La Synagogue de Mulhouse est devenue une dame respectable, puisqu'elle va avoir l'honneur de passer le cap d'un siècle et demi. Ce sera la deuxième fois que cette Beit haknesseth verra commémorer son anniversaire dans un cadre de paix ! La première fois fut pour son centenaire, en mars 1949, mais combien de ses fidèles auront eu le bonheur d'être présents pour ces deux étapes ?
Avant de parler du centenaire de 1949, il serait bon de revenir en arrière, c'est à dire à la construction même de la synagogue mulhousienne. Qui n'a pas été frappé par les dimensions très imposantes de l'édifice pour une ville qui , après tout , n'est même pas le siège du Consistoire israélite départemental ! La synagogue actuelle a été construite cinquante ans après que la République de Mulhouse, alliée de la Confédération helvétique, fut contrainte de demander son rattachement à la France révolutionnaire en 1798. Pour nous, une des conséquences les plus importantes de cette réunion fut l'ouverture de la ville aux Juifs. La République de Mulhouse leur avait interdit d'y séjourner, ceci pendant de nombreux siècles , c'est-à-dire depuis l'époque médiévale de la "peste noire" qui avait vue l'expulsion des Juifs de l'Alsace. Alors que l'Alsace s'était rouverte, tant bien que mal par la suite, aux Juifs , Mulhouse fut le dernier lieu qui leur fut interdit depuis la Réforme, même les catholiques étaient interdits de séjour , mais ceci n'est pas notre objet.
Ainsi, jusqu'à 1798, les Juifs se trouvaient contraints de résider dans des villages à la périphérie de la ville : Dornach (qui ne sera rattaché à la ville qu'au début du 20ème siècle), Pfastatt, Rixheim, Habsheim, Zillisheim, Steinbrunn-le-Haut. Le rattachement du territoire de Mulhouse à la France va permettre à cette population juive limitrophe de venir , dans un premier temps y traiter des affaires : il n'y a plus de taxe corporelle à payer pour chaque séjour - entre la levée du jour et le coucher du soleil . Enfin, on entre librement dans la ville ! Mais au fur et à mesure que les mois s'écoulent, nos coreligionnaires vont quitter ces villages pour venir s'installer dans la cité. Les anciennes limitations d'exercice de professions qui étaient le lot des Juifs d'Alsace, avant la Révolution, sont révolues. Nos ancêtres qui n'avaient eu que le droit d'exercer des professions du commerce, en fait ils étaient colporteurs, marchands de bestiaux ou bouchers, vont profiter de la naissance de l'industrie textile mulhousienne pour changer d'activités. Non seulement ils vont s'établir dans l'artisanat, mais ils vont aussi pouvoir s'impliquer dans le commerce et le négoce des étoffes et des fournitures nécessaires à la fabrication, la teinture ou l'impression des tissus. Les négociants franchiront le pas et deviendront tisseurs. C'est ainsi qu'on voit apparaître des tissages juifs, comme ceux de Raphaël Dreyfus - le père du Capitaine Alfred Dreyfus - de Corneille Bernheim, plus tard Wallach, mais aussi des transformateurs textiles, c'est à dire achetant d'un côté des tissus écrus pour, d'un autre côté, les faire teindre ou imprimer. Le plus connu sera Lazare Lantz, qui créera la Banque de Mulhouse, ancêtre du Crédit Commercial de France. Ces Juifs, qui viennent de faire fortune, vont être les notables communautaires et aussi financer la construction de la synagogue. Ils vont construire un bâtiment à la hauteur de leurs ambitions et de leurs fortunes . Ils vont aussi démontrer à leurs concitoyens chrétiens que leur religion a autant de majesté et de dignité que la leur.
C'est le développement industriel et économique de la ville qui explique que la croissance démographique de la communauté juive de Mulhouse. Elle va dépasser très largement celle de Colmar : tant en importance numérique qu'en assise financière . La communauté colmarienne ne brillera jamais dans le secteur de l'industrie, mais conservera le siège du consistoire qui avait été initialement installé à Wintzenheim..
