Au Service de la France
M. GINSBURGER
Extrait de SOUVENIR ET SCIENCE, Revue d'histoire et de littérature juives n°1, 1930
Dans une notice, parue dans l'Annuaire de la Société pour l'histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine de 1917, j'ai montré la conduite d'un certain nombre de jeunes gens israélites du Haut-Rhin en tant que soldats de l'armée française sous la première République et le premier Empire. Je me propose de publier ici des renseignements du même genre concernant les juifs du Bas-Rhin d'après des documents que j'ai trouvés aux Archives départementales de Strasbourg (Série R.).
Le 16 juillet 1860, le préfet du Bas-Rhin fit parvenir aux maires une Feuille de renseignements concernant un ancien militaire de la république et de l'empire qui n'a point encore obtenu de secours viager. C'est en réponse à cette feuille que furent adressées à la préfecture les notices suivantes:
- Bischheim, le 26 juillet 1860.
Asch Joël, né le 3 Germinal an 3 (1795), indigent, entré au service en mai 1815, libéré en octobre 1815, garde mobile soldat ; deux blessures, une à la main gauche et l'autre à la jambe droite.
- Neuwiller, le 31 juillet 1860.
Auscher Abraham, né à Otterweiler, canton de Marmoutier, le 28 janvier 1790, commerçant et assez aisé, entré au service en 1811, a eu son congé, qui s'est égaré, en 1819; voltigeur au 152e de Ligne. Il a été fait prisonnier en 1813 près Katzbach, non loin de Goldberg, en Silésie.
- Trimbach, le 14 août 1860.
Auscher Abraham, né le 13 mai 1793 à Niederroedern, a un petit commerce, entré au service en 1813, libéré en 1815, a servi, comme simple soldat, au 27e de Ligne, n'est porteur d'aucune pièce justificative de ses services.
- Ottrott, le 20 septembre 1861).
Aron Samuel, né à Ottrott-le-bas, en 1793. n'a pas de pension, très peu de moyens d'existence, entré au service, en 1813, libéré, en 1815, a servi au 80 bataillon du train, inscrit à la Grande Chancellerie de la Légion d'honneur pour la médaille de Sainte-Hélène sous le numéro 283.655.
- Epfig, le 6 août 1860
Bloch Alexandre, né le 22 mars 1787, revendeur de vieux habits, entré au service, le 20 janvier 1807, libéré, le 22 septembre 1815, a servi au 78e Régiment de Ligne ; très malheureux, vit du secours de ses coreligionnaires.
- Ingwiller, le 10 août 1860.
Bauer Nathan, né le 15 mai 1790, vit de son travail journalier, ne possédant aucune fortune; entré au service, le 16 mars 1809, fut fait prisonnier de guerre le 16 août 1812 à Madrid en Espagne, et conduit en Angleterre, d'où il est rentré vers la fin de 1815. A servi au 27e de Ligne (5217), renvoyé dans ses foyers sans aucuns papiers.
- Saverne, le 8 août 1860.
Bloch Nathan, né le 7 mai 1794, entré au service en 1813, libéré le 25 octobre 1815, a servi au Train d'artillerie, est indigent.
- Brumath, le 6 août 1860.
Blum Jonas, né le 16 mai 1788, entré au service le 25 mars 1809, libéré le 4 août 1815 comme Maréchal des logis, a servi au 15° Régiment de chasseurs à cheval.
- Hochfelden, le 1er août 1860.
Blum Isaac, né le 21 fructidor, an VII (1799), entré au service en 1813, libéré en 1815, chasseur au 24e de Ligne.
Blum Elie-Alexandre, né le 15 février 1792, entré au service en 1815, libéré en 1815, grenadier ; a servi au 19° Bataillon d'élite (Garde nationale mobile) ; a un peu de fortune.
- Wissembourg, le 1er septembre 1860.
Braun Moyse, né en janvier 1788, sans fortune. Trafiquant, entré au service en 1810, libéré le 18 décembre 1817, entré au 19° de hussards; il a passé en 1814 au 18e de Ligne.
