Voici le parcours bien rempli de
Gerson Lévy, Bedeau en Chef à la Synagogue de la Paix de Strasbourg.
Notre père avait commencé à écrire
l’histoire de sa vie, mais il nous a quittés avant d’avoir pu y mettre le point
final. Nous avons pensé qu’il était de notre devoir de finir ce qu’il avait
commencé.
Ses parents, Benoît Lévy (né le 29 février 1880 à Kuttolsheim, Bas-Rhin) et Dora Bialek (née le 25 décembre 1884 à Chechterhova, près de Lodz en Pologne), après avoir vécu d’abord à Kuttolsheim, puis à Schaffhouse, s’étaient installés à Hochfelden en 1904. Ils ont eu cinq enfants, trois garçons et deux filles (Sarah, dit Serette, née en 1905, Nathan, né en 1907, Céline, née en 1909, Gerson, notre père, né à Hochfelden le 31 juillet 1911 et enfin Maurice, né en 1915).
Notre
grand-père a été pendant dix ans le bedeau de la Synagogue de Hochfelden.
Parallèlement, il faisait commerce de ferraille, chiffons et peaux de lapins,
voyageant de village en village avec une petite charrette et un âne.
Notre
grand-mère, quant à elle, s'occupait de la maison et de la mikva, le
bain rituel. Pour remplir cette tâche, elle était obligée de transporter les
seaux d'eau de la fontaine qui se trouvait en bas de la côte jusqu'à la cave de
la mikva.
Petit enfant, notre père fit ses premiers pas dans la synagogue de Hochfelden. A deux ans, il tomba gravement malade. Il eut la diphtérie, maladie très grave à cette époque et le médecin déclara qu'il ne pouvait plus rien faire. Sa mère ne se contenta pas de cette réponse, elle pressa des citrons qu’elle lui donna à boire dans un biberon. Elle lui sauva ainsi la vie.
A trois ans, il alla à l'école maternelle, chez les sœurs catholiques, qui étaient très gentilles et le choyaient beaucoup. A six ans, il entra à l'école primaire israélite de Hochfelden où il apprit à parler l'allemand, puisque l’Alsace était alors allemande. Son instituteur s'appelait Monsieur Metzger.
En 1914, lorsque la guerre éclata, notre grand-père fut mobilisé. Notre grand-mère resta toute seule avec quatre enfants (le plus jeune fils, Maurice, ne naîtra que plus tard en 1915). Pour faire vivre toute sa petite famille, elle se mit à fabriquer du savon qu’elle vendait dans les villages aux alentours. Pour l'aider, la soeur aînée de notre père, Serette, qui avait 12 ans à cette époque, faisait la cuisine pour toute la famille.
Néanmoins, notre grand-père venait de temps en temps en permission pour quelques semaines et repartait. Il se retrouva en Pologne pendant la guerre où il fut blessé. Il put revenir pour sa convalescence, mais une fois guéri il dut repartir. Il participa alors à la bataille de la Somme et de la Marne. La guerre terminée, il reprit son métier de bedeau et de commerçant.
Notre grand-mère avait une sœur, propriétaire d’un magasin d’articles de ménage et de vaisselle, dans la Grand’Rue à Strasbourg. Celle-ci s’étant mariée avec un Allemand, fut expulsée de la ville. Notre grand-mère reprit ce magasin à sa suite, et c'est ainsi que toute la famille vint s'installer à Strasbourg.
A sept ans, notre père entra à l'école israélite de Strasbourg, où il apprit à parler, lire et écrire le français. Son institutrice s'appelait Mademoiselle Sée.
A quatorze ans, il chercha du travail et trouva un emploi d’apprenti-quincailler aux Etablissements Simon LOEB. Son salaire s'élevait à 60 francs par mois la première année et 120 francs par mois la deuxième année (1925).
A la fin de son apprentissage, il trouva un emploi dans une quincaillerie à Paris, rue du Faubourg Montmartre. Il gagnait 800 francs par mois et habitait dans un hôtel meublé. Au bout d'un an ses parents lui demandèrent de revenir à Strasbourg pour les aider dans le commerce.