C'est en 1848 que la Communauté israélite de Mulhouse décide de construire son lieu de culte majestueux que nous connaissons. La Révolution sociale de 1848 vient d'éclater à Paris, le roi Louis-Philippe est obligé de s'enfuir de France. Mais cette révolution parisienne va provoquer aussi des troubles en province et l'Alsace n'est pas en reste ! L'antisémitisme rural de l'Alsace va pouvoir se donner libre cours. Des troubles antisémites éclatent en notre province et plus particulièrement dans le Sundgau. Les faits les plus graves se produiront à Durmenach. Il s'agit d'un véritable pogrome. La population juive, qui représentait près de 60 % des habitants de la commune, va être attaquée par la populace. Cette dernière arrachera les toitures des maisons juives, mettra le feu à de nombreuses demeures, détruira les biens de leurs concitoyens juifs. Avant l'arrivée de la Garde Nationale envoyée sur les lieux pour rétablir l'ordre, nos coreligionnaires prendront la fuite afin de sauver leur existence même et nombreux sont ceux qui trouveront refuge en Suisse. Un certain nombre renonceront à revenir et s'établiront définitivement en terre helvétique.
C'est donc dans cette ambiance environnante, où plus d'un aurait pu avoir des doutes sur l'avenir réservé au judaïsme dans cette terre d'Alsace, que les responsables de la Communauté feront acte de foi et d'optimisme en entreprenant la construction de cette très importante maison de D.ieu. Un an après les troubles dont nous venons de parler, on inaugurait la synagogue mulhousienne.
La Communauté de Mulhouse, tout au long du 19ème siècle, fera oeuvre de construction. Elle ne se confinera pas seulement dans un lieu de prières, mais s'occupera de ses coreligionnaires les moins favorisés. On verra apparaître :
Dans les années 1930, un deuxième bâtiment sera encore construit : pour y installer les services administratifs au rez-de-chaussée, un oratoire au premier étage qui servira en même temps de salle de réunions . Les scouts auront leur local sous les combles. Le sous-sol quant à lui sera réservé au mikveh (bain rituel).
La synagogue connaîtra les heures de gloire et de peine de la communauté. Après la défaite militaire de la France, en 1870, nombreux seront nos coreligionnaires qui opteront pour la France et quitteront l'Alsace. L'occupant allemand amènera son flot de Juifs germaniques qui voudront profiter des possibilités économiques de notre ville. Mais cependant, l'espérance dans le retour à la France sera très grand pour toute la communauté et pendant toute la période où l'Alsace sera sous le joug allemand les sermons seront prononcés en langue française. Durant toute cette époque d'asservissement, la communauté n'engagera que des rabbins parlant notre langue. Celui qui sera le chargé d'âmes lors de la première guerre mondiale sera le rabbin Félix Blum à qui succédera, en 1921, celui qui deviendra le grand-rabbin Jacob Kaplan.
La communauté mulhousienne sera aussi secouée par "l'Affaire Dreyfus", puisque le capitaine était un fils de la cité et que toute sa famille résidait sur place. Le développement d'antisémitisme se déversant en France autour de l'affaire, entre 1894 et 1906, ne laissera pas la communauté indifférente. D'autant plus, que, d'après de vieux mulhousiens ayant vécu cette époque, l'affaire avait pris naissance à Mulhouse certains concurrents du tissage Raphaël Dreyfus pensant ainsi le faire disparaître.
La synagogue qui semblait, a priori, trop grande ne le sera jamais assez, tout au moins jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Même après le retour de 1945, elle n'offrira pas assez de places aux fidèles lors des grandes fêtes. Il faut dire que la notoriété de ses chantres et l'accompagnement musical avec choeur et orgue attirera les coreligionnaires sensibles au chant sacré. Jusqu'avant la deuxième guerre mondiale il y avait premier et deuxième ministres-officiants. Les derniers titulaires furent respectivement Lambert Wolff et Nathan Heimendinger. L'orgue qui n'avait pas été construit en même temps que la synagogue fut financé par Madame Bernheim, vers la fin du 19ème siècle. Ce n'est qu'au début des années 1960 que des administrateurs communautaires, plus exigeants dans leur piété, prendront la décision de renoncer à l'utilisation de cet instrument de musique.
