Andrée Salomon
Réunion à Montintin en 1943 : le Dr. Lévy au remier plan, Léo Kohn au dernier rang (avec les lunettes)
Camp de gymnastique organisé à Montinin par
Georges Loinger en juillet 1943
1943 - le Dr. Joseph Weill (à dr.) avec le Dr. Lazare Gurvitch, juriste de l'OSE
Départ du premier groupe d'émigrants pour la Palestine, conduit par Armand Rein en juin 1945
Enfants de l'OSE à la fin des années 40
à droite, Raymond Franck
Maison de "l'Hirondelle" : Nathan et Hélene Samuel avec leur famille
Maison de "l'Hirondelle" au centre :
Mireille Metzger (Warschawski)
Maison des "Cigognes" à Haguenau
Colonie de vacances organisée par l'OSE en 1954, et dirigée par M. et Mme Samuel
Gaby Wolf, future Gaby Cohen
Bô Cohn au congrès de l'OSE rue Spontini
à droite, Georges Garel
Georges Loinger pendant la guerre et en 2011,
âgé de 100 ans, lors de la parution de son livre
Les résistances juives pendant l'Occupation
L'histoire de l'OSE œuvre de secours à l'enfance, commence selon les mots de Vivette Samuel (1) par "il était une fois en Russie en 1912" et continue toujours. C'était encore le temps des pogroms. Des étudiants et de jeunes médecins décident d'aider les populations juives défavorisées par le biais d'interventions sanitaires et sociales. Le titre en russe : "Obshtshestvo Zdravookraney Evrei", peut se traduire par "Société pour la protection sanitaire des populations juives". Ils essaiment de Russie, en Lituanie puis en Pologne. En 1923, le siège central s'installe à Berlin et fonde l'Union-OSE, sous la présidence d'Albert Einstein avec comme secrétaire général Lazare Gurvic, prolongeant l'action sanitaire et sociale en direction des immigrés d'Europe centrale. Ce réseau international prend tout son sens avec la montée du nazisme. En 1935, une branche s'installe à Genève, l'autre à Paris, qui recrute ses cadres parmi les israélites français.
L'OSE choisit de garder les initiales de son nom russe et devient "l'Oeuvre de Secours aux Enfants". D'ailleurs très vite, avec la montée du nazisme, ses interventions concernent l'aide aux enfants juifs d'Allemagne, puis d'Autriche, pour qui sont installées les premières maisons, à Montmorency et dans ses environs sous la direction d'Ernst Papanek.
Les cadres sociaux du judaïsme français, ceux de l'OSE ou des EI, se sont mobilisés très rapidement pour venir au secours des réfugiés. Contrairement à une idée bien ancrée, la solidarité des Juifs français, qui avait fait défaut lors de l'arrivée des Juifs immigrés, se développe par les actions d'organisations anciennes mais également par la création de comités de secours qui résultent d'initiatives individuelles allant bien au-delà de la charité traditionnelle. La mobilisation des éclaireurs sensibilisés aux valeurs scoutes et haloutsiques (pionnières) en est la meilleure preuve.
Or une partie de ses cadres vient d'Alsace, terre de tant de vieilles communautés structurées pour certaines depuis le 17ème siècle, où l'attachement aux valeurs juives, l'esprit d'entraide vont de pair avec un patriotisme sans faille. Je ne peux les nommer tous de peur d'en oublier certains, mais la liste est impressionnante. J'ai choisi d'en sortir quelques portraits en suivant la chronologie des événements et en retenant plus particulièrement ceux impliqués dans le sauvetage et l'éducation des enfants des maisons de l'OSE.
Grussenheim, berceau d'Andrée Sulzer (Salomon), Ingwiller petit village de la ligne Maginot où grandirent Margot Kahn, future femme de Bô Cohn ou Gaby Wolf, la Niny des enfants de Buchenwald, Bouxwiller, patrie de Joseph Weill, l'aîné de tous, mais aussi Colmar, Mulhouse et surtout Strasbourg.
Pourtant en Alsace, et c'est là le paradoxe, on vit entre soi et on s'enorgueillit lorsque la famille s'agrandit sans aller très loin. La seule mésalliance s'arrête au département voisin et la méfiance à l'encontre des Juifs d'Europe centrale est ancestrale. Les Juifs autres qu'alsaciens sont-ils vraiment juifs comme nous ? Ce qui n'est pas vrai pour les Juifs allemands arrivés après la défaite de 1870. Ainsi, la famille de Bô Cohn, originaire de Posnanie (2), est une des rares familles autorisées à rester à Strasbourg après 1919.