Il fallut apprendre à conduire. A cette époque, le garagiste devenait moniteur d’auto-école. Il apprit très vite à conduire et passa son permis le jour de son anniversaire. Son père acheta alors une camionnette pour transporter les articles de ménage qu’il vendait au marché.
A dix-neuf ans, il fit la préparation militaire pour devancer l'appel sous les drapeaux, et effectua son service militaire à Strasbourg alors qu'il aurait souhaité le faire à Angers. Cela dura un an. Il pouvait rentrer tous les soirs à la maison pour dîner, mais devait retourner à la caserne pour dormir. Il lui arrivait de faire le tour de garde devant la caserne.
Après son service militaire, il retourna chez ses parents et a continué à faire les marchés pendant trois ans.
A vingt-cinq ans, il avait décidé de se marier, mais avec qui ?
A cette époque, on
se mariait par connaissance et comme sa mère connaissait beaucoup de monde,
elle en parla autour d'elle. Une amie au marché, qui faisait ses courses pour
Shabath, lui dit qu'elle connaissait une jeune fille qui habitait à Ingwiller.
Rendez-vous fut pris pour le dimanche suivant. Notre père s’y rendit en
voiture, et quand il fit la connaissance de cette jeune fille, ce fut le coup de foudre. Leur première sortie
fut le bal de Simhath-Torah qui se
tenait à la Loge, rue du Maréchal Joffre à Strasbourg.
Cette belle jeune fille s’appelait Marguerite Lévy, née à Ingwiller le 29 septembre 1907. Nos parents se sont mariés le 29 novembre 1936 à la Synagogue d'Ingwiller. Ce fut une grande fête, la synagogue était trop petite pour contenir tous les gens.
Le mariage fut célébré par le Rabbin Guggenheim, le ministre-officiant était Monsieur Roth. A la sortie de la synagogue, les pompiers d' Ingwiller firent la haie d'honneur avec leurs fusils et tirèrent des coups de feu. Le repas de noce eut lieu à la maison.
La destination du voyage de noce fut Strasbourg, où ils se rendirent dès le lendemain du mariage. Ils vécurent quelques temps chez les beaux-parents, le temps de trouver un logement. Nos parents continuèrent à faire les marchés, à leur compte, et trouvèrent un logement à Neudorf, rue Michel Baltzer.
C’est là qu’est née l’aînée de nous deux, Andrée, le 2 septembre 1937.
Puis arriva une période un peu plus
sombre.
Notre père a été mobilisé le 2 septembre 1938.
Il est parti à Nancy et dans le secteur de la Sarre. Au Quartier Général,
il a été chauffeur des officiers pendant six semaines, puis
il a pu à nouveau rentrer à la maison. Là il a repris
ses activités civiles, c’est-à-dire le commerce sur les marchés,
et ce pendant un an.
En septembre 1939, des affiches de MOBILISATION GENERALE attirèrent son attention et il repartit à Nancy, comme l'année précédente. Quelques jours plus tard c’était la Déclaration de guerre.
Il fut à nouveau chauffeur, mais d'un commandant qui s'appelait Coste, et qui habitait à Sarrebourg. Tous les jours il faisait le trajet de Helimer à Sarrebourg, et passait son temps à attendre le commandant. Cette "drôle de guerre" dura jusqu'en juin 1940.
Il fut fait prisonnier par les Allemands avec son régiment le "20e Train" en juin 1940 près de Saint Dié. Il se rappelait les marches à pied jusqu'à Sélestat (50 km) où les pieds étaient en sang à l’arrivée. Un jour, le commandant leur donna l'ordre de prendre des chevaux pour aller jusqu'à Colmar à la caserne. Là, il dut seller un cheval et partir. Arrivés à la caserne, les Allemands firent un tri en séparant les juifs des non-juifs. Une rumeur disait que les Alsaciens seraient libérés.
Les Allemands leur posaient différentes questions et pour l’un de ses copains, le résultat fut concluant, mais pas pour lui :
- Quel est votre nom ?Il fut libéré sur-le-champ. Le questionnaire était le même pour notre père, mais du fait que son nom était Lévy, l’Allemand ajouta :
- Je m'appelle Robert METZGER.