- Osthoffen, le 27 août 1860.
Dreyfuss Éphraïm, boucher, âgé de 73 ans, pauvre, n'a aucune pension, entré au service en 1808, et a cessé en 1812, a servi au 121° Régiment de Ligne; il déclare avoir perdu ses papiers. N'a point fait de campagne et n'a jamais reçu de secours.
- Bischwiller, le 25 août 1860.
Dreyfuss Alexandre, né le 26 juin 1794, indigent, n'a pas de pension, entré au service le 17 mai 1815, libéré le 10 août 1815, fusilier à la Garde nationale d'élite du Bas-Rhin.
- Westhausen, le 12 août 1860.
Dreyfuss Benoît, né le 10 octobre 1793, n'a aucune pension, jouit d'un revenu personnel de 100 francs, entré au service le 15 novembre 1813, libéré le 22 août 1814, chasseur, au 24° léger d'infanterie, a fait la campagne de 1814 au blocus de Metz, son fils qui était son soutien, est mort dans la Crimée.
- Obernai, le 25 août 1860.
Dreyfuss Moïse, né le 21 mars 1786, vit de la moitié d'une petite habitation et des secours de ses enfants, entré au service en 1807, libéré en 1815, a servi au 56e Régiment Infanterie de Ligne ; a fait les campagnes d'Autriche, Prusse, entré à l'hôpital d'Elbingen en Prusse, où il a été fait prisonnier de Guerre par les Russes.
- Diemeringen, le 6 août 1860.
Falck Isaac, né le 17 juin 1794, est à son aise; entré au service au mois de septembre 1812, libéré au mois d'avril 1814, a servi à la 3° Compagnie du train des équipages, a reçu une blessure à la bataille de Toulouse.
- Strasbourg, le 1er septembre 1860.
Gradwohl Abraham, né le 24 mars 1795, ouvrier à la Manufacture des Tabacs, gagne 2,50 fr. par jour; entré au service le 14 avril 1813, libéré en 1821 avec congé définitif, a servi au 3e Régiment d'artillerie à cheval, 1" Régiment d'artillerie à cheval, puis entré au 3° de la même arme, où il a eu son congé; 1813 Prusse, 1814 Saxe, 1814 et 1815 France. Etat des services du Ministère présenté. Demeure: Impasse de l'Enfer 3.
- Strasbourg, le 1er septembre 1860.
Grothwohl Heimann, né le 21 septembre 1793 ; à la charge de son fils, qui est boucher, entré au service le 18 novembre 181e, rentré des prisons en 1815, a servi au 30° Régiment de Ligne; 1813 en Saxe, 1814 prisonnier à Hambourg, rentré en 1815. État des services du Ministère présenté. Demeure: Grande rue 62.
- Schwindratzheim, le ler août 1860.
Hertz Samuel, né le 9 mars 1793; n'a aucun revenu; entré au service en 1812, libéré en 1815, fusilier au 30° de Ligne; recommandable.
- Schirrhoffen, le 8 août 1860.
Heymann Abraham, né le 26 février 1786, vivant de charité publique, n'a ni revenu, ni pension, servi aux armées 1814-1815; simple chasseur à pied au 4° bataillon, 5° compagnie; sur la déclaration du Sr Heymann Abraham, porteur de la médaille de Sainte-Hélène, inscrite à la Grande Chancellerie N° 315.450.
- Bischheim, le 26 juillet 1860.
Heymann Salomon, né, en 1793, sans savoir la date de sa naissance, indigent, entré au service en mars 1815, libéré en septembre 1815, soldat au 20 Régiment de Lanciers; une bonne conduite.
Heymann Salomon, né en 1792, indigent; entré au service le 28 avril 1915, libéré le 21 septembre 1915, garde nationale, soldat; une bonne conduite.
- Strasbourg, le ler septembre 1860.
Hirtz Marc Aron, né le 26 août 1791, n'a aucune pension, entré au service le 16 mars 1811 et libéré en 1812 avec congé de réforme; soldat au 22° de Ligne, 5° bataillon, 2° compagnie, certificat d'activité présenté en l'absence du congé. Demeure: rue des Tanneurs 13.