Dans la hiérarchie sociale des campagnes alsaciennes, on est d'abord marchand de bois, puis de vin, de grains, de bétail. Et tout le monde se connaît. Les réseaux de sociabilité sont multiples et les métiers divers. Le père Cohn est un savant, astronome de renom à l'Observatoire de Strasbourg. Le père Samuel est assureur pour toute la région et parcourt les villages. Le père de Joseph Weill est grand rabbin de Colmar. Beaucoup de ces familles se retrouvent rue Kageneck, dans la communauté de stricte observance de Strasbourg. Car, en Alsace, on est traditionaliste ou orthodoxe. On ne porte pas de kippa en dehors de la maison, mais un béret ou un chapeau, on ne parle le judéo-alsacien qu'en famille. Les enfants fréquentent l'école primaire juive, au même titre que les catholiques et les protestants. Concordat oblige, mais on est pour le lycée public et les humanités classiques. D'ailleurs la génération suivante, celle des acteurs de la guerre, a fait ou commence de brillantes études, entravées par le statut d'octobre 40 ou le numerus clausus.
Lorsque la guerre éclate, Joseph Weill né en 1902 est déjà médecin et se destinait à suivre les traces de son patron à la faculté de Strasbourg, Léon Blum qui meurt brusquement. La route est barrée par son successeur qui, signe des temps, ne cache pas ses sentiments antisémites. Andrée Salomon, née en 1908 dont le père meurt prématurément devient secrétaire d'un grand avocat, après des études secondaires au lycée de Colmar. Les garçons sont tous passés par le lycée Kléber de Strasbourg. Georges Loinger né en 1910 se destinait à une école d'ingénieur avant de changer de voie et son compère Marc Schiffmann poursuivait un doctorat de droit. Jacques (dit Bô) Cohn, né en 1916, avait entrepris des études de philosophie. Ils seront tous mobilisés. Les benjamines, Margot Kahn et Gaby Wolf n'ont pas terminé leurs études secondaires, mais rêvent de suivre la trace de leurs aînés dans les mouvements de jeunesse.
Mais revenons aux années trente. Les jeunes poussés par le besoin d'agir et de réagir à la poussée d'antisémitisme se retrouvent aux EI ou encore à la "Hatikva", ce mouvement de jeunesse sioniste, aux racines germaniques, atypique dans la communauté juive alsacienne. Fondé en 1925, il est dans la droite ligne du mouvement de jeunesse juive sioniste Blau Weiss (blanc-bleu) propagé par les Juifs allemands venus s'installer en Alsace après la défaite de 1870. Pourtant l'idée de retour à la terre est bien vue chez les Juifs alsaciens. Gaby Wolf se souvient du portrait de Montefiore dans la chambre de ses parents. Elle a, dit-elle, "été élevée dans l'idée romantique du pays où fleurit l'oranger, dans la splendeur de ce pays mythique, tout en étant très enracinée en Alsace".
Déjà on retrouve les noms de Joseph Weill et Andrée Salomon, les aînés. C'est eux qui, avec l'aide de la communauté israélite, fondent le "Merkaz Hanoar", la centrale fédérative de la jeunesse du Bas-Rhin . Cette organisation grouillante de vie, regroupant tous les mouvements de jeunesse, se réunissait dans une grande villa, sise au 28 rue Oberlin. Ils ont quatre objectifs: resserrer la solidarité de la jeunesse, lutter contre l'antisémitisme, agir en aidant les réfugiés et favoriser l'émigration de pionniers en Palestine. De ce vivier sortiront les cadres EI de la guerre. Castor, Chameau, Léo Cohn, Samy Klein, l'équipe "dite strasbourgeoise" dirigeante de l'OSE, ainsi que bon nombre d'éducateurs et les cadres de la communauté d'après-guerre comme Théo Klein, de vieille famille strasbourgeoise, ou Pierrot Kaufmann.
Strasbourg était un observatoire idéal pour connaître et comprendre les événements dramatiques qui se préparaient. Peu ont réagi, ils étaient de ceux-là.
Et tout d'abord Joseph Weill qui consacra toute son énergie à organiser, à prévoir et à anticiper. Son grand dessein prend forme à Strasbourg d'abord : entraîner la jeunesse juive, lui donner une autre image d'elle-même, la préparer à un avenir difficile. C'est ce qu'il fit comme président du "Merkaz Hanoar".
Installé comme médecin dans le centre de Strasbourg, d'abord rue des Serruriers, puis place de l'Université, il se marie en 1928 avec Irène Schwab de Gerstheim et ils ont trois fils. Il se fait rapidement une impressionnante clientèle et devient l'un des premiers diabétologues européens. Des malades venaient le voir régulièrement depuis la Belgique ou la Suisse. Grâce à tous ces contacts, il monte de 1934 à 1938, un précieux réseau de renseignements de Bâle à Lauterbourg. Il infiltre ainsi les autonomistes alsaciens, fait des rapports circonstanciés à la présidence du conseil sur les agissements pro-nazis et assiste impuissant à la montée de l'hitlérisme. Il n'arrive pas non plus à entamer l'optimisme ou l'inconscience des autorités communautaires ou consistoriales.