- Quelle est votre profession ? - Ich bin Metzger (je suis boucher). - Quelle est votre religion ? - Je suis protestant.
- Sind sie Jude ? (Etes-vous juif ?)L’Allemand s'est mis à hurler : "RAUS !" (Dehors !).
Réponse: Ya (Oui)
Après quatre semaines passées à Colmar, ils ont été conduits à la gare et mis dans des wagons à bestiaux en direction de Belfort où ils sont restés plusieurs semaines.
Le jour de Kipour 1940, ils ont à nouveau été transportés dans un train de wagons à bestiaux avec d'autres prisonniers en direction de l'Allemagne, puis de l'Autriche. La captivité a duré cinq longues années. A leur arrivée à Ebreitschdorf (Autriche), ils ont été sélectionnés parce qu’ils étaient juifs.
Le deuxième voyage les conduisit à Bludenz (Autriche) où ils ne sont restés que quelques semaines. A cause de deux prisonniers qui se sont évadés, ils ont été transférés dans un camp en pleine montagne, où il faisait très froid. Les évadés ont été repris au moment de passer la frontière.
Un jour, arrivèrent deux officiers allemands de la Wehrmacht pour inspecter le camp. On demanda à notre père de faire l'interprète auprès de ses camarades. Celui-ci expliqua à ces officiers qu’il faisait très froid et qu'il y avait des prisonniers originaires d'Afrique du Nord qui ne supportaient pas ce climat. Quinze jours plus tard, un télégramme arriva stipulant que les prisonniers allaient être transférés ailleurs. Il s’agissait de Salzbourg (Autriche), où il travailla dans une scierie jusqu'à la fin de la guerre.
Le 8 mai 1945, il fut libéré par son beau-frère Lucien Lévy, notre oncle adoré, qui s'était engagé comme soldat volontaire dans l'armée des Etats Unis d'Amérique.
Notre père nous a raconté ce qui suit: "Ce jour-là mon beau-frère m’a fait appeler par haut-parleur pour que je me présente à l'entrée du camp. C'est en arrivant là que j'ai vu, après un instant de surprise, que c'était Lucien. Ma joie fut immense…Il était accompagné d'autres soldats américains, ainsi que du Général Patton, dont il était l'interprète".
Ce fut une inénarrable journée de bonheur et d’émotion que les retrouvailles des deux beaux-frères après cinq années de séparation.
Notre père se souvenait également du repas qu’il avait pu prendre avec le Général Patton et son beau-frère. Puis, Lucien a fait envoyer trois camions pour faire évacuer tous ses camarades et tous ont pris la direction de Strasbourg.
Ensuite il a été démobilisé par le Service des Armées qui se trouvait au Wacken à Strasbourg. De là, il s’est rendu au Bureau du Séquestre, toujours à Strasbourg, pour essayer d’avoir des informations sur les biens qu’il possédait (meubles, etc…). Et là, à nouveau, une immense surprise mêlée d’une grande émotion: sa belle-sœur (la femme de Lucien) se trouvait là, en face de lui.
Très vite, tous deux voulaient rejoindre le reste de la famille dans le Jura où notre mère, Andrée, et les beaux-parents avaient passé cette longue période de guerre. Arrivé à Lons-le-Saunier, notre père s’est rendu à un endroit qui recevait les prisonniers de guerre qui rentraient. Puis il a été emmené à Maynal, dans le Jura, où résidait sa famille. Sur la place du village, une jeune fille l’a reconnu et a couru prévenir notre mère. Cette jeune fille s’appelait Suzanne Klein et était originaire de Brumath.
Une seconde et inénarrable journée de retrouvailles remplie de grande émotion. Il a refait connaissance avec sa femme, sa fille et ses beaux-parents. Puis la vie a repris son cours doucement. Il avait besoin de reprendre des forces. Il est allé rendre visite à sa mère qui était réfugiée avec sa sœur Céline, son mari et ses quatre enfants, à Ardentes dans l’Indre.
