Max WARSCHAWSKI
Strasbourg 1925 - Jérusalem 2006
Grand Rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin
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Des divers grands rabbins qui se sont succédés à ce poste, Max Warschawski est le onzième. Rappelons, comme il aimait le faire, cette lignée prestigieuse de rabbins qui ont été les guides spirituels du judaïsme du Bas-Rhin. |
Vers 1980, une interview à la une des Dernières
Nouvelles d'Alsace présentait le grand rabbin sous ce
titre : "Max Warschawski; profondes racines alsaciennes"... Le nom
"Warschaswski" évoquerait plutôt l'étudiant d'une des nombreuses
yeshivoth
près de Zdunska Wolla, en Pologne d'avant guerre ! Mais les aléas
de l'histoire en ont fait un grand rabbin consistorial de la vallée
du Rhin, et non un rav du côté de la Vistule.
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Kaïla Tovas Staschewska |
Ses parents sont nés tous deux à Lodz en Pologne (bien que les papiers de son père indiquent officiellement sa naissance à Saint Petersburg). Le père de Max passe son enfance au 'héder, puis à la yeshiva, où il restera jusqu'en 1918, au moment où la Pologne devient indépendante. Mobilisé vers l'âge de 18-19 ans, il ne conserve pas longtemps son uniforme ; il décide de déserter et de traverser la frontière pour passer en Allemagne. Il s'installe à Frankfort pour y poursuivre ses études talmudiques. En 1923, il épouse Kaïla Tovas Staschewska , petite ou arrière-petite-cousine. |
N'étant plus étudiant, le père de Max ne peut plus rester en Allemagne. Le couple traverse donc le Rhin pour s'installer à Strasbourg. C'est ainsi que le 4 juillet 1925, Max Warschawski naît à Strasbourg, où il va passer la plus grande partie de sa vie.. A cette époque, il n'y avait pas d'école juive dans la ville, et c'est donc à l'école publique qu'il commence sa scolarité, à l'école Fustel de Coulanges, jusque vers 1933-34, à la mort de sa mère. Son éducation juive, il la reçoit au héder. Ses parents font partie de la communauté d'origine polonaise, Adass Isroël, dont le héder fonctionne tous les jours après les heures de classe. C'est là qu'il apprend les rudiments du judaïsme et de l'hébreu. Auparavant, il avait déjà reçu les leçons d'un précepteur, un vieillard à grande barbe blanche nommé Geiger. Les Warschawski demeurent alors rue des Orphelins. Quelques années avant la seconde guerre mondiale, ils déménageront rue d'Austerlitz, où ils vivront jusqu'au moment de l'évacuation en 1939. |
Max Warschawski (à droite) avec ses parents et son frère Sally |
Quatzenheim : découverte du judaïsme alsacien | |
Max a perdu sa mère très jeune, en 1933, il n'avait
que 8 ans. C'est alors qu'avec son frère Sally et sa sœur
Irène, ils sont placés, à Quatzenheim,
dans une famille
de réfugiés venus d'Allemagne, les Mokotov. Ils y resteront
jusqu'au remariage de leur père.
Enfant éduqué en ville, il se considère comme un Strossbourier Wackes (gamin des rues), et il débarque dans ce village dont la seule chose qu'il comprenne est l'alsacien de la rue, qu'il a appris place des Orphelins. Quatzenheim est pour lui une découverte permanente. Quand il se rend pour la première fois à la synagogue, la schule de Quatzenheim, un vendredi soir, il croit que c'est Pourim : les hommes sont en chapeau haut de forme et portent une espèce de vieille redingote.
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Les fidèles à la Synagogue de Gerstheim sur une gravure ancienne - coll. A. et M. Rothé |
A Quatzenheim, se trouvait alors une quinzaine de familles juives, épiciers,
bouchers ou marchands de bestiaux. C'est sans doute de ses souvenirs de
son séjour à Quatzenheim, dans cette communauté de
Zwatzene, que lui est venu par la suite son intérêt
pour l'histoire des Juifs d'Alsace. A cette époque il n'y avait
déjà plus d'école juive, et toute la vie juive tournait
autour du 'hazan (ministre officiant), qui était omniprésent,
à la schule le Shabath, et en semaine quand quelqu'un
avait Jahrzeit (anniversaire de deuil). C'est ce même 'hazan
qui prodiguait aussi l'enseignement religieux. |
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Le Shabath, l'école commençait à
10 heures. Auparavant il allait à la schule dont la
fameuse Pa'hoheth qui l'avait toujours émerveillé.
C'est à Quatzenheim qu'il a appris le judéo-alsacien, qui est devenu son langage, car les anciens du village ne connaissaient que le Yiddish daitsch. A la maison, ses parents lui parlaient en yiddish et il leur répondait en alsacien.
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Il s'agissait du
Rabbin Jérôme
Lévy, qui a laissé sur le jeune Max de l'époque
une empreinte extraordinaire, tant pour sa bonté que pour son érudition.