La guerre arrive. Il est réformé, engagé volontaire, versé dans le service de santé et affecté à Angoulême. Démobilisé, il exerce pendant quelques mois à Terrasson l'un des trois centres de regroupement des populations repliées d'Alsace-Lorraine en Dordogne, jusqu'aux lois raciales qui le privent de son gagne-pain. Curieusement, cet homme si lucide alla se faire inscrire comme Juif à la mairie de Terrasson. Mais comme l'écrivent ses fils, "se faire inscrire était une loi française, nous étions Français, nous aimions notre pays et respections ses lois, du moins encore à ce moment où toutes les illusions n'avaient pas disparu" (3).D'ailleurs, la plupart des Juifs alsaciens sont allés se faire recenser pour les mêmes raisons.
Il intervient en 1941 comme médecin dans les camps français de Gurs et de Rivesaltes, où étaient internés les Juifs étrangers et participe à la création du Comité de Nîmes, qui regroupait toutes les organisations d'assistance interconfessionnelles : l'OSE, la CIMADE protestante, les Quakers, le Secours suisse, le Service social d'aide aux émigrants, l'YMCA. Son intervention couvrait les secours médicaux, l'expédition de nourriture et surtout l'aide aux enfants que des "internées volontaires" s'appliquaient à faire sortir, tout à fait légalement d'ailleurs. Joseph Weill publia après la guerre, à partir de cette expérience, un précieux petit livre de témoignage : Contribution à l'histoire de camps d'internement de l'Anti-France.
Entre-temps, l'Union-OSE de Genève lui propose les fonctions de médecin-consultant auprès de l'antenne installée à Montpellier. Avec Andrée Salomon, Julien Samuel, le Docteur Gaston Lévy, Georges Loinger et Edmond Blum, il organise la prise en charge des enfants juifs dans les maisons de l'OSE, installées en Creuse et Haute-Vienne principalement, dont il confie la direction à partir de mars 1943 à un autre alsacien, Robert Job, qui devient après la guerre directeur de l'OSE. Son action se confond ensuite avec celle de l'histoire de l'OSE, tendue vers le sauvetage des enfants, même lorsqu'il est obligé de partir en Suisse avec toute sa petite famille, suite à des poursuites de la Gestapo, en avril 1943 (4).
Dans l'histoire de l'OSE, Andrée Salomon, la femme au "turban", cette coiffure haute, à la mode de l'époque, représente l'autre figure incontournable. Un port de reine, une allure de souveraine, cette jeune femme charmante avait l'âme d'un chef. Un cœur sensible, une merveilleuse fidélité en amitié. Elle tenait sa place sans ostentation, savait assigner son rôle à chacun, remettre en place si cela s'avérait nécessaire. Les mots sont démesurément petits pour évoquer cette grande dame. Ainsi, est-elle décrite par son ami Raymond Heymann.
Une infatigable énergie au service des autres, la pousse très tôt dans l'engagement. Cheftaine des EI depuis 1928, elle rencontre son futur mari Tobie Salomon, ingénieur des pétroles, à la "Hatikva", le mouvement de la jeunesse sioniste. Devenue dame de la bonne société strasbourgeoise, elle est cooptée au Comité de bienfaisance qui en 1932 se charge de l'accueil et du placement des premiers réfugiés dont le flot ne cessera de grossir. Ces jeunes juifs allemands, arrivant à Strasbourg, souvent sans papiers et de plus en plus nombreux après la Nuit de cristal de 1938, sont pris en charge par Andrée Salomon, qui à cette occasion prend contact avec l'OSE, dont elle dirigera le service social jusque dans l'immédiat après-guerre (5).
Comme Joseph Weill, elle se retrouve impliquée dans le travail social à l'intérieur des camps d'internement de la Zone sud, sollicitée par René Hirschler, grand rabbin de Strasbourg, nommé en 1941, aumônier général des camps et secrétaire général de la commission centrale des organisations juives d'assistance (6). Il est arrêté ainsi que sa femme par la Gestapo à Marseille le 23 décembre 1943. Responsable des équipes d'assistance, Andrée Salomon est chargée de recruter les jeunes volontaires internés, de former les équipes qui organisent la vie sanitaire, matérielle et morale des femmes internées. Et c'est ainsi, qu'elle recrute Vivette Trumann, future femme de Julien Samuel, mais également Jacqueline Lévy-Geneste et Simone Lipman-Weil, toutes deux alsaciennes, qui organisent la pouponnière de Rivesaltes pour le compte de l'Unitarian Committee. Avec Joseph Weill toujours, elle imagine les "fameux congés non libérables" qui permirent de faire sortir des camps, non seulement des enfants, mais aussi des adultes.
Après 1942, à la faveur de la libération progressive des enfants internés dans les camps de zone Sud, l'OSE reçoit 1408 demandes d'émigration émanant soit des enfants eux-mêmes, soit des parents, mais seulement un enfant sur dix a quelque chance de pouvoir quitter la France. En effet, il est nécessaire de franchir trois obstacles, de trouver trois visas, un pour le départ de la France, un pour transiter par l'Espagne ou le Portugal, un enfin pour arriver à New-York. Andrée consacre une partie de son temps à préparer les dossiers individuels des enfants pour l'émigration vers les États-Unis.