- Schweighausen, le 3 août 1860.
Kahn Jacob, date de naissance inconnue, indigent, jouit d'un secours de 100 fr., entré au service le 29 vendémiaire an 14 (1806), libéré le 18 décembre 1814, voltigeur au 14° Régiment d'infanterie de Ligne, infirme par suite de vieillesse, le secours viager de 100 fr. est insuffisant, ne possédant absolument rien.
- Bischheim, le 26 juillet 1860.
Klotz Abraham, né en 1792 ; pauvre, entré au service en 1812, libéré le 4 septembre 1815, a servi au train d'artillerie; a été blessé par un coup de fer à Dresde à la jambe droite.
- Itterswiller, le 2 août 1860.
Lehmann Alexandre, né en 1788, entré au service en 1809. libéré en 1815, a servi au 7° dragon; reçu un coup de lance à la joue gauche à la bataille de Châlons en Champagne.
- Obernai, le 25 août 1860.
Levy Marc, né le 13 juillet 1788 ; vit de sa profession de boucher et du secours de ses enfants; entré au service en 1809, libéré en 1814, a servi au 21e Régiment d'Infanterie légère.
- Strasbourg, le 1 er septembre 1860.
Lazarus Alexandre, né le 4 mars 1789 ; fripier patenté, entré au service le 19 mai 1808, libéré le 1er novembre 1814 avec congé de réforme; 1815 blocus de Schlestadt, mobile; caporal au 94° Ligne, 130e Ligne, 67° Ligne. Campagnes de 1808 à 1814; Espagne, blessé d'un coup de feu. Etat de services présenté. Demeure: rue de la Grange 18.
- Trimbach, le 14 août 1860.
Lévi Michel, âgé de 72 ans, la date de sa naissance ne peut être constatée, indigent, fait le courtier, entré au service en 1813, libéré en 1816; artilleur au 8° Régiment du train d'artillerie; n'a encore reçu aucun secours, n'est porteur d'aucune pièce justificative de ses services ; a assisté aux batailles de Dresde et de Leipsick.
- Wingersheim, le 20 août 1860.
Lévi Moyse, né le 29 octobre 1794, ne possède absolument rien; il n'a ni revenu, ni pension; entré au mois d'août 1813, libéré en 1815 ; a servi au 137° Régiment d'Infanterie de Ligne; incapacité de travail; n'a .aucune fortune.
- Bueswiller, le 18 août 1860.
Lévi Léopold, né le 18 octobre 1793, marchand de bestiaux; entré au service en avril 1815, libéré en août 1815, a servi dans la Garde nationale du Bas-Rhin; il est en assez bonne position de fortune.
Lévi Frédéric, né en mai 1789, vit de la charité, entré au service en 1813, libéré en 1815, fusilier dans la Cohorte et dans la Garde nationale ; il est digne d'un secours.
- Odratzheim, le 12 août 1860.
Lévy David, âgé de 70 ans, indigent, à la charge de la commune, entré au service au mois de mars 1815, libéré au mois d'août 1815, a servi dans la Garde nationale du Bas-Rhin, 6e bataillon; a reçu une balle dans !e bras gauche qui l'a dans la suite empêché de travailler.
- Goersdorf, le 7 août 1860.
Lévy Marx, né le 10 mars 1790, vit de sa fortune et de son commerce, entré au service en juin 1811, libéré fin septembre 1815, a servi au 105e de Ligne; n'a pas besoin de secours.
- Langensoultzbach, le 8 août 1860.
Lévy Meyer, né le 11 août 1788, entré au service en septembre 1809, libéré en juin 1814, a servi au 26° Régiment de Ligne; n'a pas encore la médaille de Sainte-Hélène.
- Marmoutier, le 20 août 1860.
Lévy Samuel Herrmann, né le 21 novembre 1788, trouve ses moyens d'existence par sa profession de colporteur, n'a ni revenu ni pension, entré au service en avril 1809, libéré en octobre 1815, fusilier au 45e de Ligne.
