Vous entendez actuellement les moschelich (les bons mots) de Reb Itzig, racontés par le grand rabbin Max Warschawski za"l.
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Parmi les personnages qui ont laissé un souvenir durable dans le judaïsme dAlsace, figure, en bonne place Isaac Baer, rabbin de Bischheim pendant 35 ans, connu par tous sous le nom de Reb Itzig de Bische.
Il est né à Bischheim en 1809,
selon la plupart des historiens. Mais, dans le registre des prises de noms
patronymiques établi en 1808, il serait né le 29 août 1808.
Ses parents : Salomon Berr, rabbin, originaire de Dettwiller et Beyl Seeligmann - qui prendra, en 1808, le nom de Babette
Schiff (son père Seeligmann était le fils du célèbre
rabbin Netanel Samuel Bouxwiller, grand Rabbin des terres du Comté
de Hanau Lichtenberg). Ils ont, en 1808, trois enfants : Sara (auparavant Dina) 14 ans, Samuel, 12 ans et Isaac nouveau-né (?), le futur Reb Itzig.
Salomon Berr meurt alors que Isaac n'a que deux ans ! Avait-il été enseignant à la yeshiva fondée par Cerf Berr à Bischheim ?
Isaac Berr étudia à Wiesbaden puis à Francfort où il sera lélève de Salomon Trier et du Rabbin Aron Fould.
Revenu en Alsace, il présente un diplôme rabbinique délivré par le rabbin de Francfort et passe un examen à lécole rabbinique de Metz, grâce à quoi il deviendra rabbin de sa communauté de naissance et le restera jusquen 1881, année de sa mort.
En 1855, la famille comprend six enfants. Un de ses fils, Bernard, entre à lécole rabbinique de Paris en 1871, mais il meurt de maladie en 1877 avant dachever ses études rabbiniques.
Parmi ses camarades détudes à Francfort, figure Alexandre Weill, écrivain juif célèbre en France au 19e siècle. C'est lui qui écrivit la nécrologie de Isaac Berr dans lUnivers Israélite.
Selon ce dernier, Reb Itzig possédait en Allemagne une forte culture autodidacte et comprenait quatre ou cinq langues, sans en parler aucune couramment. Très bon talmudiste, il fut un rabbin aimé par ses fidèles pour son humour et pour ses répliques parfois piquantes que lon se répétait encore il y a une génération.
Comme la plupart de ses collègues, il était dune stricte orthodoxie et farouchement opposé aux réformes modérées quon voulait introduire dans les communautés françaises après 1850.
La tradition orale a conservé le souvenir de sa bonhomie et de sa finesse.
Il méritait dêtre mentionné parmi les figures rabbiniques de notre passé.
Extraits du Dictionnaire biographique des rabbins, Berg International Editions, 2008
Le 4 octobre 1837, Isaac Baer est élu au rabbinat de Bischheim, confirmé par le consistoire de Strasbourg le 2 novembre suivant, et installé le 10 novembre.
Il y restera en poste quarante-quatre ans jusqu'à sa mort ; il sera également le "coadjuteur" du grand rabbin de Strasbourg.
En 1848 il inaugure la synagogue et la nouvelle école primaire israélite de Bischheim, communalisée en 1937 et reconstruite avec une subvention du ministère de l'Instruction publique. C'est là que seront formé de nombreux élèves, futurs rabbins en France ou en Allemagne, parmi lesquels Adolphe Ury, Zadoc Kahn, Emile Lévy.
Il adopte une position très conservatrice contre le mouvement de réforme libération. Soutenant Salomon Klein, il rejette toutes les réformes projetées par la "conférence des rabbins" convoquée par Salomon Ulmann en 1856, et signe la pétition des traditionalistes.
Le recensement de 1851 lui donne comme épouse Gotta Roos, âgée de 28 ans, et mentionne un domestique à son domicile. Mais sur l'acte de décès d'Isaac, elle est prénommée Lotta.
Isaac Baer formule des demandes de secours en 1855 et 1860, faisant alors état de sept enfants. Le maire de Schiltigheim confirme qu'il ne dispose que de son traitement de rabbin pour vivre, et que la population israélite de Bischheim est "fort indigente".
L'Univers Israélite, 3 septembre 1926 : Pour conserver le souvenir du rabbin, son petit-fils André Weill crée en 1926 deux prix à l’intention élèves de l’Ecole Rabbinique
Source : https://larbredesbinoche.wordpress.com/du-cote-des-baer/
Les moschelich (les bons mots) de Reb Itzig
Reb Itzig est invité à déjeuner chez une femme qui n’est pas réputée pour ses qualités de cordon bleu. Elle lui sert une soupe, que Reb Itzig ingurgite péniblement. La femme lui demande : "Comment trouvez-vous ma soupe ?" "chaude, très chaude"répond-il.
Autre invitation, cette fois-ci chez une femme réputée pingre. Le déjeuner est effectivement du genre viande cachée sous le petit pois. Quand il prend congé, la femme lui demande "Reb Itzig, quand aurons-nous de nouveau l’honneur de vous avoir à déjeuner ?"
Reb Itzig n’hésite pas : "Tout de suite, si vous voulez…"
Reb Itzig a la vue qui baisse, il consulte son médecin. Le médecin lui prescrit d’arrêter le petit schnaps qu’il a l’habitude de boire tous les matins. Quelques jours plus tard, le médecin rencontre Reb Itzig et lui demande s’il a suivi ses indications. "Docteur, pour deux malheureuses fenêtres, je ne vais pas risquer de faire s’écrouler toute la maison !"
Puis-je rappeler deux autres "facéties" de Reb Itzig za"l, telles qu'on les a traditionnellement contées dans notre famille ?
Nous sommes en période d'élections (sous Louis Philippe ou sous Napoléon III ?). Le candidat officiel s'appelle Bussières, mais il est interdit aux ministres du culte d'en faire état. Alors le shavess avant l'élection, Reb Itzig termine son sermon en disant : "et rappelez-vous, mes chers frères, que nous avons été "Pussière", et que "Pussière" nous serons de nouveau !"
Une paroissienne, un peu geignarde, se plaint au rabbin: "Ah Rebbe je me sens umselig (malheureuse)" Et Reb Itzig de rétorquer : "Ma chère Dame, il vaut mieux être "umselig" qu'être "selig" (défunte)".