Jusqu'à la guerre, il a été son maître. Le
rabbin Jérôme Lévy est mort prématurément,
dans la Drôme en 1942. Il alliait une foi profonde à une
pratique stricte, un esprit de tolérance et de compréhension.
On sentait chez ce maître la joie d'enseigner qui allait provoquer
chez l'élève l'envie et la joie d'apprendre. |
Les années de guerre | |
Après deux années passées à Quatzenheim, c'est le retour à Strasbourg. Son père est remarié, avec Myriam qui a déjà une fille, Claire. La famille compte désormais quatre enfants. Max devient bar-mitzwa en 1938. Quant à son frère Sally, sa bar-mitzwa il aurait dû la faire… la semaine de l'évacuation. La famille Warschawski quitte Strasbourg la veille de la mobilisation générale, un vendredi de juillet 1939, pour Paris. Ils passent le Shabath chez une sœur de la belle-mère de Max, tante Clartche, et de là ils partent pour Vichy, où ils restent jusqu'en 1941. Puis, le Gouvernement ayant besoin d'appartement pour y loger son administration, on oblige les étrangers à quitter la ville . |
le groupe local EI de Vichy Cliquez sur la photo pour l'agrandir |
Chassés de Vichy, c'est à Chamier, près de Périgueux, que la famille débarque. Max et son frère Sally partent étudier à l'ORT, à Limoges, qui se trouve encore en zone libre. Max y apprend le métier de radio-technicien. Les deux frères logent dans un internat de l'OSE, avec une cinquantaine d'autres garçons et filles. Avant la guerre, à Strasbourg, Max était membre du mouvement de jeunesse Yechouroun. Pendant la guerre, il est "prêté" aux EI (Eclaireurs Israélites) de Vichy ; il devient chef de troupe. |
La troupe de éclaireurs à Vichy. A gauche son chef "Héron méditatif" (alias M. Warschawski) Cliquez sur la photo pour l'agrandir |
A Limoges, la
communauté juive s'est assez bien réorganisée, grâce
à son rabbin, Abraham
Deutsch. C'est lui qui pousse le jeune Warschawski à quitter
l'ORT pour rejoindre le Petit Séminaire.
En effet, par décision du Rabbin Liber, l'école rabbinique a ouvert une école préparatoire à l'école rabbinique, le PSIL, et c'est le rabbin Deutsch qui en assure la direction. Le PSIL sera dans une large mesure une pépinière de penseurs et de guides pour la communauté juive de l'après-guerre. Le Consistoire central sous la présidence de Léon Meiss en assure le financement. |
Les élèves du PSIL à Limoges |
Le PSIL,
Petit Séminaire Israélite de Limoges, est une
sorte de lycée où l'on enseigne tout : l'hébreu,
la guemara, le français, le latin, les langues vivantes. On y prépare
le baccalauréat.
En 1943, devant se présenter aux épreuves finales de l'ORT le jour où se déroulent celles du baccalauréat, Max préfère le bac, qu'il passe avec mention. Mais l'année suivante pour le second bac c'est l'échec : le contexte local a changé, Limoges est devenue zone occupée, et la cause essentielle de son échec provient certainement du fait que le nom des candidats figure sur les copies. |
Atelier des élèves de l'ORT à Périgueux |
En 1943, le jeune Max devient "français par option et de plein gré". Préparant son second bac, il quitte l'internat pour habiter l'appartement des élèves du PSIL. La situation devenant de plus en plus dangereuse, il va loger dans une mansarde, chez une famille de la vieille noblesse limousine, engagé comme répétiteur pour leur cancre de fils. Mais le risque d'être arrêté par la milice ou la Gestapo s'accroît, et il quitte Limoges en 1944, pour rejoindre le maquis EI dans le Tarn. Il prend le train, traverse la ligne de démarcation à Bordeaux, et revient vers Toulouse, plus précisément dans la région de Castres. Il y rejoint le maquis de la compagnie Marc Haguenau, commandé par Castor (Robert Gamzon), commissaire général des EI. Max est l'un des plus jeunes maquisards : sa tâche consiste dans le maniements d'armes, et la réception de parachutages. Un jour, vraisemblablement à la suite d'une trahison, le maquis est attaqué alors que son groupe se trouve en mission à l'extérieur. Les Allemands pénètrent dans le maquis et tuent six ou sept membres de leur compagnie. Tous sont achevés d'une balle dans la tête. Ayant rejoint d'autres résistants, dans une ferme de la région, Max est présenté comme le rabbin du groupe des maquisards. Ensuite, il participe à la libération de Castres et de Mazamet, puis il est hospitalisé à Toulouse, pendant un mois. Démobilisé à sa sortie de l'hôpital, il retourne alors à Limoges en 1944, où il passe enfin son second bac avec mention bien. |
Max Warschawski pendant la guerre |
Nommé moniteur-éducateur dans un internat de filles, pour la plupart des enfants de déportés, il restera à Limoges jusqu'à la fin de l'année scolaire 1944, |
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