Qui ne se souvient des activités du rabbin Hirschler en faveur de la jeunesse ? Il avait l'art de mobiliser tous les bénévoles et aussi la jeunesse. Pour Simhath-Torah de 1937, la cour de la synagogue était pleine de jeunes de tous les âges. Distribution de fanions en tissus de couleurs or ou bleu, frappés de l'étoile de David, plus des paquets de friandises et des boissons -encore faites maison- pour tous et le tout avec des chants. Le fer de lance étant les E.I. avec à leur tête les "Loup Gris" , Ninon Weyl, Jean-Jacques Rein, etc...
De même, un Oneg Shabath c'était une foule qui se rassemblait dans le nouveau bâtiment communautaire. En témoigne une photo réalisée par "Studio Roger", c'est à dire Roger Lichtenstein. Peu de temps après ce furent les adieux du rabbin, en uniforme et bérets kakis d'aumonier militaire,déjà mobilisé à cause de ce qui était nommée la "drôle de guerre".
A partir de 1939 la population mulhousienne fut dispersée : certains avaient déjà quitté la ville - à 13 km du futur front - pour se mettre à l'abri dans les Vosges ou dans des départements plus éloignés. Ce fut ensuite l'évacuation en direction de la région d'Agen, zone de replie prévue par la municipalité mulhousienne. Les troupes nazies devaient prendre possession de la Ville à compter du 14 juin 1940. Les Juifs restés à Mulhouse furent expulsés et plusieurs d'entre eux, par désespoir, préférèrent se suicider plutôt que de partir à l'aventure.
Mulhouse ne fut libérée que le 21 novembre 1944. Le sort des armes n'étant pas encore réglé en Alsace, il fallut attendre l'armistice du 8 mai 1945 pour pouvoir revenir dans la ville. Ce n'était pas simple ! Des quantités de voies ferrées avaient été mises hors service, de nombreux ponts avaient été détruits, la traction se faisant encore à la vapeur il fallait trouver du charbon pour les motrices ...et le charbon était un produit rare, même très rare. C'est dire que les parcours se faisaient en pointillés et, pour aller d'un point à un autre, ce n'était pas la ligne droite qui était la plus courte ! Il fallait passer la nuit en cours de route, dans l'attente d'un futur train, plus ou moins problématique, et avec l'incertitude d'y trouver accès, ne parlons pas de place assise puisque les couloirs étaient bondés. Les hôtels étaient par conséquence aussi bondés et pour se restaurer mieux valait loger en rase campagne qu'en ville, car non seulement la nourriture était rationnée, mais encore fallait-il pouvoir donner des tickets alimentaires avant de payer. Rejoindre Mulhouse était alors toute une expédition dont on connaissait l'heure de départ, mais jamais le jour ni l'heure d'arrivée.
Une fois à Mulhouse, on n'était pas encore au bout de ses peines. Les appartements étaient occupés par des locataires mis en place par l'administration allemande. Plusieurs quartiers de la ville avaient été écrasés sous les bombes en août 1944, essentiellement entre la gare et la porte de Bâle. Les logements vides étaient très rares. De nombreux immeubles appartenant à des Juifs n'existaient plus. Même lorsqu'on pouvait récupérer son appartement assez vite, très souvent après un recours en justice, la course d'obstacles n'était pas achevée. Les appartements étaient vides : l'occupant et ses acolytes avaient vendu entièrement tous les biens ! Où étaient-ils ? Comment les retrouver ? Pouvaient-on les récupérer ? Dans quelles conditions ? Sinon, pour se réinstaller il fallait non seulement avoir les moyens financiers - les Juifs n'avaient pas eu le droit de travailler pendant la guerre, sauf comme employés - mais il fallait trouver des produits.... et avoir obtenu au préalable des tickets d'attribution. Les premiers meubles furent en général obtenus auprès des services de l' "Entraide Française", dans une usine désaffectée de la rue du Fil. Pour la literie et les vêtements le processus était le même. Pour la nourriture c'était toujours le rationnement, sauf pour ceux qui pouvaient s'offrir les produits au "marché noir" c'est à dire sur le marché parallèle. Ceci persista jusque vers 1950-52.