Toujours après les rafles de 1942, l'épisode de la fameuse "nuit de Vénissieux" mobilise toutes les énergies. On retrouve Joseph Weill, Andrée Salomon, Charles Lederman, Georges Garel, Élisabeth Hirsch (Böezi), mais aussi l'abbé Glasberg et d'autres du Comité de Nîmes. Il s'agit d'arracher littéralement 108 enfants de moins de 14 ans, aux griffes des bourreaux, en jouant de vitesse avec les ordres de Vichy et en persuadant les parents parqués au camp de Vénissieux, de les confier à l'OSE. Cet épisode a hanté tous les participants: en avaient-ils le droit ? Avaient-ils fait le maximum ? Ne pouvaient-ils pas en sauver plus ? Ils ont tous gardé en mémoire cette scène déchirante de la séparation d'avec les parents, relatée par Joseph Weill :
Les événements s'accélèrent: en janvier 1943, Joseph Weill persuade Georges Garel de mettre sur pied le réseau qui porte son nom. Plus de 1200 enfants sont dispersés. L'opération a pris plus d'un an. L'arrestation de collaborateurs de l'OSE dont Alain Musse, oblige l'ensemble de l'organisation à plonger dans la nuit de la clandestinité. Julien Samuel, autre strasbourgeois, et Jacques Salomon assument la charge de liquider les bureaux de Chambéry. Les deux sont arrêtés et ne doivent leur salut qu'à leur détermination: ils sautent du train de déportation.
Au bout de la chaîne se trouve George Loinger. Il restera comme "l'homme qui faisait passer les enfants en jouant au ballon." Le stratagème est audacieux: organiser des rencontres sportives tout au long de la frontière et faire passer les enfants pendant les parties de ballon à travers les fils barbelés. Il n'est qu'un élément de tout un dispositif mis en place à partir du printemps 1943.
Prisonnier de guerre, évadé d'un stalag près de Munich pour rejoindre sa femme Flore à la Bourboule, où elle avait pris la direction de la maison des enfants de la Guette, Georges Loinger devient, à son corps défendant, le spécialiste des frontières clandestines. Grand sportif, il abandonne la voie toute tracée des études d'ingénieur à Strasbourg, pour se consacrer, sur les conseils du Docteur Joseph Weill à la promotion du sport auprès de la jeunesse juive, à l'école rabbinique de Paris d'abord, puis à l'école Maïmonide qu'il contribue à fonder avec Marcus Cohn. On est en 1935. Il devient également moniteur sportif national des EI et s'occupe d'un patronage dans le cadre des œuvres de la baronne Édouard de Rothschild. Toute sa vie, fidèle à son engagement sioniste, il est un pur produit du mouvement de jeunesse juive sioniste, la "Hatikva", où il avait rencontré Andrée Salomon.
Il fait vraiment connaissance de l'OSE, en novembre 1941 (7), au moment de la dispersion des enfants de la Guette, cette collectivité d'enfants juifs étrangers. Rentré de captivité, il a trouvé une activité sur mesure en devenant "chef Compagnon de France" pour la région de l'Auvergne. Ce mouvement de jeunesse pétainiste cherche des animateurs sportifs et l'engage pour aller dans les écoles vanter les vertus du sport, porteur d'une carte tricolore, qui lui sert de couverture dans ses déplacements, car très vite, il rejoint la résistance dans le réseau Bourgogne.
Joseph Weill qui venait d'être nommé médecin-chef de l'OSE, lui demande de trouver des solutions à la détresse des enfants des maisons, ces enfants ballottés, sans nouvelles de leurs parents, pour certains déjà depuis de nombreuses années, ces enfants qui riaient le jour, mais qui pleuraient la nuit. Comme responsable du sport, il organise des rencontres inter-maisons ainsi qu'un cours de formation de moniteurs à Montintin au printemps 1942. Il leur apprend la danse, le chant, les sports, bref comment communiquer un peu de bonheur et animer la vie. Avec l'ORT, qui avait installé des ateliers de travaux manuels, en particulier de maroquinerie, il organise et planifie le temps libre des enfants.
Reconnu et accepté par les habitants du village, il vit avec sa petite famille à VieilleVille, près de Guéret où naît son deuxième fils.
Lorsque l'OSE décide la fermeture des maisons et la dispersion des enfants par le réseau Garel, Georges Loinger est contacté pour organiser la filière de passage vers la Suisse à partir d'Annemasse. Un travail d'une aussi grande ampleur, n'aurait pu aboutir sans la bienveillance et la complicité des autorités locales. Le maire d'Annemasse, Jean Deffaugt, fournit les adresse de passeurs sûrs, le centre de Secours national, dirigé par Monsieur Balthazar, héberge les enfants la nuit et les cheminots ont installé au terminus de la gare une sortie spéciale intitulée "colonie de vacances" qui permet d'échapper tout à fait légalement au contrôle.