Son père était décédé en janvier 1944. Il ne l’a donc malheureusement pas revu.
De retour à Strasbourg, nos parents ont logé chez notre oncle Lucien (frère de notre mère) et notre tante Edith (son épouse) jusqu’à ce qu’ils retrouvent un logement, car dans l’appartement qu’ils occupaient avant la guerre s’était installé un collaborateur qu’ils ont eu beaucoup de mal à déloger. Pour récupérer ce logement il a fallu faire un procès qui dura presque deux ans. En attendant, ils ont vécu rue des Cordiers, près de la Cathédrale. Cet appartement était la propriété du musée de l’œuvre Notre-Dame. Toutes les maisons avoisinantes avaient été bombardées.
Nos parents ont repris leur travail sur les marchés où ils vendaient de la bonneterie et de la lingerie. Tous les anciens fournisseurs leur ont donné un coup de pouce. Ce travail a duré cinq ans. Ce n’était pas toujours facile, surtout l’hiver, au moment des grands froids.
En novembre 1949, notre grand-mère
paternelle décéda.
Nous avons mentionné que notre grand-père
paternel était bedeau à la Synagogue de Hochfelden, mais notre grand-père
maternel avait exercé cette même profession pendant trente ans à la Synagogue
d’Ingwiller. Dans la lignée de ses "pères-bedeaux", notre
père ne savait pas encore qu’il allait reprendre le flambeau pour plus de trois
décennies.
Un jour de 1949, se produisit un grand tournant dans sa vie. Il rencontra M. Joseph Hirsch, alors Bedeau en Chef à la Synagogue de Strasbourg, qui lui demanda de lui donner un coup de main. Il accepta et se présenta à la Communauté Israélite. C’est ce petit "coup de main" qui allait durer des décennies.
Il se plaisait à dire qu’aucune école ni aucun diplôme ne prépare au métier de bedeau: "Les écoles pour devenir chamess, ça n’existe pas!". Il commença par faire le service du vendredi soir et du samedi tout en continuant parallèlement son travail sur les marchés.
Dans le courant de l’année 1950, il fut
embauché comme bedeau et cessa définitivement le marché. Il fallut liquider la
marchandise et surtout… payer les impôts!
Un autre événement important eut lieu en
1950, la naissance de la cadette d’entre nous, Josiane.
Notre père était très heureux de travailler comme bedeau. Cela lui convenait parfaitement. Il commença à la Synagogue Etz Haim, rue Kageneck. Ensuite ce fut la Synagogue de la Place Broglie et en 1958 fut inaugurée la Synagogue de la Paix. Tous les matins, très tôt, et tous les soirs, il se rendait à l’office. Pendant la journée il vaquait à des tâches plus administratives. Le bureau de la Communauté se trouvait rue Oberlin, puis plus tard, Avenue de la Paix. Il encaissait les cotisations auprès des membres de la communauté, il écrivait les cartes pour les anniversaires de deuil et les portait à domicile, il créait des fichiers de membres, distribuait le courrier pour économiser les timbres. Habitant à Neudorf, il faisait la navette en vélo plusieurs fois par jour. Et le samedi et les jours de fêtes il allait à pied.
Lorsqu’il y avait un décès, il s’occupait
de tout également, de la toilette mortuaire jusqu’à l’enterrement. Ce n’était
pas toujours facile. Il connaissait presque tous les fidèles de la communauté et
s’était attaché à bon nombre d’entre eux.
Le dimanche matin, il allait toujours aux
poses de matzeva (pierre tombale). Il craignait qu’il n’y ait pas minyan
(quorum).
Il s’est aussi investi dans la réalisation d’un registre du Cimetière de Cronenbourg et de Koenigshoffen, entièrement écrit de sa main.
Il y avait aussi des événements plus heureux tels que les mariages auxquels il était également présent. Il préparait la cérémonie et montait la Houpa (le dais nuptial).
Pour les grandes fêtes de Rosh Hashana, Yom Kipour, Hanouka, Pessa'h, Shavouoth, il fallait tout préparer pour les offices, distribuer les appels à la Torah, préparer le Sefer (rouleau de la Torah), nettoyer toute l’argenterie qui se trouvait dans le tabernacle.