Mais ce n'était pas tout. Dès le retour, il fallait se mettre en recherche des membres de la famille avec lesquels on avait perdu le contact pendant la durée de la guerre. Qu'étaient devenus tous ceux dont les dernières nouvelles dataient de leur passage par le camp de Drancy ? La réponse fut bientôt effrayante et incroyable. Nombreux furent ceux qui avaient encore l'espoir que les membres de leur famille fussent libérés par les troupes soviétiques et emmenés provisoirement se requinquer en Russie. Mais cet espoir fut bientôt illusoire, le compte-gouttes lui-même était tari.
Voilà dans quelles conditions et dans quel contexte se fit le retour à Mulhouse. Sans oublier que les entreprises juives, dans la plupart des cas, n'existaient plus . Il fallait repartir à zéro et pour les commerçants retrouver des marchandises dans ce monde où le marché noir sévissait en maître. Acquérir à nouveau une automobile n'était pas évident : les délais d'approvisionnement était de trois à quatre ans, sauf pour les exportateurs, et auparavant il fallait obtenir un bon d'achat auprès des services administratifs.
Plus de bancs, plus de bima (estrade), plus de tenture, plus de Torah, plus de livres de prières. La synagogue était vide, vide, vide. Les murs intérieurs avaient été entièrement barbouillés, car la synagogue avait été une annexe du théâtre municipal et elle avait servi à la réalisation et au stockage des décors du théâtre. Il ne restait plus que deux lustres originaux, les autres avaient été transformés pour servir à l'éclairage du théâtre.
Les deux bâtiments du complexe synagogal étaient également vides, mais restés en état d'utilisation normale. L'immeuble des années 1930 réserva une surprise. Dans l'oratoire, un grand portrait du Führer recouvrait l'Aron Kodesh (l'Arche sainte). Lorsqu'on enleva ce portrait et qu'on ouvrit l'armoire : un rouleau de la Torah était toujours là. La mappa qui la fermait était celle qui avait été portée par mon frère Gilbert ! En somme, Hitler avait sauvé une Torah, bien involontairement. Ce fut donc avec ce rouleau de la Loi, et dans cet oratoire, que reprirent les offices après la libération de l'Alsace.
Une nouvelle commission administrative fut élue, avec pour président Max Lazare, qui avait été le Parness (président) avant le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. Le délégué élu par la communauté de Mulhouse pour être membre du Consistoire du Haut-Rhin, fut alors l'avocat Maître Edmond Cahen.
Le travail de reconstruction fut considérable. Il fallait commencer par établir des dossiers de demandes de dommages de guerre, évaluer tous les biens communautaires d'avant 1940, en apporter les témoignages de leur existence initiale, faire appuyer le dossier par le Consistoire, effectuer de nombreuses démarches auprès du maire Auguste Wicky, auprès de la Mairie, du Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, le tout pour obtenir les fonds nécessaires à la remise en état de la synagogue. Les intérêts du Consistoire n'étaient pas toujours les mêmes que ceux de la Communauté, c'est dire qu'il fallait mener le combat sur plusieurs fronts à la fois. Devant le travail immenses de reconstruction, tant de la ville que du département, tant des infrastructures, que de l'économie, du dédommagement des particuliers victimes de la guerre, il fallait s'armer de patience car les dossiers n'avançaient pas. Un coup de pouce par si, un autre par là,l'influence de l'un ou de l'autre, tout devait être fait pour obtenir les subsides le plus rapidement possible. Des dédommagements pour réparer un édifice religieux devaient-il être prioritaires sur ceux pour l'économie ou pour les particuliers ? Les discussions et démarches étaient infinies afin d'obtenir des réparations avant d'autres . Or les membres de la Communauté, repartant presque tous à zéro à titre personnel, n'avaient pas les moyens de préfinancer les travaux de remise en état et encore moins de les offrir.