Georges Loinger raconte :
Ce stratagème ne peut-être utilisé indéfiniment, d'autant que les groupes arrivent de plus en plus nombreux. Très vite, Georges Loinger organise une filière plus classique, en confiant les enfants à un passeur qui les prend en charge, par groupe de dix ou quinze, moyennant une somme forfaitaire. Les passeurs sont irremplaçables. Souvent contrebandiers, ils connaissent les rondes et les horaires de passage des patrouilles allemandes. A cinquante ans d'intervalle, Georges Loinger dit Léo, en souvenir de son ami Léo Cohn, revit la situation, le désarroi des petits qui s'accrochent à lui, terrorisés de le quitter dans la nuit, sa propre angoisse en attendant le retour du passeur pour le payer. Il ne connaît aucun échec, malgré les dangers d'une frontière qui devient beaucoup plus hermétique, à partir de la capitulation de l'Italie, en septembre 1943.
Mais surtout sa mémoire est submergée par le souvenir du seul épisode qui manque de tourner à la catastrophe, le passage de sa propre famille au début 1944. Malgré l'opposition du passeur, il insiste pour faire le parcours avec lui. Il se souvient de la débandade devant la patrouille allemande imprévue, du gros berger allemand, censé les empêcher de bouger, de sa fuite éperdue vers Annemasse dans la nuit avec sa femme et ses deux fils de cinq et deux ans. Il atterrissent par hasard dans la maison d'un cheminot retraité, situé en fait à 10 mètres du grillage de la frontière. Le passage de sa petite famille s'effectua donc le lendemain en plein jour, sans autre problème, puisque la police suisse ne refoulait pas les femmes avec des enfants en bas âge.
Que se passait-il de l'autre côté de la frontière ?
Par l'intermédiaire de Marc Jarblum et Joseph Weill les organisations juives obtiennent de Berne, que les enfants de moins de seize ans ne soient pas refoulés. Les convois peuvent donc s'organiser, surtout à partir de l'année 1943. Après un interrogatoire, souvent peu amène et un séjour obligatoire dans un camp qui n'a "d'accueil" que le nom, les enfants sont pris en charge par des organisations ou des familles.
Combien d'enfants sont-ils passés illégalement ? Le chiffrage est difficile d'autant que chaque œuvre juive a ses propres passeurs. Mais dérogeant à la loi du cloisonnement, les réseaux sionistes, l'OSE et les EI travaillent en commun pour la formation et le parcours des convois à la frontière, chaque œuvre amenant les enfants par ses propres moyens. Cette collaboration a pour nom, Emmanuel Racine et Georges Loinger, mais également Marianne Cohn et Mila Racine, deux jeunes convoyeuses de la mouvance sioniste, l'une sauvagement tuée par la milice, l'autre morte à Ravensbruck. Le circuit clandestin des EI, appelé communément "la sixième" effectuait le même travail que l'OSE auprès des enfants qu'il fallait disperser et de courageuse jeunes filles, telle Liliane Klein-Lieber se sont dévouées corps et âme, tout simplement parce qu'il fallait le faire. On évalue à plus de 1500 les enfants évacués par cette filière toutes œuvres confondues.
Il existe une autre filière, plus dangereuse et plus longue, qui est celle de l'Espagne. Elle est beaucoup plus dangereuse car il faut traverser les Pyrénées et plus longue car elle doit aboutir en Palestine. Elle est utilisée prioritairement par la mouvance sioniste et concerne peu d'enfants ; c'est encore Andrée Salomon, qui fait le lien entre l'OSE et les sionistes de l'armée juive. On estime à une centaine le nombre d'enfants évacués par cette filière grâce au courage de certains qui y laissèrent leur vie. Léo Cohn, le chef des EI venu de Strasbourg lui aussi, fut de ceux-là. Arrêté, il est déporté à l'âge de 29 ans. Au bilan: 36 collaborateurs de l'OSE (sans compter ceux des EI) furent déportés et fusillés.
Puis vient le temps de la Libération. Il fallait faire le chemin inverse, récupérer les enfants. Ce temps de la Libération fut celui de tous les possibles, adultes et enfants sont portés par le même enthousiasme et la même envie de revivre. Ce temps fut court, mais il fut aussi de celui de toutes les audaces. C'est ainsi que deux jeunes filles de l'OSE, qui n'ont pas 22 ans décident d'ouvrir une maison à Oullins près de Lyon, pour une trentaine d'anciens enfants cachés, dont elles avaient la surveillance, à la grande fureur de la direction, qui les traite d'irresponsables.