- Itterswiller, le 2 août 1860.
Meyer Alexandre, né au mois d'avril 1790, entré au service en mars 1812, libéré en 1815, a servi au 61e de ligne, 4e bataillon, 4e compagnie; reçu deux blessures avec deux balles au bras gauche à la bataille de Waterloo, le 18 août 1815.
- Scherrwiller, le 29 août 1860.
Moch Abraham, date de naissance à lui inconnu, entretenu par ses deux fils, chiffonniers, iceux sans fortune personnelle, entré au service le 1er nivôse an 7 de la République (1799), libéré le 8 prairial an 9, a servi à la compagnie N° 1 Infanterie de Ligne, 1e Bataillon de la 38° Demi-Brigade; infirme.
- Langensoultzbach, le 16 août 1860.
Meyer Samuel, né le 18 février 1781, vit de la charité publique; entré au service en septembre 1805, libéré fin octobre 1805, ne peut plus indiquer de régiment, à la fin il était garde nationale; ce militaire ne peut pas donner de renseignements plus circonstancés.
- Schwindratzheim, le1er août 1860.
Moses dit Hertz Jacques, né le 10 mai 1789, n'a aucun revenu; entré au service en 1808, libéré en 1815, a servi au 3e Dragons; recommandable.
- Schirrhoffen, le 8 août 1860.
Schuster Elie, âgé de 69 ans, n'a ni revenu, ni pension et très peu de moyens d'existence, proche de la mendicité ; servi aux années 18141815, au 4° bataillon, 5° compagnie, chasseur à pied ; le tout sur la déclaration du Sr Schuster Elie, porteur de la médaille de Sainte-Hélène, inscrite à la Grande Chancellerie N° 315.451.
- Westhoffen, le 20 août 1860.
Schwartz Isaac, né en 1795, exploite l'état de boucher; entré au service en 1813, libéré en 1815, a servi au 1er bataillon de la Garde nationale et au ler Régiment de lanciers; le susdit est pauvre.
- Scharrachbergheim, le 24 août 1860.
Weil Aron (nouveau nom : Aron Israël, ancien nom qui figure dans son congé), né en juin 1786, pauvre sans revenu, ni pension; entré au service en avril 1812, libéré le 20 septembre 1815, a servi au 105° Régiment de Ligne et au 57° de Ligne; pauvre et délaissé dans sa vieillesse sans soutien.
- Hatten, le 23 août 1860.
Weil Jonas, né le 6 février 1788, a un revenu de 1600 francs ; entré au service le 20 mars 1809, libéré le 25 mars 1810, a servi au 27° Régiment des chasseurs à cheval.
- Oberbronn, le 2 août 1860.
Weil Joël dit Beretz-Joseph, né le 21 septembre 1787; entré au service le 20 novembre 1809, libéré le 1er septembre 1814, fantassin au 130° de Ligne et 6° Bataillon auxiliaire; médaillé de Sainte-Hélène; est paralytique (!) sans les besoins pour vivre.
- Osthoffen, le 27 août 1860.
Weill Isaac, âgé de 67 ans, courtier, est tout à fait pauvre et n'a aucune pension ; il est entré au service en 1813 et revenu dans ses foyers en 1814, a servi au 6° Bataillon du 13° Régiment de l'équipage du train, n'a pas fait d'autre campagne, qu'il a suivi le Régiment d'équipages; il n'a point de papiers, il a eu son congé à Douai, mais il l'a perdu.
- Muttersholz, le 10 août 1860.
Weil Jacques, né le 10 janvier 1790, vivant du produit de son commerce (courtier) et du revenu d'une maison en mauvais état d'ailleurs, mais située au centre du village; entré au service en 1809, libéré le 3 janvier 1810, a servi au 28e de Ligne suivant feuille de route, congédié le 3 janvier 1810, suivant sa feuille de route, a égaré son congé, d'après sa déclaration.