Un jour, un copain lui a demandé combien de kilomètres il parcourait dans la synagogue. N’ayant pas pu lui donner de réponse, cette personne lui a donné un podomètre et il s’est avéré qu’en une journée il avait parcouru 11 kilomètres rien qu’en marchant dans les allées de la synagogue !
Il nous racontait aussi des anecdotes à
propos "des bavards" à la synagogue. Faire respecter un silence
religieux dans la synagogue a toujours été un problème préoccupant qui n’a
jamais été résolu. Un jour il a dû distribuer des avertissements de couleur aux
plus bavards. On pouvait y lire le texte suivant :
"Nous nous sommes déjà vu obligés de vous remettre un
avertissement vous priant de bien vouloir vous abstenir de toute conversation.
Nous sommes très peinés de constater que néanmoins vous continuez à déranger
l’office…".
Parmi d’autres anecdotes, plus humoristiques, nous nous rappelons l’histoire d’un mariage où vinrent tous les invités sauf les futurs mariés, l’histoire d’un enterrement à Westhoffen, celui du regretté Isaïe Schwartz, grand rabbin de France, où il a failli s’engloutir dans la fosse glissante, l’histoire d’un autre mariage où la mariée sous le dais nuptial était si rebondie que le grand rabbin se demandait s’il n’y avait pas lieu de réciter une bénédiction spéciale pour une mariée sur le point d’accoucher…
A 70 ans, commençant à être un peu fatigué, il a reconnu qu’il fallait s’arrêter. Et c’est là qu’il a décidé de prendre sa retraite, le 1er juin 1981. Il a tout de même beaucoup de mal à rester inactif. Un jour, il reçoit un petit coup de téléphone de Mademoiselle Joseph, qui a travaillé de nombreuses années avec lui. Celle-ci lui demande s’il a encore le courage de leur donner un "nouveau petit coup de main" de temps en temps. Ni une, ni deux, c’est tout réfléchi, c’est avec grand plaisir qu’il retourna au travail pour faire quelques encaissements auprès des membres de la communauté, mais en voiture cette fois!
Sa famille, ses enfants et petits-enfants, comptaient énormément. Nos parents pensaient toujours à nous avant de penser à eux.
Leur grand bonheur a été aussi de célébrer nos deux mariages à la Synagogue de la Paix, "la synagogue de papa" en quelque sorte (en 1961 et en 1972), de célébrer aussi les trois Bar-Mitzvoth de leurs petits-fils, celles d’Eric Gerschel (en 1979), de Thierry Haccoun (en 1987) et de Jérémy Haccoun (en 1991). Ils ont également eu la joie d’avoir une petite-fille (Sandrine Gerschel) qui est née en 1969. En novembre 1996, ils ont eu l’immense plaisir de fêter leur soixantième anniversaire de mariage.
Après avoir longuement parlé de notre père, nous ne voudrions pas finir cette narration sans rendre hommage à notre mère, qui a activement participé à la vie de la communauté israélite dans laquelle notre père exerçait ses fonctions. Elle était toujours là, l’encourageant dans les moments difficiles et participant avec lui à certaines activités. D’ailleurs, en 2001, leurs noms ont été apposés à la Synagogue de la Paix sur les Tables du Souvenir.
Notre mère s’affairait dans sa maison, aimait recevoir, préparait avec un immense plaisir les tables de fêtes. Son foyer était surnommée "La Maison du Bon Dieu" parce que tout le monde s’y sentait toujours à l’aise et y était bien reçu.
Elle nous a quittés très brutalement le 15 avril 1998 (19 Nissan) dans sa 91ème année. Nous n’avons pas eu le temps de lui dire au revoir.
Notre père s’est éteint dix mois plus tard, le 14 février 1999 (28 Chevath) dans sa 88ème année, de la même manière, avec une discrétion qui lui était coutumière. Jusqu’à son dernier souffle, il a apporté son concours à la Communauté Israélite de Strasbourg ainsi qu’à sa famille.
Nous ne les oublierons jamais.