Il s'agit de Margot Kahn et de son amie, celle de tous les bons et mauvais coups, Gaby Wolf. Originaires du même village alsacien, rien ne les prédisposait au travail social, sinon la guerre et les circonstances. Margot est recrutée par Andrée Salomon pour faire du secrétariat à l'Aide sociale aux Juifs réfugiés d'Alsace qui se trouvaient à Périgueux. En juillet 1942, elle s'occupe d'une colonie de vacances à Ussace, près de Brive, lorsque survient la rafle du mois d'août. La colonie est transformée en maison d'enfants dans l'improvisation la plus totale. La colonie survie tant bien que mal grâce à l'habilité d'Armand Rein qui s'improvise économe. La trentaine d'enfants sont ensuite dispersés en Haute-Savoie.
La maison d'Ussace fermée, Andrée Salomon, lui demande d'aller travailler au bureau de l'OSE à Lyon, que dirigeait Madeleine Dreyfus, psychologue adlérienne, elle aussi alsacienne. Elle entre dans le circuit Garel, en juillet 1943 et parcourt le secteur de l'Ain à bicyclette pour cacher et visiter les enfants. Elle se souvient très précisément de la libération de la ville :
N'ayant pas le coeur de les renvoyer, elle cherche une maison, dont elle paye le premier loyer. Cette maison est remplacée très vite par celle des Samuel, qui installent l'Hirondelle quelques mètres plus loin. En 1945, l'OSE avait ouvert vingt-cinq maisons.
Et Niny ? Gaby Wolf, future Gaby Cohen. Elle passe son bac philo à Limoges en 1941, où s'étaient repliés bon nombre de Juifs alsaciens. Elle le passe en même temps que Marcel Mangel, le mime Marceau, dont le père à la stature imposante et à la voix de ténor tenait la boucherie cachère de Limoges tout en chantant des airs d'opéra. Elle se souvient de "l'enfant prodige" qui était capable d'interpréter quinze personnages différents en déclamant la même phrase, qui remonte à sa mémoire soixante ans après : "As-tu vu le chapeau vert de ma belle-mère, tout en haut du grand peuplier vert."
Niny est aussi la cousine de Pierrot Kaufmann et rêve de marcher dans les traces de ses aînées. Impatiente d'agir, elle rejoint les "éclaireuses aînées" où elle retrouve bon nombre de ces jeunes filles qui deviendront peu de temps après, convoyeuses d'enfants, monitrices, sillonnant les routes à vélo pour porter de l'argent, des fausses cartes ou d'autres papiers. Elles sont à peine plus âgées que les enfants qu'on leur confie.
Niny connaît l'existence des maisons d'enfants de l'OSE, mais Andrée Salomon, qu'elle rencontre sur un quai de gare, lui conseille d'acquérir une formation avant de s'engager. Elle passe donc le diplôme de jardinière d'enfants, à l'école Montessori de Mademoiselle Brandt, école de Strasbourg évacuée à Vichy, réputée pour la qualité de son enseignement. Et c'est ainsi que la jeune Niny fait ses premières armes avec tous les enfants du personnel politique vichyssois : le petit-fils de Madame Pétain, les enfants du Docteur Menestrier (médecin personnel du Maréchal) et le fils d'Amédée du Paty de Clam (dernier Commissaire aux questions juives). Étrange époque !!
Sa rencontre avec Bô Cohn de l'OSE, par hasard, à la boucherie cachère de Vichy, où il venait chercher du ravitaillement pour la maison de Brou Vernet, lui permet de sauter le pas. Elle est engagée fin 42 et peut mettre en pratique les enseignements de Melle Brandt sur la richesse de chaque petit enfant, sur l'importance de la rigueur en éducation, mais surtout sur le fait que celle-ci, n'est rien sans amour et don de soi : ce que Niny a toujours appliqué, avec modestie partout où elle est passée.
A Brou Vernet, l'une des premières maisons ouvertes dès 1939, à la suite de l'évacuation des enfants de Paris, elle retrouve l'atmosphère religieuse du mouvement Yeshouroun qu'elle connaissait. Elle y retrouve des gens de qualité dont les Dybnis, un couple d'éducateurs polonais efficace, Paula, la soeur de Bô Cohn, qui ne dormait jamais la nuit pour veiller sur les enfants et Joseph Cogan, l'économe de la maison, que la police française vient arrêter avec deux de ses jeunes enfants, alors que sa femme mettait au monde un fils.
Niny ne peut participer au circuit Garel, à cause de son physique typé, elle est classée "spé", il faut comprendre "spécifique", mais circule entre Lyon et Limoges où elle convoie des enfants sous les ordres de Germaine Masour, la dame en noir avec son manchon.
Elle fréquente assidûment le petit appartement de Margot Kahn, une adresse connue pour les jeunes filles engagées dans le sauvetage. On y faisait des séances de repassage d'un genre un peu particulier, concernant les cartes d'identité passées au lavage. Elle y retrouve Renée Berheim, Jacqueline Dreyfus et bien d'autres.