Parmi les soldats israélites du Bas-Rhin ayant servi dans les armées de la première République et du premier Empire, il faut mentionner encore les membres de la famille Cerfberr et leurs parents, les frères Dalmbert.
- En l'an 4 (1796), Marx Cerfberr, fils de Cerfberr de Médelsheim, se trouva à Anvers au moment où la garnison fut forcée de quitter la ville pour aller à la poursuite des brigands qui infestaient la forêt de Soignes, près Bruxelles.
Le général Jacobé Trigny, qui commandait alors à Anvers, vint le voir, fit part de l'embarras où il se trouvait de n'avoir pas un seul homme pour faire le service de la place, et des craintes qu'il avait que les habitants ne se portassent à quelques excès et ne pillassent les magasins militaires.
Max Cerfberr forma, sur le champ, une compagnie de 120 cavaliers de ses employés, tout armés et équipés, et se rendit le jour même à midi, à leur tête, chez le général, qui accepta l'offre de leurs services et le nomma commandant de cette compagnie.
Il sut contenir les habitants et maintenir l'ordre et la tranquillité publique, pendant les quinze jours qu'il fut chargé de ce service (Levylier, Notes et documents, II, 133.)
- Max-Théodore Cerfberr, né le 9 décembre 1792, rue Mirabeau, à Nancy, fils de Théodore Cerfberr (le plus jeune des fils de Herz Médelsheim) et de Jeannette Meyermax, avait dix-huit ans à peine lorsque, grâce à l'amitié du maréchal Kellermann pour son père, il fut nommé d'emblée, le 14 novembre 1810, sous-lieutenant d'infanterie, sans avoir passé par aucune école, avec le simple titre de candidat à l'école polytechnique.
.Cerfberr partit pour l'Italie, où il rejoignit son régiment, le 52° d'Infanterie, à Gênes. Il fut détaché au port de Savi, dont il commanda la garnison. Puis il fit, à l'armée d'Espagne, les campagnes de 1812 et 1813. Il y reçut, le 8 décembre 1812, près d'Hernani, un coup de feu à la cuisse. Lieutenant au même régiment, le 12 mars 1813, il fut fait prisonnier de guerre par la capitulation de Pampelune, le 1er novembre 1813, et conduit en captivité à Thame (Oxfordshire), à douze lieues de Londres.
Rentré en France le 18 mai 1814, il fut nommé lieutenant dans le régiment du Roi, infanterie de ligne, le 28 juin de la même année. Le 6 mai 1815, Napoléon, rentré après les Cent-Jours, le nomma adjoint à l'Etat-major de la 15e division d'infanterie du 5e corps, qui faisait partie de l'armée du Rhin; le 8 mai, le ministre de la guerre l'en informa, en lui donnant l'ordre de se rendre sans délai à Strasbourg. Le 11 juin 1815, il fut avisé par l'adjudant-commandant, chef de l'état-major de la 15e division, que le lieutenant-général commandant en chef l'armée du Rhin, le comte Rapp, l'attachait à l'état-major général de son armée.
Le 7 juillet 1815, le général le comte Rapp, "voulant récompenser le zèle, la valeur et les bons services de M. Théodore Cerfberr, lieutenant attaché à l'état-major général", le nomma provisoirement capitaine adjoint et l'autorisa à porter les marques distinctives de ce grade "en attendant la confirmation de son Excellence le ministre de la guerre". Cette confirmation se fit attendre jusqu'en 1817. Le 13 septembre 1815, Cerfberr, capitaine-adjoint à l'état-major général, fut autorisé, en exécution des ordonances du Roi et des instructions de Son Excellence le ministre de la guerre, à se retirer dans ses foyers à Paris.
Par décision du 23 octobre 1816, le roi Louis XVIII nomma Cerfberr à un emploi de lieutenant-adjudant-major dans la légion du Bas-Rhin à Strasbourg, avec congé de semestre. Il ne devait rejoindre qu'au avril 1817. Ce n'est que le 13 août de la même année qu'il fut nommé capitaine adjudant-major dans la même légion. En même temps, le général Rapp le proposa pour la légion d'honneur.
