle Herold. Son prix d'acquisition est de 632,20 Mk, auxquels s'ajoutent 500 Mk de frais d'aménagement d'une rampe d'accès clôturée, soit de l'ordre de 1 200 Mk au total. Le budget communal de 1880 accuse toutefois un découvert de 402 Mk et celui de 1881-1882, un autre de 640 Mk. Aussi, la municipalité demande-t-elle le 15 mars 1881 une aide du district (Bezirksbeihilfe) de 400 Mk, qui sera accordée dès le 18 juillet. Le 12 juillet, le Kreisdirektor ordonne également que la contribution de la commune de Kutzenhausen soit de 110 Mk, puisque la communauté israélite de 26 personnes de ce village équivaut alors au douzième de celle de Soultz (298 âmes). Et au regard de ces chiffres, il estime qu'il y aura de 7 à 8 inhumations par an (11).

L’inauguration

Le nouveau cimetière juif de Soultz peut ainsi être consacré dès le 29 août 1881 (avant même la première inhumation ?) en présence de Joseph Bloch, le rabbin de Surbourg-Soultz, ainsi que du grand rabbin de Strasbourg, Arnaud-Arnold Aron (7), âgé de75 ans, et natif de Soultz comme quatrième fils de Léopold Aron (1773-1844), qui était alors la grande personnalité juive du bourg, ainsi que le père d'Alexandre Aron, né en 1796 (12) et qui sera rabbin de Fegersheim au sud de Strasbourg de 1834 jusqu'à son décès en 1874 (13).
A en croire Elie Schwartz, le rabbin Michel Aron est présent lui aussi à cette cérémonie. Cousin éloigné des Aron de Phalsbourg, optant en 1872 pour la nationalité française, il avait sera élu rabbin de Nîmes en 1875, avant de prendre le rabbinat de Lunéville en juillet 1883 jusqu'à sa retraite en 1912 (7).

Le conseil municipal, par contre, n'édicte le règlement de ce nouveau cimetière que le 1er décembre 1884. Les Juifs de Kutzenhausen ne peuvent ainsi y être inhumés qu'après un préavis (Vorweisung) du maire de cette localité à celui de Soultz. Les tombes doivent être correctement alignées (in ordentlicher Reihenfolge). Elles doivent être profondes d'au moins 1,50 m et séparées les unes des autres de 30 à 40 cm. Mais le manque d'espace ne permet pas l'aménagement de tombes familiales (Familienbegräbnisplätze), seulement des suites de tombes individuelles. Des concessions perpétuelles sont, par contre, possibles.

Le conseil de la communauté s'irrite de certaines dispositions, pourtant approuvées par un certain Klotz, car elles sont contraires aux règles, au respect desquelles il se doit de veiller. C'est ainsi que Félix Mayer, Präsident der israelischen Kultus-Gemeinde [président de la communauté cultuelle israélite] de Soultz, dans un courrier adressé le 17 janvier 1885 au Kreisdirektor von Stichaner, ne conteste pas les pouvoirs de police des Bürgermeister [maires] sur les cimetières ("Wohl steht jeder Friedhof unter der Polizei und Aussicht der Bürgermeister"). Mais il ne peut accepter que celui de Soultz autorise des procédures contraires aux rites israélites ancestraux, telle que l'exhumation ("Wiederausgraben") ou la réservation d'emplacements ("Ankauf eines Begrägnisplatzes"), car les inhumations juives doivent être chronologiques (selon l'ordre d'arrivée) : "Arm oder reich, unabsehlich oder hochgestellt, wir haben nach dem Ritual Gesetze mit einer strengen Gleichheit zu verfahren. Der Verstorbene ist also der Reihefolge zu beerdigen."
"Riches ou pauvres, de rang indéterminé ou élevé, nous devons procéder selon les lois rituelles avec une stricte égalité. Le défunt doit donc être enterré dans l'ordre."
Cette règle ne peut souffrir aucun passe-droit ("Es findet bei Israeliten keine Bevorzugung statt").

Le maire Rempp demande l'arbitrage du Kreisdirektor (13). Celui-ci dut lui donner tort, puisqu'il n'y a à Soultz aucune tombe familiale juive parmi les sépultures de la période wilhelmienne.

