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La première idée, celle qui vint tout naturellement à nos maîtres spirituels, fut d‘avoir recours à un remède éprouvé d’une thérapie philosophique ancestrale : prier. Hélas ! en dépit de son caractère séduisant et peu onéreux, cette solution se révéla vite irréaliste en raison de l’absentéisme chronique. En effet que se passerait-il si l’on ne réussissait pas à réunir un minyan ? Que penserait on de nous en Haut Lieu ?
Alors ? devait-on se résigner à voir la C.I.S. connaître
le sort de tant d’entreprises profanes en difficulté : le dépôt
de bilan avec, sait-on jamais, la délocalisation de ses derniers fidèles
vers Adath Israël ou le Kollel ?
Et la lumière
fut grâce à cet autre remède de la thérapie évoquée
plus haut : la croyance aux miracles. Tout aussi peu onéreux, il avait
en outre l’avantage, dans le cas où il n’opérerait
pas, d’exonérer les croyants de la responsabilité de l’échec.
L’unanimité s’étant faite, l’inspiration jaillit
aussi, dictant la conduite à tenir : chercher, dans le plus grand secret,
un repreneur, ce qui fut fait en mobilisant les prospecteurs
les plus éminents de l'Appel Juif Unifié que du KKL.
On avait bien songé aussi aux étudiants de certaines yeshivoth
locales particulièrement versés dans l’art de trouver
des réponses à des questions impossibles mais on s’était
résolu à y renoncer craignant que la chose ne mène trop
loin.
Mais d’autres, institutions ou particuliers, prirent aussitôt la
relève : ainsi le KKL, arguant que la collecte de fonds avait créé
entre la Communauté et lui-même un tronc commun ou Etz
Haïm, toute disposée à accueillir sa grande voisine
du Contades parmi ses branches.
A noter aussi, ambitieuse, la WIZO Strasbourg pour qui une dame
juive ne devait pas se contenter d’être la reine et se taire.
Signalons encore l'Hospice
Elisa et le Gan
Chalom, en partenariat, que Freddy Raphaël récusa, soutenant
que "des confits intergénérationnels risquaient d’induire
une béance du consensus paroissial", ou la petite communauté
de Quatzenheim
se souvenant de ses attaches avec le grand-dath strasbourgeois.
Sans oublier de joyeux fantaisistes comme ces usagers du mikvé
s’intitulant "les baignés de Pourim".
Restaient d’innombrables représentants du monde des affaires, dont
les commerçants de la Grand’Rue qui proclamèrent "Même
si tout doit disparaître, nous sommes pour la reprise", voire, à
deux euros de chez nous, le Casino de Baden-Baden.
Ou une grande compagnie financière proposant que le temple
consacré à la Paix devienne la Synagogue de la Paix et
de l’Allianz.
Ou encore cet industriel du textile porté sur le sponsoring, se déclarant
prêt à investir à la seule condition que chaque mitzvah
comporte automatiquement un mischeberach pour "Méir
ben Nissim Maurice, le roi de la chaussette de l’ Est".
Bref, si nombreux étaient les candidats qu’un président
s’exclama :
" Pour s’y retrouver, ça va être la croix et la bannière
!"
Ce qui fit intervenir aussitôt un des grands-rabbins :
"Vous vouliez sans doute dire qu’on n’est pas sorti de la
garkich…"
NOCTUEL |
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