Le 14 juillet 1821, il fut avisé qu'il était admis dans le corps royal d'état-major et le 21 nommé à l'emploi d'aide de camp auprès du lieutenant-général le baron de Rottembourg, inspecteur général d'infanterie pour l'année 1821. Disponible le ter janvier 1822, il fut repris comme aide de camp par le même général, commandant la division des Pyrénées-Orientales, le 16 avril 1823. Le 30 novembre 1824, il est nommé chevalier de 2e classe de l'ordre de Saint-Ferdinand d'Espagne "pour les services rendus en Espagne à l'auguste famille des Bourbons". Enfin, le 24 mai 1825, huit ans après la première proposition, il est fait chevalier de la légion d'honneur. Le 15 juillet 1825, il est relevé de ses fonctions d'aide de camp auprès du général le baron de Rottembourg. Il reste disponible pendant deux ans, puis, le 15 juin 1827, il est nommé aide de camp du lieutenant-général le baron Ledru des Essarts, inspecteur général d'infanterie pour 1827. En 1832, il fut fait chef de bataillon. De 1832 à 1834 il est employé auprès du général Schneider, directeur du personnel. Le 11 août 1836, il est nommé secrétaire du comité de l'infanterie et de la cavalerie. Le 15 mai 1839, il est nommé chef du cabinet du ministre secrétaire d'Etat de la guerre, "aux appointements de 8.000 francs". Le 22 avril 1839, il est nommée officier de la légion d'honneur. Le 2 novembre 1839 il est promu au grade de lieutenant-colonel, et le 1er juillet 1846, à l'âge de cinquante-quatre ans, au grade de colonel et maintenu en qualité de secrétaire du comité d'infanterie.
Le 31 mars 1848, les travaux du comité d'infanterie sont suspendus ; Arago informe le colonel Cerfberr qu'il est mis en disponibilité. Sa pension, conformément à la loi du 11 avril 1831, est liquidée le 12 juin 1848 à la somme de 2.790 francs.
Il comptait quarante-deux ans, six mois, dix-sept jours de service, dent cinq campagnes.
Le 6 juillet 1850, il fut nommé commandeur de la légion d'honneur. Enfin Napoléon III lui donna la médaille de Sainte-Hélène, instituée par lui pour les militaires ayant servi de 1792 à 1815.
Le colonel Cerfberr mourut le 24 janvier 1874. (Levylier, 1. c. III, 2 et suiv.)
- Dans le second volume de ses Notes et documents concernant la famille Cerfberr, M. Roger Levylier a publié le Facsimilé de l'arbre généalogique de cette famille établi par J. Kuppenheim, sur la demande de Mayer Dalmbert, gendre de Cerfberr. Kuppenheim avait commencé ce travail en 1789 et le continua jusqu'en 1827.
Or, nous voyons d'après une indication contenue dans le même ouvrage que Dalmbert Mayer-Lazard était, en effet, l'époux de Rosette Cerfberr. Il a vécu de 1753 à 1826; sa femme est née en 1761 et morte en 1809. Mais d'après l'arbe généalogique de Kuppenheim c'était Thérèse Cerfberr qui avait épousé le vertueux Mayer Dalmbert de Strasbourg, et, d'après le même arbre généalogique, une Caroline Berr était la femme de Simon M. Dalmbert. Ils avaient deux fils: Edouard et Alfred. Mayer D. et Thérèse Cerfberr avaient cinq enfants: Joseph, Léa, Isidore, Mathieu et Emmanuel. Joseph demeurait à Paris et avait épousé Claire Alexandre. Ils eurent deux fils: Adolphe et Jules Léon.