Pour cette réalisation, la localité a suivi de peu ses voisines. Après sa séparation d'avec Trimbach, la communauté de Niederroedern peut ainsi avoir le sien en 1878, en bordure du cimetière communal chrétien, à la sortie sud vers Haguenau alors que cette année-là elle ne compte plus qu'une cinquantaine de ménages (14). Hatten suit en 1880, mais avec un cimetière non contigu au cimetière chrétien et très éloigné du village, en bordure droite de la route de Seltz, alors que la communauté ne compte plus que 93 personnes en 1910 (14).

En 1925, le rabbin Schwartz regrette que ces nouveaux enclos ne soient pas la propriété des communautés (7). Sans doute, mais sans son statut municipal (de droit allemand ?), le carré juif de Soultz aurait-il pu profiter au début des années 2000 d'une rénovation communale de sa rampe d'accès ?

Dans le recensement de 1885

En 1885, selon le dernier recensement allemand de la population soultzoise consultable par internet (15), la communauté israélite soultzoise ne compte plus que 266 personnes (contre 415 en 1846), regroupées autour 56 chefs de ménage, hommes et femmes, seuls ou en famille. Leur appartenance confessionnelle ne fait aucun doute, puisqu'elle est alors spécifiée à l'encre rouge.

Quatre de ces chefs de ménage sont alors sans profession ("ohne Beruf"), dont Félix Mayer, le président de la communauté mentionné plus haut. Mais l'âge de chacun n'est hélas pas précisé, contrairement aux recensements français antérieurs. Le chef de la famille la plus nombreuse est alors Jacob Weil, "... Mieter" [loueur] (?), avec trois filles et cinq fils.

Pour la profession, les chefs de famille se répartissent comme suit : 17 Handelsmänner [commerçants], 11 Viehhändler [marchands de bétail] (contre 6 en 1880), 5 Rentner [retraités], 4 ohne Beruf [sans profession], 2 Kaufmänner [employés de commerce], 2 Pferdehändler [marchands de chevaux ], 2 Getreidehändler [négociants en céréales], 2 Rentnerin [retraitées], 1 Geflügelhändler [marchands de volailles], 1 Geschäftsmann [homme d'affaires], 1 Händler [revendeur], 1 Krämer [?], 1 Hopfenhändler [négociant en houblon], 1 Güterhändler [marchand de biens], 1 Gastwirtin [aubergiste], 1 Lederhändler [marchand de cuir], 1 Schneider [tailleur], 1 Schlächter [boucher] et 1'Elementar Lehrer [instituteur] Isaac Lemmel, marié sans enfant, domicilié Schulplatz.


Trouvé dans la Weisenburger Zeitung des 5 mars 1892 et 30 mars 1893.
Vingt ménages habitent alors Hauptstrasse, 3 Stadtstrasse, 1 Landstrasse, 13 Frohnacker, 7 Schäfferei, 4 Hundsgasse, 1 Pfarrstrasse, 3 Kutzenhauser Strasse, 1 Lobsanner Strasse, 2 Eisenbahnstrasse et 1 Holtzplatz. Et s'ils ont des domestiques, leurs "Dienstmagden" sont généralement catholiques (16).

Un commerce de bestiaux prospère, parfois perturbé par la fièvre aphteuse

Les marchands de bestiaux (Viehhändler) et autres Pferdehändler, Geflügelhändler ou Getreidehändler sont avantagés : ils se trouvent à proximité d'une gare ferroviaire en liaison directe avec Strasbourg et d'innombrables ramifications alors toujours en extension. Soultz, de plus, est alors le siège, un lundi matin des mois de mars ou d'avril, d'un Frühjahrviehmarkt (marché aux bestiaux de printemps), "mit grosser Auswahl an Stieren und Rindern der roten Fleckviehrasse" ["avec un grand choix de taureaux et de bovins de la race tachetée rouge"] (17) (donc de la race suisse dite Simmenthaler), et le cas échéant de concours de juments ("Prämierungen von Stuten") comme à la mi-juillet 189215.