A la Libération, elle rejoint son amie Margot, pour ouvrir la première maison d'enfants, celle d'Oulins, près de La Mulâtière. Les ponts étant coupés, elle doit traverser le Rhône en bateau. Puis, elle va aider les Samuel à l'Hirondelle, lorsque la direction de l'OSE la réquisitionne pour accueillir les "enfants de Buchenwald". N'avait-elle pas un diplôme de jardinière d'enfants ? En fait d'enfants, ce sont plus de 400 grands gaillards, ne parlant pratiquement que le yiddish, qui arrivent à Ecouis, en juin 1945, sous l'œil effaré d'une équipe disparate d'éducateurs. Quelques semaines plus tard, elle part avec un groupe de quatre-vingts d'entre eux, les plus religieux dont Elie Wiesel, ainsi que les plus jeunes au château d'Ambloy, puis de Vaucelles à Taverny (9). 71% d'entre eux ont entre seize et dix-huit ans. Ils restent à Taverny d'octobre 1945 à la fin de 1947, avec pour tout encadrement deux toutes jeunes monitrices, Judith Hemmendinger qui travaillait à Genève pour l'OSE et Niny qui deviennent codirectrices de fait.
Laissons parler Elie Wiesel :
La vie de groupe dans un cadre ouvert, sans autorité excessive, a permis de stabiliser affectivement ces adolescents et de les réadapter progressivement à la réalité. En effet, la vie dans cette maison a été ressentie comme une entité sécurisante où des relations quasi-fraternelles ont pu se tisser et assurer le transfert de tous les affects. La qualité de l'encadrement, l'attitude tolérante et permissive des deux éducatrices, qui ont fait l'effort d'apprendre le yiddish à partir de l'allemand qu'elles maîtrisaient couramment et d'appeler les adolescents par leurs prénoms, expliquent aussi la réussite de Taverny. Ces adolescents avaient la possibilité d'être ce qu'ils étaient. Enfin la vie religieuse a fait le reste, en particulier le contact avec les jeunes du mouvement religieux "Yeshouroun" venus organiser un camp d'été.
Niny continue sa tâche, comme directrice de la maison de Versailles, jusqu'à son départ pour les États-Unis, pour un autre type de travail social. Elle s'occupe des enfants Finaly, retrouvés après leur longue et malheureuse aventure et les accompagne en Israël.
A la libération, la direction centrale de l'OSE remonte à Paris où était demeuré le docteur Eugène Minkowsky, qui représentait l'OSE Nord. Installée dans un hôtel particulier de la rue Spontini elle reflète la dualité de ses dirigeants : Russes non pratiquants et Strasbourgeois religieux, laïcs et traditionalistes, enfin communistes et non-communistes. Les deux courants fondateurs, la vieille garde russo-polonaise de tendance bundiste et libérale et "l'équipe de Strasbourg" perdurent à la Libération, comme les deux têtes d'un seul corps, cimentées par l'expérience de la guerre et des risques pris pour sauver les enfants, sans rivalité particulière, mais avec la conscience d'apporter chacun son expérience et sa conception du judaïsme. Les Strasbourgeois ont beaucoup appris des Russes plus entraînés au travail social, mais à l'inverse ils apportent un judaïsme plus rigoriste et un sens de l'organisation plus méticuleux (ils arrivent à l'heure, eux !).
Deux personnalités de tout premier plan se partagent le secteur pédagogique. Bô Cohn, le "curé" du groupe pendant l'Occupation, à la silhouette dégingandée dans son grand manteau noir (11) notant tout sur ses calepins, des yeux bleus clairs cachés par de grosses lunettes, en est le responsable. Ernest Jablonsky le militant progressiste, selon l'expression de l'époque, l'adepte convaincu de la pédagogie nouvelle, qu'il avait expérimentée au château de la Guette avant la guerre est l'homme de terrain. Tout aurait dû les séparer, leurs origines, leurs formations. Mais ils se retrouvent dans une même œuvre, celle de porter secours à l'enfance juive meurtrie, avec la même foi, la même abnégation et surtout le même idéal. L'un comme l'autre a sa place à l'OSE.
Jacques Cohn dit Bô, est sans doute le chef de file de la tendance strasbourgeoise religieuse d'après-guerre. Issu d'une famille allemande de Strasbourg, il entreprend de brillantes études de philosophie, lorsque la guerre éclate. Démobilisé en 1940, il est frappé par le numerus clausus, alors qu'il voulait préparer une thèse à l'université de Clermont-Ferrand où était repliée celle de Strasbourg. Il décide alors de se consacrer à la vie juive par l'intermédiaire du mouvement de jeunesse religieux Yeshouroun et, pour gagner sa vie, de donner des cours d'instruction religieuse à la communauté israélite de Vichy. En août/septembre 1941, il dirige une colonie de vacances dans l'annexe du château de Montintin, puis est appelé à Limoges pour s'occuper du service d'assistance aux enfants, organisé par l'Aide sociale israélite aux populations repliées d'Alsace (12). C'est là qu'il rencontre Margot, sa future femme.
