En 1885, Saverne accueillit un professionnel reconnu, Alphonse Wolff qui assuma ses fonctions dans cette communauté pendant cinquante et un ans, jusqu’en 1936.
Il était né le7 août 1859 à Bouxwiller, fils du Rabbin Jacob Hertz Wolff et était admiré pour son talent et sa fidélité à la communauté. Il fut également "professeur de religion" et préparait les garçons de la communauté à leur "bar-mitzwah". Il remplissait ses fonctions avec une conviction qui faisait l’admiration de tous. Auparavant, il avait été nommé successivement à Imling, à Rosheim, à Quatzenheim et à Durmenach.
Il a connu trois rabbins successifs à Saverne, le rabbin Dreyfus Heymann Loeb (1814-1896) qui fut rabbin de Saverne pendant près de quarante ans, de 1857 à 1896 (l’un de ses descendants fut le grand rabbin de France Isaïe Schwartz), le rabbin Max Staripolski (rabbin de Saverne de 1896 à 1919), orateur hors pair, qui inaugura la troisième synagogue en 1900 à l’emplacement où elle se trouve aujourd’hui, loin du "Judenhof" où les juifs devaient résider durant le Moyen-Âge et où l’ancienne synagogue s’y trouvait toujours. Cette inauguration se déroulait alors que l’Alsace était allemande et que la communauté était à son apogée avec plus de 320 membres. Le troisième rabbin qu’il connut fut le rabbin Armand Bloch (1865-1952), nommé rabbin en 1920 alors que l’Alsace était redevenue française, et qui eut d’importantes fonctions au niveau du tribunal rabbinique de Strasbourg.
Alphonse Wolff bénéficiait d’un grand prestige et fut d’ailleurs nommé en 1926 officier d’académie. En 1935, toute la communauté célébra son jubilé avec faste et émotion car son fils aîné, Gaston, avait péri durant la première guerre mondiale. Un article élogieux avait été publié à l’époque dans le journal Tribune Juive suite à cet émouvant hommage.
Alphonse Wolff bénéficia même, à sa retraite en 1936, d’une rente conséquente de la part de la communauté. Il rejoignit alors son second fils, Jacob Wolff, qui avait été premier ministre officiant à Colmar et tous deux furent arrêtés à Nancy par les nazis en 1944 et ne revinrent pas d’Auschwitz.
Jacob Wolff était né à Saverne en 1885, l’année où son père est entré en fonction, et il fut également 'hazan notamment à Sarre-Union, Lauterbourg, Sainte-Marie-Aux-Mines, Besançon, Lunéville et Sarreguemines.