La famille Dalmbert était originaire de Moutzig, mais elle n'adopta le nom de Dalmbert qu'après l'émancipation des Juifs de France, tandis qu'auparavant ses membres se désignaient successivement par le nom de leur père. Ainsi, nous trouvons dans le Dénombrement Général des Juifs tolérés en la Province d'Alsace de 1784
1° Aron Mayer, c'est-à-dire Aron, fils de Mayer, époux de Brendel Simon
2° Lazare Mayer, c'est-à-dire Lazare, fils de Mayer, frère d'Aron, époux de Frommet Blin. Leurs enfants étaient: Samuel, Joseph, Lehmann, Marx, Bela. Il est à supposer que ces enfants se nommaient Lazare. Un certain Mathias Lazare, député des Juifs de la ville de Moutzig, est mentionné dans les Actes du District de Strasbourg de 1790 et suivants (REJ, 60 (1910), 241, 251; 61 (1911), 104).
3° Zadac Lazarus, sans doute fils aîné de Lazare Mayer, époux de Merlé Elias. Ses fils étaient : Elias, Simon et Goetschel.
Je suppose que c'est à cette même famille qu'il faut rattacher Mayer Lazare Dalmbert, né en 1753 et mort en 1826, époux de Rosette Cerfberr, fille de Cerfberr de Médelsheim, née en 1761 et décédé en 1809 (Levylier, Notes et documents, II, Actes civils). C'est ce même Mayer Lazare Dalmbert qui a fait faire l'arbre généalogique de la famille Cerfberr par J. Kuppenheim.
Mayer Lazare Dalmbert et Rosette Cerfberr eurent un fils du nom de Simon-Mayer, né, à Moutzig, le 7 mars 1776. Engagé volontaire au 3e bataillon de la 12e demi-brigade d'infanterie légère, le 5 février 1794, il fit, dans ce corps, la campagne de l'armée du Rhin de la même année et assista aux combats de Tripstadt, de Kaiserslautern et de Guermersheim. Le 22 septembre, il passa au 2e régiment de Chasseurs à cheval; il y resta jusqu'au 4 juin 1795 et reçut, à ce moment, son congé définitif.
Mais il ne devait pas rester longtemps sans faire de nouveau la guerre. Lors du passage du Rhin par Moreau, en face de Strasbourg, le 24 juin 1796, nous trouvons, en effet, Dalmbert, officier de cavalerie volontaire, attaché à la Division Desaix qui était chargée de s'emparer du fort de Kehl. Après le passage du Rhin, il fut attaché à l'Inspecteur aux revues de l'armée du Danube et là encore on le trouve, en mai 1799, servant olontairement dans l'État-major du général Welther, commandant la cavalerie de l'avant-garde. Pendant cette campagne, il eut un cheval tué sous lui à Frauenfeld, près de Zurich.
Tombant ensuite sous le coup de la conscription de la Seine, Dalmbert fut envoyé en qualité de sergent-major au 1e Bataillon de volontaires du Département de la Meurthe. Il y resta peu de temps et dut être réfomé pour infirmités.
A la fin de la malheureuse campagne de 1813, il rentra à Paris, après avoir rempli des fonctions administratives à Cassel. Il fut nommé capitaine de la 4e compagnie du 3e bataillon de la 6e légion de la garde nationale. Le 30 mars 1814, il concourut avec sa compagnie à la défense des Buttes-Chaumont, dans le corps du duc de Raguse.
Deux frères de Simon Mayer Dalmbert, Léonard-Lazare et Isidore-Mayer, furent officiers et servirent comme aides de camp sous le premier empire. En 1808, ils étaient à l'armée d'Espagne. Léonard-Lazard, né le 10 février 1781, à Moutzig, fut fait chevalier de la légion d'honneur le 6 mars 1814. Il mourut à Paris le 4 novembre 1848. Isidore-Mayer était né le. 4 mars 1784 à Strasbourg; il devint chevalier de la légion d'honneur le 17 janvier 1815 et mourut le 16 octobre 1841. (Général J. Dennery, les trois frères Dalmbert dans Univers israélite, 1914, p. 6 et suiv.) Des recherches ultérieures dans les Archives de Paris permettraient, sans doute, de trouver de plus amples renseignements sur cette famille alsacienne, dont plusieurs descendants occupent, encore de nos jours, des postes élevés dans l'Administration française.