Parallèlement, il est chargé par le rabbin Deutsch de diriger l'instruction religieuse du département de la Haute-Vienne. Il lui vient alors l'idée d'organiser des cours par correspondance, tapés sur des machines à écrire installées dans un internat de Limoges et qui sont expédiés dans toutes les maisons d'enfants. Cette activité le rend suspect aux yeux du Commissariat aux questions juives de Limoges qui, après enquête, l'assigne à résidence à Bussière-Poitevine en novembre 1942. Le Commissariat dirigé par Antignac, possédait un gros dossier sur lui, établi à partir d'écoutes téléphoniques et d'ouverture du courrier : on s'inquiète "des termes mystérieux relatifs à certaines activités israélites non définies !"
C'est le moment où la direction centrale de l'OSE lui demande d'installer la colonie d'Ussace de manière permanente. L'intervention de Joseph Weill est nécessaire pour le libérer.
Tel est en raccourci Jacques Cohn, d'apparence peu expansive mais d'une extrême sensibilité. Il savait écouter les enfants, en particulier les adolescents. Le sort de chaque enfant lui tenait à cœur et ne lui laissait pas une minute de répit. Il organise la pédagogie dans les maisons d'enfants de l'après-guerre.
La perte de leurs parents a laissé les enfants de la Shoah, sans famille. Les collectivités créées pour eux, leur ont permis de se construire ou de se reconstruire. Leur socialisation, à quelques exceptions près, a été possible grâce à la mobilisation de toute l'équipe, qui a réussi à développer un sentiment sécurisant, une ouverture vers le monde extérieur et surtout des valeurs dont ils n'ont pas eu à rougir.
Certaines maisons ont tenté pragmatiquement de recréer une ambiance familiale dans de petites structures dirigées par un couple très présent, qui partageait la vie des enfants, mangeait avec eux, vivait pour ainsi dire en symbiose avec la collectivité par choix et non par nécessité comme "L'Hirondelle", maison de l'OSE gérée par les Samuel qui surent allier tendresse et efficacité .
Pour comprendre, ce que recouvre le mot vocation, bien que tardive, il suffit d'évoquer Nathan et Hélène Samuel. De ce couple de Juifs alsaciens, pieux mais non rigides, émane un rayonnement et une bonté qui incontestablement ont servi de ciment, de socle, à des enfants déboussolés.
Ils ne s'engagent pas dans la Résistance et rien ne les prédisposait au travail social. Ils n'y viennent réellement qu'après la guerre, quand Bô Cohn leur demande en 1945, d'ouvrir la première maison dans la région lyonnaise. "D'accord, mais bénévolement, pour un an" répond Nathan. Ils y consacrent leur vie. Nathan est le frère de Julien Samuel, l'un des dirigeants de l'OSE et l'ami d'enfance de Bô Cohn. Hélène est la sœur d'André
Neher. Ils passent la guerre en Corrèze, puis en décembre 1944, l'OSE charge Nathan de chercher une maison à la Mulatière (Rhône). Ainsi naquit l'Hirondelle au nom symbolique, car Dror en hébreu veut dire à la fois hirondelle et liberté, elle réunit jusqu'à 105 enfants de six à dix-huit ans.
Quel est le secret des Samuel ? Un certain nombre de règles, celles d'une maison "de stricte observance", mais aucune rigidité, ni de mainmise idéologique, un judaïsme ouvert et tolérant, une maison vivante pour les enfants. Il faut bousculer certains préjugés : refuser gentiment mais fermement que les enfants reçoivent des paires de chaussettes et des mouchoirs, comme cadeaux de fin d'année, comme c'était la coutume dans les orphelinats.
L'exemple qui suit montre combien, ils avaient réussi à créer un point d'ancrage les anniversaires de chacun étaient fêtés dans la maison et chacun déposait, ce qu'il voulait sur la table, mais Hélène Samuel ne manquait jamais d'évoquer le souvenir de leurs parents.
Les Samuel retournent ensuite en Alsace, à Haguenau. La maison s'installe aux "Cigognes" à Haguenau, un ancien orphelinat juif géré par une association locale, mais l'OSE en assure le fonctionnement pédagogique et matériel. En 1953 le Fonds social juif unifié, les appelle pour s'occuper du foyer d'étudiants "Guy Patin" à Paris. Ils le quittent en 1973 pour émigrer à Jérusalem.
En conclusion, j'aimerais vous lire un extrait de ce que Gaby Cohen a écrit, en hommage à Andrée Salomon :
A quelques mots près, n'est-ce-pas ce que nous ressentons à l'égard de toutes ces figures, que je viens d'évoquer ??
Katy Hazan, agrégée d'histoire, docteur de l'Université de Paris 1-Sorbonne,
auteur de l'ouvrage, Les orphelins de la Shoah, les maisons de l'espoir 1944-1960
Paris, Ed. Les Belles Lettres, 2000
Merci à Madame COHN, à Madame SAMUEL et à Madame Katy Hazan de nous avoir fourni certains documents photographiques qui illustrent cet article