Le président de la commission de reconstruction fut mon père, Gaston Weill, et c'est aussi à lui qu'appartint la réalisation du programme des festivités de mars 1949. Le centenaire fut en même temps la réinauguration du temple. Un an auparavant l'Etat d'Israël venait de voir le jour, mais avant sa création Mulhouse avait été le lieu de passage de convois de "personnes déplacées", c'est à dire de rescapés des camps de concentration qui, parce qu'apatrides, avaient continué à séjourner dans des camps en Allemagne de l'Ouest, dans la zone d'occupation américaine. Ces personnes dites déplacées allaient rejoindre Marseille ou Port-de-Bouc et se sont ainsi retrouvées, entre autres, sur le tristement célèbre "Exodus". Lors de leur passage à Mulhouse, ils avaient été hébergés dans la synagogue encore détériorée. Des matelas avaient été posés à même le sol, les crevasses creusées dans le ciment permettant de faire fonction de dosserets !
Les festivités, dans une synagogue garnie de plantes vertes et où toutes les places assises étaient insuffisantes pour recevoir tous les membre de la communauté et les invités, virent la participation des autorités civiles, religieuses et militaires du département et de la ville. Sur le plan religieux, les rouleaux de la Torah furent portés en une procession à laquelle participaient : le grand-rabbin Kaplan à titre d'ancien rabbin de la communauté mais aussi représentant du grand rabbin de France dont il était l'auxiliaire, les rabbins d'Alsace dont S. Fuks, grand rabbin du Haut-Rhin, Poliatschek rabbin d'Altkirch, Arthur Willard rabbin de Nancy, Edgard Weill, Lucien Uhry, Abraham Deutsch grand rabbin du Bas-Rhin et enfant de la ville. Dans cette procession se trouvaient encore le président du Consistoire central, Gaston Picard, président du Consistoire du Haut-Rhin, nos élus à cette institution : Edmond Cahen et Paul Loeb, le Président Max Lazare et sa commission administrative. C'est à Nathan Heimendinger, ministre-officiant, que revint la tête de la procession en tant que maître de la liturgie du jour. Aux orgues se tenait Mr Raymond Steffner, professeur au conservatoire. Très longtemps il fut le titulaire de l'instrument qu'il faisait résonner aux jours de fêtes.
De nombreux discours furent prononcés, le plus marquant fut celui du grand rabbin Kaplan. Il fit un parallèle entre le Tabernacle du désert et notre propre temple.
14 mars 1950 : le G.R. Kaplan entouré du G.R. Fuks et du R. Weill |
Un banquet , où furent conviés tous les invités de la communauté, acheva la partie religieuse de la fête. Il faut dire qu'au retour de la guerre la ville avait son restaurant kasher appartenant à Madame Bamberger. C'est elle qui en assura la surveillance. Un bal réunit ensuite tous les membres de la communauté et des communautés du département. Sa réalisation fut confiée aux dames de la société de bienfaisance de "l'Abri" afin de recueillirdes fonds pour remettre en état sa maison d'enfants de Moosch.
Il fallait aussi rappeler le souvenir des membres de la communauté victimes du nazisme. Puisqu'ils n'avaient pas eu de sépulture un monument fut érigé à leur mémoire à l'entrée du cimetière. Ce monument en grès des Vosges, reprenant les noms et âges de toutes nos victimes contient une urne avec des cendres prélevées à Auschwitz. Il est est l'oeuvre de l'architecte Thalmann, ancien de la communauté mulhousienne et devenu alors architecte départemental.
Les cinquante ans qui viennent de s'écouler depuis le centenaire de la synagogue auront été des années de paix, tout au moins pour le territoire métropolitain. La communauté mulhousienne s'est enrichie depuis de l'apport des coreligionnaires venus d'Afrique du Nord et plus particulièrement des rapatriés d'Algérie, arrivés en 1962. Bien que les effectifs se soient amplifiés, la vie spirituelle semble en déclin et la synagogue ressemble aujourd'hui à un costume trop grand. L'apport séfarade a voulu marquer sa différence en voulant ses offices spécifiques dans un minyan différent. Même entre ces fils d'Afrique du Nord la tendance au "modernisme" a poussé à la création d'un office de type libéral. C'est ainsi que, dans l'enceinte de la rue de la synagogue, trois offices se font simultanément. Le courant de stricte observance, dont le lieu de prières était, avant 1940, dans un appartement de la rue des Bonnes-Gens, a réactivé l'ancienne synagogue de Dornach. Il faut dire que l'immeuble de la rue des Bonnes-Gens fut anéanti lors des bombardements de 1944.
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