Au troisième trimestre 1890, donc juste avant la pandémie de fièvre aphteuse, le commerce de bestiaux est particulièrement actif au départ de la gare de Soultz. Il concerne alors 724 têtes de bétail ("Grossvieh" ou "Rindvieh") : 176 d'entre elles sont parties pour l'Alsace, 22 pour la Moselle ("Lothringen"), 294 pour le Palatinat, 12 pour le pays de Bade et 220 pour la Hesse. Ce qui dans un contexte de renchérissement de la viande s'avèret être un commerce particulièrement profitable ("eine ungewöhnliche starke Ausfuhr") pour les éleveurs du canton, puisqu'il aurait été de l'ordre de 200 000 Mk (18).

Seul point noir : l'occurrence d'épizooties de fièvre aphteuse ("Maul und Klauen Seuche"). Celles-ci forcent Ernst Kühner, le Bürgermeister de Soultz, à annuler le Viehmarkt du lundi matin 14 mars 1892 (19), puis à reporter celui du 13 mars de l'année suivante (20). La propriété du Handelsmann [marchand] Abraham Klotz, Hauptstrasse 96, doit être mise en quarantaine ("Gehöftsperre") deux fois de suite (21). Celle du Handelsmann Léon Reins, Hauptstrasse 200, est bouclée dès fin décembre 1890 (22). Mais ce seraient a priori les seules quarantaines prononcées à Soultz.

En 1891-1892, par contre, le Handelsmann Michel Lévy de Soultz se distingue en figurant dans un encart publicitaire répétitif dans la Weissenburger Zeitung, où il annonce qu'il représente, avec quatre autres revendeurs non juifs de l'arrondissement, les machines de filature mécanique et de tissage de lin d'une firme suisse basée à Schleitheim, près de Schaffhouse ("mechanische Leinenspinn- & Weberei Schleitheim-Stühlingen") (23).

Mais seul un cas d'insultes (antisémites ?) avec maltraitance ("Misshandlung und Beleidigung") a pu provisoirement être relevé sur cette période. Il concerne le même Abraham Klotz de la part d'un cultivateur de Cleebourg, Johann Bernet, qu'il a donc fait condamner à une amende de 10 Mk, éventuellement convertible en deux jours de prison (24).

Notes :

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Francfort
  2. René Walther : Les activités pétrolières de Péchelbronn (1735-1970), thèse en Histoire et civilisation de l'Europe sous la direction de Michel Hau, Université Marc Bloch (Strasbourg) soutenue en 2005.
  3. Gabriel Wackermann : "Industrie et environnement rural : la fonction économique et sociale de Pechelbronn depuis le XIXe siècle", Saisons d'Alsace, n° 52, 4e trim. 1974, p. 68 ; Weisenburger Wochenblatt, 10 juillet 1875 ; Vorwärts, Berliner Volksblatt, 9 août 1903 ; Niederrheinischer Kurier, 12 février 1874 ; Zeitung für Lothringen. Amtliches Organ, 31 mars 1875.
  4. Archives départementales du Bas-Rhin (plus loin : ABR) : 414D1635.
  5. Adeloch.
  6. Ellenbach.
  7. Emile Schwartz : Le Rabbinat de Surbourg - Soultz-sous-Forêts de 1784-1884
  8. L'Univers israélite, 26 décembre 1924, p. 109.
  9. Dernières Nouvelles d'Alsace, 21 novembre 1963, édition de Wissembourg.
  10. Kreisdireckor : fonctionnaire de l'empire allemand, dirigeant un Kreis, c'est-à-dire l'équivalent d'un arrondissement. Leur fonction est comparable à celle des sous-préfets français qu'ils avaient remplacés (n.d.l.r.).
  1. ABR : 414D1634.
  2. Jean-Claude Streicher : Un manieur d'argent : Léopold Aron, septembre 2023, 20 p., inédit.
  3. http://judaisme.sdv.fr/synagog/basrhin/a-f/fegersh/8-10lieux.htm
  4. Alemannia-judaica.de
  5. https://archives.bas-rhin.fr/recensements-population/REC-POP-C470#search-results
  6. Weissenburger Zeitung (plus loin : WZ), 30 mars 1893.
  7. WZ, 15 et 16 juillet 1892.
  8. WZ, 29 novembre 1890.
  9. WZ, 5 mars 1892.
  10. WZ, 10 mars 1893.
  11. WZ, 16 avril 1891, 1er et 8 mars 1893.
  12. WZ, 30 décembre 1890.
  13. WZ, 31 décembre 1891, 7, 14 et 16 janvier, et 4 février 1892.
  14. WZ, 28 octobre 1893.

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